Sixième obstacle qui vous empêche de progresser : « Je n’ai pas de talent »

de | 5 novembre 2018

Dans cette vidéo, je vous explique comment tous vos réflexes qui vous permettent, soi-disant de progresser, vous donnent exactement le résultat inverse. Ici, nous verrons pourquoi vous avez été conçu pour échouer avant même de commencer à jouer. A la fin, comme d’habitude, je vous propose une méthode double, bien plus performante pour progresser et qui viendra détruire ces automatismes que vous avez assimilés et que vous devez maintenant détruire.

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Jeu vidéo : Overwatch. Présentation du sixième obstacle. Cliquez sur l’image pour voir la vidéo.

Retranscription de la vidéo, Obstacle 6 : la culpabilité et la honte

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo du blog centres-dinteret-jeux-video.com. Je suis Joseph Nguyen, auteur de ce blog et coach sur Overwatch.

Cette vidéo est la sixième vidéo d’une série de 7 vidéos qui décriront 7 obstacles qui vous empêchent aujourd’hui de progresser dans le classement.

Dans cette vidéo, nous verrons ensemble le sixième obstacle qui empêche les joueurs de progresser dans les jeux vidéo compétitifs en équipe comme Overwatch, League of Legends et bien d’autres.

L’obstacle que j’aimerais vous décrire dans cette vidéo, va expliquer la situation paradoxale que vous constatez, à chaque fois que vous lancez une partie. Quand vous lancez une partie classée, vous avez tous ces joueurs autour de vous qui sont là pour la même chose : jouer du mieux qu’ils peuvent pour peut-être décrocher la victoire.
Sauf que, dès le début de la partie, vous remarquez quelque chose qui vous saute aux yeux à chaque fois et qui ne vous surprend même plus aujourd’hui : les joueurs qui sont autour de vous sont extrêmement frustrés. A la moindre contrariété, ils n’hésitent pas à essayer de trouver un coupable qui expliquerait leur manque de résultats. Peut-être que vous êtes vous-même dans cette frustration, et peut-être que vous êtes vous-même en train de pointer du doigt vos équipiers.
Toutefois, j’espère qu’avec le premier obstacle que je vous ai présenté : la malédiction du savoir, vous avez arrêté de vous concentrer sur vos équipiers et que vous vous concentrez maintenant sur vous-même.

Dans cette vidéo, je vais vous faire comprendre quelque chose d’extrêmement contre-intuitif. Nous allons voir que tous vos réflexes, que tout ce que vous vous dites à vous-même quand ça devient dur, que votre façon même de vous motiver, tous ces éléments sont responsables de votre manque de progression. Et si je vous disais, que tous les efforts que vous faites donnent exactement le résultat opposé que vous souhaitez obtenir ? Ça vous surprendrait vraiment ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, laissez-moi vous poser deux questions :

  • Pensez-vous, que vous n’arrivez pas à monter dans le classement parce que vous ne faites pas assez d’efforts ?
  • Deuxième question : pensez-vous, que vous manquez de motivation et que c’est pour cette raison que vous n’arrivez pas à monter dans le classement ?

Ces deux questions sont extrêmement intéressantes pour moi, laissez-moi vous expliquer pourquoi. Elles me permettent de déterminer clairement si le joueur que j’ai en face de moi est pris dans un cercle vicieux qui l’empêche tout simplement de progresser, mais qui l’empêche aussi de se rendre compte que sa méthode de progression ne marche pas.

Si vous avez répondu honnêtement à ces deux questions, il y a de grandes chances que vous ayez répondu « oui » à ces deux questions. Si c’est bien le cas, alors vous faites partie des joueurs qui stagnent dans le classement et qui vont continuer de stagner jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de leurs erreurs.

Ici, j’aimerais aborder un obstacle immense. Cet obstacle, nous l’avons créé de nos propres mains depuis notre enfance. Cet obstacle est présent dans toutes les facettes de notre vie, et il nous pourrit littéralement la vie. Cet obstacle est maintenant devenu un réflexe à chaque fois que nous connaîtrons un échec, une défaite. Ce réflexe, c’est de se sentir coupable, c’est d’avoir honte quand on n’obtient pas le résultat que l’on attendait.

Cette notion de honte et de culpabilité nous a été inculquée pendant notre enfance. On ne peut pas vraiment en vouloir à nos parents, car chez l’enfant, le cerveau n’est pas encore complètement développé et les enfants ne peuvent tout simplement pas se retenir, maîtriser leurs pulsions d’eux-mêmes.
Ils ont alors besoin de la carotte et du bâton, surtout le bâton pour se fixer des limites. Mais quand ces enfants approcheront de l’adolescence, cette mécanique du bâton ne fonctionnera plus du tout. C’est notamment pour cette raison que l’on dit que les adolescents sont si difficiles. Mais en réalité, ce sont les parents qui s’obstinent à utiliser des méthodes qui ne fonctionnent plus du tout sur leurs adolescents. A cet âge on veut comprendre pourquoi, pourquoi est-ce que l’on doit faire X et pas Y. Pourquoi est-ce que l’on n’a pas le droit de faire telle chose et qu’on a le droit d’en faire une autre ? On parle souvent d’adolescents qui brisent les règles, mais en réalité, ils ne font que chercher le pourquoi de ces règles. Et quand les parents donnent une réponse du type : « parce que c’est comme ça », l’adolescent n’accorde plus aucune valeur à la limite qui lui a été fixée.

Il ne faut pas non plus en vouloir aux parents, car malheureusement pour eux, comme pour leurs enfants, ils ne connaissent souvent pas d’autres méthodes que la honte et la culpabilité pour se motiver eux-mêmes.

Alors quand vous allez être au fond du trou parce que vous n’arrivez pas à progresser, parce que vous stagnez dans le classement, vous allez tout de suite utiliser ces mécanismes de honte et de culpabilité pour vous « remotiver ». Vous allez littéralement vous forcer à jouer.

Et si je vous disais, que d’être dur avec vous-même, que de vous autoflageller, que de vous donner des coups de pied au cul, étaient les pires approches pour vous motiver et obtenir des résultats, est-ce que vous me croiriez ? Pour vous, je ne sais pas. Mais pour près de 95 % des joueurs que j’ai coachés, leur première réponse instinctive c’était de me dire que c’était impossible. Les premières réponses typiques que je reçois, dès que je leur dis ça, sont du genre :

  • Ah, moi si on ne me donne pas de coups de pied au cul, je ne fais rien du tout
  • Moi, si je ne me pousse pas, je reste sur le canapé et je ne fais rien.

Et bien sûr, il y a plein d’autres phrases qui ont le même sens, la même idée et qui se différencient seulement sur la forme.

Ce que ces joueurs disent là, est très vrai, et vous vous dites sûrement la même chose. Mais je vais juste rajouter un détail : ce que vous dites là est vrai, uniquement pour les choses que vous ne voulez pas faire, uniquement pour les choses dont vous vous foutez totalement.

Parce que vous n’avez pas fait attention à ce petit détail, vous allez associer tout ce qui est pénible avec quelque chose que vous ne voulez pas faire. À l’inverse, vous allez associer les choses qui sont agréables avec des choses que vous voulez faire. En clair, vous vous traiterez comme un gamin.
Au moindre effort qui vous sera demandé, parce que vous l’avez associé avec l’idée que c’est donc quelque chose que vous ne voulez pas faire, votre motivation va chuter drastiquement.
Laissez-moi vous dire que ce raisonnement, que cette association, est totalement fausse et elle est beaucoup trop simpliste pour refléter la réalité. Avec cette façon de penser, aucune chance pour vous de progresser, de vous dépasser, de réaliser ce qui compte réellement pour vous.

Concernant les joueurs de jeux vidéo compétitifs en ligne, cette association sabordera toutes vos chances de progresser au-delà de votre limite « naturelle ». En effet, les jeux vidéo sont avant tout un passe-temps pour la grande majorité des gens. C’est même à travers cette facette que vous avez découvert les jeux vidéo, la notion de difficulté n’est venue qu’ensuite. Parce que le jeu est fun, vous acceptez cette dose de difficulté qui est variable. Le fait de relever ces challenges que vous impose le jeu, va vous donner encore plus de satisfaction, encore plus de plaisir. Vous allez donc faire l’association que les jeux vidéo sont quelque chose que vous voulez faire et que les jeux vidéo ne sont que du plaisir.

Mais que se passe-t-il, quand le jeu devient trop difficile ? À partir de ce moment, le plaisir diminue de plus en plus pour laisser place à de la frustration. Si cette situation dure assez longtemps, la frustration sera telle que vous arrêterez tout simplement de jouer à ce jeu. Alors, le premier comportement que l’on constate chez les joueurs de jeux vidéo qui en ont fait une passion, c’est qu’ils ont tendance à changer très souvent de jeux afin de maintenir ce niveau de plaisir. Dès qu’un jeu vous lassera, ou qu’il sera trop difficile, vous passerez au suivant.

Et si vous jouez maintenant à un jeu vidéo compétitif en ligne, est-ce qu’il est aussi simple de passer à autre chose ? Vous le savez autant que moi je pense, c’est très difficile. Tout simplement parce que les jeux vidéo compétitifs en ligne n’utilisent pas du tout les mêmes mécaniques pour créer ce fun d’une part, mais aussi pour nous faire revenir et nous redonner l’envie de jouer.

Les jeux en solo ont par conception un début et une fin. Pour que ces jeux nous procurent du plaisir, il faut que le gameplay soit diversifié, il faut que l’histoire soit intéressante, il ne faut pas que le jeu soit trop répétitif et surtout, il faut que n’importe qui puisse finir, puisse gagner.

Les jeux vidéo compétitifs en ligne ne partagent presque aucun point commun avec un jeu vidéo solo à succès. Ces jeux vidéo compétitifs en ligne sont extrêmement répétitifs, ils n’ont pas de début et pas de fin, il n’y a souvent même pas d’histoire, seulement un contexte, un lore. Et surtout, il y a un classement. Ce côté répétitif finira par lasser les joueurs qui ne cherchent que du plaisir. Le côté compétitif finira lui, par dégouter les joueurs qui sont restés mais qui finiront par partir à cause de la frustration et parce que le jeu ne leur procure plus assez de plaisir, voire plus du tout. Il reste alors un type de joueur très précis : celui qui aime la compétition, qui en tire du plaisir, mais qui ne sait pas pour autant comment s’épanouir dans le monde compétitif.

Vous vous retrouvez alors bloqué sur un jeu vidéo compétitif qui génère énormément de frustration. Cette frustration, on va le voir ensemble, va vous empêcher de progresser, de vous remettre en question. Votre premier réflexe sera alors de jouer pour gagner. Comme on l’a vu précédemment, c’est l’un des obstacles qui vous empêchera de progresser, car vous n’aurez plus aucune capacité d’analyse et il n’y aura que le résultat qui compte.

Ce qui fera que vous ne vous arrêterez pas de jouer, c’est que malgré toute cette frustration, ce jeu vidéo compétitif en ligne vous apporte du plaisir. Encore mieux que ça, il vous permet de vous épanouir. Malheureusement pour vous, parce que vous n’arrivez pas à croître dans cet environnement, vous êtes condamné à faire du surplace, et vous répéterez inlassablement ce cycle infernal entre frustrations et plaisirs éphémères.

On va faire un petit bilan ici, parce qu’il y a eu quand même beaucoup d’informations. L’obstacle qui est face à nous aujourd’hui, c’est le sentiment de honte et de culpabilité. Ces sentiments ne viennent pas de nulle part, nous les avons appris depuis l’enfance et ils sont les motivateurs chez les enfants, mais aussi les limites. A partir de l’adolescence, la honte et la culpabilité ne suffisent plus pour nous motiver. Et pourtant, nous faisons comme si ça marchait encore. Le résultat on le connaît, on fait ce qu’on a envie de faire et toutes les punitions du monde ne suffiront pas. Encore une fois, la carotte et le bâton, ça marche avec les enfants ou les animaux. La conséquence de cette éducation qui repose uniquement sur la carotte et le bâton, c’est que les gens ne verront même plus le sens de ce qu’ils font. Les gens feront le raccourci dans leur tête que tout ce que l’on veut faire est nécessairement agréable, et qu’au contraire, tout ce qui est désagréable, tout ce qui nous demandera des efforts, sont les choses que nous ne voulons pas faire. Ce raccourci est évidemment faux et c’est exactement ce raccourci qui vous empêchera de progresser dans le classement à partir d’un certain point.

Les jeux vidéo sont d’abord connus pour le plaisir qu’ils apportent. On entend très souvent l’expression, « ne t’énerve pas, c’est qu’un jeu ». Sauf qu’un jeu compétitif en ligne, n’a absolument rien à voir avec un jeu comme on l’entend. Dans un jeu classique, solo, vous vous attendez à du fun, à être émerveillé, à découvrir de nouveaux mondes, à ne jamais vous lasser avant d’avoir fini le jeu. Dans un jeu vidéo compétitif en ligne, rien de tout ça. Le plaisir pur vient uniquement de la découverte, mais c’est ensuite les performances qui vont vous apporter du plaisir. En clair, la grande majorité des joueurs de jeux vidéo seront dégoutés par le côté compétitif des jeux esports, parce qu’ils voulaient juste s’amuser sans se prendre la tête, comme dans un jeu en solo. Certains joueurs, et c’est ceux qui resteront à la fin, se plaisent dans cet environnement compétitif et ils vont continuer de jouer quoi qu’il arrive.

Mais ils n’ont pas bien réalisé où ils étaient, alors ils vont chercher à faire de la performance sur un jeu vidéo compétitif en ligne, comme s’ils jouaient à un jeu solo. Sur un jeu solo, pour être plus performant, il suffit d’aligner les heures. Les jeux solos sont suffisamment assez simples pour qu’ils soient finis par n’importe quel joueur, alors le simple fait d’y jouer longtemps suffit généralement à relever les défis.

Sur un jeu compétitif en ligne, pour faire de la performance, il faudra faire des efforts. Mais, d’après ce que les joueurs me disent, ils sont incapables de faire quoi que ce soit, s’ils ne se donnent pas des coups de pied au cul. Cette déclaration est vraie pour les choses dont vous vous fichez totalement, mais pas pour ce que vous avez vraiment envie de faire.

Mais parce que vous avez associé dans votre tête que si vous faites quelque chose qui demande des efforts, c’est que vous n’en avez pas envie. Votre motivation va chuter d’elle-même. Au moindre signe d’efforts, vous en aurez déjà marre. Votre premier réflexe et c’est le bon, sera de vous remotiver pour continuer l’aventure. Vous allez alors utiliser les méthodes de motivation qui sont typiquement utilisées dans les cas où vous n’avez absolument pas envie de faire l’activité en question. Je ne peux pas vraiment vous en vouloir, c’est la seule méthode que vous connaissez et que vos parents connaissent. Ces méthodes consistent à jouer sur la honte et la culpabilité pour vous donner des coups de pied au cul et faire l’activité en question.

 Sauf que voilà, ça ne suffira pas pour progresser dans un environnement compétitif. Alors la honte et la culpabilité que vous avez fait miroiter devant vous pour vous pousser à agir, vous allez vous les prendre en plein dans la gueule. Et ça n’aura qu’un seul effet : vous démoraliser complètement. Si la situation dure plus longtemps, vous commencerez carrément à ne plus avoir de plaisir quand vous jouerez. Ce qui va se passer très concrètement, c’est que vous aurez toujours envie d’y jouer. Car l’effort n’a rien à voir avec le fait de vouloir faire quelque chose ou non.

Mais c’est pourtant cette idée stupide que vous vous êtes mise dans la tête à cause de votre éducation. Je le répète, la croyance que l’on fait uniquement ce qui nous donne du plaisir et que par extension tout ce qui nous demande des efforts correspond à des activités que l’on n’aime pas faire, est fausse ! La preuve, certains joueurs sont frustrés de ne pas progresser sur des jeux vidéo compétitifs. Tous les jours, ils fournissent des efforts pour se dépasser et tous les jours ils ont quand même envie d’y jouer.

 A cause de cette erreur de croyance, beaucoup de joueurs pensent qu’il faut qu’ils soient durs avec eux-mêmes s’ils veulent se motiver, s’ils veulent progresser et s’ils veulent avoir du résultat. C’est complètement faux et j’irai même plus loin, en appliquant cette méthode, vous aurez exactement l’inverse : moins de motivation, aucune progression et aucun résultat. Cette vidéo est là pour vous prouver que cette conviction que vous avez, qu’il faut vous pousser, être dur avec vous-même, pour réussir, ne vous apportera absolument aucun résultat. Ne me croyez pas sur parole, parce qu’à la fin de la vidéo, je vous donnerai la méthode pour vivre concrètement ce que je suis en train de vous expliquer. Alors, l’explication classique du type : « ah moi, si je ne me force pas, je ne fais rien et je reste sur mon canapé » pour expliquer votre manque de performance, ne tient tout simplement pas la route.

Dans quelques instants je vais vous montrer pourquoi selon moi, de nombreux joueurs sont en danger de burn-out et je vous permettrai même de savoir où vous en êtes. Mais avant, je dois vous expliquer ce qui se passe pendant cette phase où vous essayez de décoller dans le classement, sans avoir pris pleinement conscience que vous ne jouez pas à un jeu solo, mais que pourtant vous essayez de progresser dans ce jeu vidéo compétitif en ligne comme si c’était un jeu solo.

Parce que vous recherchez du plaisir pur dans un contexte compétitif, vous allez générer énormément de frustration. Il vous arrivera de dire des choses comme « cette fois, ça suffit, j’en ai marre, j’arrête ce jeu », mais quelques jours plus tard, vous direz « cette pause m’a fait du bien, je veux y retourner, je veux continuer parce que j’aime ça ». Cette phase où vous soufflez le chaud et le froid peut durer pendant des semaines, des mois, des années.

Malheureusement pour vous, cette phase de répétition est très dangereuse pour vous, pour votre santé aussi bien physique que mentale. Cette frustration, va commencer à empiéter sur votre vie personnelle et votre vie professionnelle.

En effet, notre cerveau apprend très vite et il est particulièrement efficace pour détecter ce qui nous plaît, et ce qui ne nous plaît pas. Le cerveau déteste sept fois plus ressentir une sensation négative qu’il n’aime ressentir une sensation positive. En clair, si jamais vous apprenez une mauvaise nouvelle, il vous faudra 7 bonnes nouvelles pour compenser les effets de la mauvaise nouvelle. Vous imaginez bien, qu’avec un ratio de ce genre, vous n’avez aucune chance d’en sortir vainqueur et ça aura irrémédiablement des conséquences sur votre mental.

Pour aggraver le tout, le cerveau amplifiera aussi les sensations à chaque fois qu’un même événement se produira. Par exemple, la première fois qu’une expérience désagréable se produira, votre cerveau créera un chemin neuronal dédié à cette expérience. Dit très simplement, il écrira dans le cerveau que lorsque l’événement X se produit, la sensation Y doit être associée. Par exemple, vous avez passé une mauvaise soirée suite à des défaites consécutives et vous vous sentez maintenant frustré. Il écrira, si je perds mes parties en soirée, je générerais de la frustration.

Si le fait de passer de mauvaises soirées, à cause de défaites, a tendance à se répéter, votre cerveau va renforcer ce chemin neuronal qu’il a précédemment créé. Ce chemin va se transformer en route. Votre cerveau reconnaîtra beaucoup plus facilement cette situation de frustration, et il décuplera le niveau de frustration que vous ressentirez.

Si la situation continue encore de se reproduire, cette route se transformera en autoroute neuronale. En clair, au moindre signe de défaite, vous ressentirez tout de suite une très grande frustration.

Si vous continuez encore sur ce chemin, que ces mauvaises soirées se répètent, vous commencerez à développer l’habitude d’être frustré. En clair, vous n’allez même plus avoir besoin de perdre quelques parties pour être frustré, le simple fait de l’imaginer ou d’y penser, suffira pour vous frustrer.

Enfin, nous arrivons à une zone extrêmement dangereuse pour votre santé : votre habitude d’être frustré va se transformer en trait de caractère si vous continuez à passer ces mauvaises soirées. Je pense que vous l’avez compris, il est de plus en plus simple pour vous de passer une mauvaise soirée à chaque seuil que vous franchissez. A partir de ce moment, quand les gens viendront vous décrire en parlant à leurs amis par exemple, ils diront quelque chose comme : « ouais je connais ce gars-là, c’est un frustré ». En clair, la frustration fera partie de votre identité. La moindre source de frustration vous fera exploser. Arrivé à ce point, il est extrêmement difficile de remonter la pente, alors on va se débarrasser de ce problème avant que ce ne soit trop tard.

Ce phénomène que je viens de décrire dépasse de très loin le cadre vidéoludique. Cette mécanique de la frustration liée à un événement, vous pouvez la vivre aussi au travail, ou même dans votre vie personnelle. On pourrait penser que la majorité des gens savent comment gérer cette situation, mais c’est exactement l’inverse qui se passe en réalité et je vais vous montrer pourquoi.

Notre éducation ne fait qu’empirer les choses. Quand vous ressentirez cette frustration intense chez vous, vous allez vous dire des choses stupides comme : « allez, je ne peux pas abandonner maintenant, il faut que je m’y remette », « allez, il faut que je me force à jouer, personne n’a réussi en abandonnant », « si j’abandonne, je ne serais qu’un lâche, qu’un lâcheur », « je ne peux pas abandonner maintenant, après tout ce que j’ai investi, ce serait du gâchis », ou encore « c’est normal que ce soit difficile, sinon tout le monde y arriverait » et enfin « des personnes qui abandonnent, il y en a tout le temps, je ne ferai pas partie de ces lâches ».

Ces phrases qui peuvent être choquantes pour certains d’entre vous, je ne les ai pas inventées, ce sont les joueurs que j’ai coachés qui me les ont dites quand je leur ai demandé pourquoi est-ce qu’ils voulaient être coachés et quelles étaient leurs motivations principales. Voyez comment chacune de ces phrases parle d’abandonner, de lâcheté, de gâchis ou à l’inverse de faire des efforts, de se sacrifier. Toutes ces phrases peuvent être résumées par le proverbe stupide suivant : « quand on veut, on peut ». Ce proverbe fait l’hypothèse que tout est une question de volonté, on ne peut pas être plus loin de la réalité que ça. Sans une bonne méthode, sans un contrôle absolu des paramètres qui vous permettront d’atteindre le succès, vous n’avez aucune chance d’y arriver, peu importe votre volonté.

Et c’est pourtant ce que l’on nous apprend depuis notre tendre enfance. Que ça soit par notre scolarité ou à la maison, en famille. Si ce proverbe marchait tellement bien quand nous étions à l’école, c’est avant tout parce que ce que l’on nous demande est à notre portée. Je n’ai pas dit que c’était facile, j’ai dit que c’était à notre portée. Typiquement, on vous présente une leçon avant de vous demander de faire des exercices, et vous avez au moins les bases pour y arriver. Ensuite, on vous pose un contrôle, après avoir fait ensemble les exercices et après la correction.

Mais que devient ce proverbe, quels sont ses effets sur nous si nous n’avons pas les moyens d’atteindre les objectifs, et si on ne s’en rend même pas compte ? Alors, vous allez faire la seule chose que vous savez faire : toujours faire plus d’efforts, augmenter l’intensité, augmenter la fréquence, augmenter la durée. Pour des joueurs comme nous, ça veut dire jouer plus. Vous allez vous acharner sans vous rendre compte que la méthode que vous utilisez est totalement inefficace. Dans le monde professionnel, c’est ce que l’on appelle le « burn-out ». Beaucoup de personnes appellent aussi le burn-out, l’épuisement professionnel. Sachez que ce phénomène de burn-out n’est pas seulement limité au cadre professionnel. Il peut toucher n’importe qui, qui souhaite obtenir un résultat hors de son contrôle et qui n’a pas pris conscience qu’il n’avait pas les moyens de réussir. Cette personne va alors se mettre à travailler plus dur, plus longtemps. Parfois, elle ira même jusqu’à tout sacrifier. Tout ça pour se rendre compte un jour qu’elle n’a fait que perdre son temps à donner des coups d’épée dans l’eau et qu’elle n’avait aucune chance d’y arriver.

Maintenant que vous avez une idée d’à quoi vous attendre, étudions ce burn-out chez les joueurs de jeux vidéo. Les questions que vous vous posez sont tout simplement : « quels sont les effets de ce burn-out ? » et « est-ce que j’en suis victime ? »

Le signe le plus évident que vous êtes peut-être en train de faire un burn-out, c’est votre niveau de frustration. Combien de défaites vous faut-il pour être vraiment frustré : c’est-à-dire que vous ne pouvez pas vous empêcher de faire des remarques sur les autres, de vous dire que vous perdez parce que vos équipiers sont nuls et que vous êtes maintenant incapable de voir vos propres erreurs.

L’impact de cette frustration est que vous vous mettez à relancer des parties automatiquement. C’est-à-dire que vous ne voulez même pas vous souvenir de ce qui s’est passé, de comment vous avez perdu votre partie, vous voulez juste ne plus réfléchir et lancer des parties pour penser à autre chose.

Un autre paramètre qui vous indiquera que vous êtes peut-être sur le point de faire un burn-out, c’est que vous avez la conviction que tout repose sur vous, que vous êtes le maître du jeu. Attention, je ne parle pas du fait de râler et de se dire : « mais ils sont tous nuls, je dois tout faire moi-même », mais vraiment de se dire : « même si mes équipiers sont tous nuls, je peux remporter la victoire à moi tout seul ». Si vous êtes sur un compte SMURF (un compte ayant un niveau bien plus bas que votre niveau habituel) c’est tout à fait possible. Mais si vous êtes sur votre compte habituel, face à des adversaires de votre niveau, vous foncez tout droit vers la catastrophe.

Parce que vous avez la conviction que vous êtes capable de soulever des montagnes, faire des combats à 1v6 et en ressortir vainqueur, vous allez vous mettre à jouer de façon extrêmement personnelle et surtout de façon extrêmement inutile et inefficace.

Concrètement, vos actions seront très risquées pour des bénéfices quasi nuls. Vous foncerez tête baissée sur vos adversaires et vous vous demanderez à chaque fois « mais où sont mes équipiers ? » Bref, vous donnerez votre maximum… pour jouer n’importe comment.

Et le pire, c’est que vous ne vous rendrez même pas compte que vous êtes simplement en train de perdre votre temps. Et que le problème ne vient pas du tout d’un manque de volonté, d’un manque d’effort, mais que vous ne faites tout simplement pas ce qu’il faut pour obtenir les résultats que vous souhaitez.

Alors, réveillez-vous et écoutez bien ce que j’ai à vous dire si vous voulez vraiment progresser et pas juste perdre votre temps.

Il y a une phase d’hyper productivité avant d’entrer concrètement dans le burn-out. Pendant cette phase vous jouez beaucoup et vous progressez assez rapidement. Quand vous vous apercevrez que votre progression ralentit, vous commencerez à jouer encore plus pour compenser ce retard. Vous êtes encore dans la logique du « quand on veut on peut ». Dans un premier temps, ce coup de rein suffira pour compenser votre manque de rendement.

Puis, quand jouer plus ne suffira plus, vous entrerez pleinement dans la phase de burn-out. Expliqué simplement, cette deuxième phase se résumera à : « vous jouerez toujours plus, mais les résultats seront toujours inexistants ». Devant ce constat et cette incompréhension, vous commencerez à vous chercher des excuses : « ça arrive à tout le monde », « c’est la compétition qui est difficile ». Alors qu’en réalité, c’est juste que vous avez une méthode de progression qui ne marche plus. Elle marchait avant parce que vous aviez les moyens de réussir, mais plus maintenant.

Vous commencerez alors à puiser dans vos réserves d’énergie, de volonté pour continuer d’avancer. C’est extrêmement difficile à encaisser quand on voit qu’on ne progresse plus et que l’on sort justement d’une phase où l’on progressait encore. Devant vos échecs, vous commencerez à vous juger moralement, vous commencerez à vous demander si vous méritez vraiment d’y arriver. Résultat, votre motivation baissera au fur et à mesure. Votre envie de jouer, de vous entraîner baisseront elles aussi et vous commencerez à venir à l’entraînement par pure obligation. Vous êtes présent pour ne pas montrer aux autres que vous doutez de vous-même.

La phase d’après s’annonce particulièrement douloureuse. Ici, vous vous fatiguerez énormément. Les excuses que vous vous répétiez commenceront à ne plus être très convaincantes. Mais parce que vous ne savez toujours pas ce que vous ne faites pas correctement, vous commencerez à vous dire que vous n’êtes pas fait pour ça.

Parmi les raisons stupides que l’on retrouve le plus souvent dans ces moments, on a : « je n’ai pas de talent », « j’ai atteint mon niveau max, je ne peux pas monter plus haut », « je n’ai pas les gènes qui faut ». Voyez comment chacune de ses déclarations vous déresponsabilise complètement de votre manque de performance. Ces excuses pourraient se résumer par : « ce n’est pas ma faute, c’est la Nature. » A force de les répéter, vous finirez même par y croire.

On pourrait d’ailleurs penser que ce type de déclaration vous remonterait le moral. Après tout, si elles sont vraies, ça veut dire que vous avez fait du mieux que vous le pouviez et que ce n’est pas votre faute si vous n’y arrivez pas. Mais voilà, dans votre tête vous avez encore ce proverbe stupide : « quand on veut, on peut ». Et là, vous allez subir les conséquences directes d’avoir deux réalités complètement opposées qui vont s’entrechoquer. D’un côté vous vous dites que vous avez atteint votre maximum et de l’autre vous vous dites que tout n’est qu’une question de volonté. Dit autrement : d’un côté vous vous dites que vous faites tout ce qu’il faut pour progresser et de l’autre vous vous rendez compte que ce n’est toujours pas assez. Vous avez réellement cette conviction que tout ce que vous faites est correct, même si vous n’en avez pas du tout la preuve. Cette situation va générer énormément d’inquiétudes chez vous, et vous en subirez les conséquences sur votre santé mentale et physique.

Voilà, cette partie sur le burn-out s’achève. Si vous présentez tous les symptômes, vous êtes clairement dans ce burn-out ou à défaut, vous êtes en train d’emprunter le chemin qui y mène. Mais si vous ne présentez qu’un seul symptôme par exemple, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas forcément un début de burn-out.

On va faire un petit résumé ici, il y a eu pas mal d’informations et ça nous fera du bien de revoir ça rapidement. C’est un obstacle particulièrement difficile que je vous décris ici et mon but est de vous donner les moyens de comprendre votre situation. On a vu au début que les joueurs de jeux vidéo compétitifs en ligne ont de très grandes chances de stagner dans le classement parce qu’ils n’ont pas bien saisi les mécaniques qui permettent de progresser dans ce type de jeu. Beaucoup de joueurs utilisent une méthode qui marchent très bien pour les jeux solos, mais qui est totalement inefficace dans les jeux en ligne. Cette méthode, c’est tout simplement d’aligner les heures. Parce que vous êtes convaincu que cette méthode fonctionnera, vous vous attendrez à des résultats qui n’arriveront jamais. Ce décalage entre vos attentes et la réalité va générer énormément de frustration chez vous. Nous avons ensuite vu ensemble une mécanique de votre cerveau qui vous empêchera totalement de progresser. Notre cerveau est extrêmement doué pour apprendre ce que l’on aime et surtout ce que l’on n’aime pas. Au fur et à mesure que vous passerez des journées ou des soirées à être frustré, votre cerveau renforcera cette frustration. En clair, il vous faudra de moins en moins de défaites pour générer la même quantité de frustration. Inévitablement, votre niveau de frustration maximal augmentera au fur et à mesure. Parce que la méthode que vous utilisez ne vous permet pas de réfléchir, vous allez être convaincu qu’elle doit marcher. Vous obéissez alors au proverbe : « quand on veut, on peut ». A partir de ce moment, vous allez commencer à vous acharner, à jouer beaucoup plus pour tenter d’y arriver. Vous entrerez dans une phase où vous êtes convaincu que tout repose sur vous. Ce comportement peut possiblement vous mener vers un burn-out. Nous avons ensuite vu les symptômes ensemble et je vous ai dit que si vous en présentiez un maximum c’est qu’il y a de grandes chances que vous soyez en burn-out ou que vous en êtes sur le chemin.

Dans quelques minutes, je vous expliquerai comment vous pouvez commencer à vous créer une méthode d’entraînement qui vous permettra de progresser bien plus rapidement et bien plus sereinement. Je vous présenterai des conditions indispensables si vous voulez vraiment être maître de vos performances et pas seulement perdre votre temps. Mais avant de vous en parler, je dois m’assurer que vous ayez bien compris les conséquences de la méthode d’entraînement que vous utilisez actuellement afin de m’assurer que vous ne commettrez plus l’erreur de penser qu’elle marche.

Allez, on reprend !

Quelles sont les conséquences concrètes de ce burn-out sur vous et sur votre niveau de jeu ?

La première chose qui vous frappera, c’est la vitesse à laquelle vous vous épuisez mentalement. À la moindre contrariété, vous éprouverez un sentiment de frustration extrême, vous devrez faire des efforts de folie pour ne pas exploser. Il ne faut pas croire que la compétition soit simple sous prétexte que nous parlons de jeux vidéo. Se remettre en question, accepter la critique, reconnaître que l’on a fait des erreurs demande énormément d’énergie et de volonté. Lorsque vous êtes épuisé mentalement, vous serez incapable de faire tout ça, et vous aurez envie d’envoyer tout balader.

Si la situation perdure, vous commencerez à créer un sentiment de culpabilité et de honte : « tout ce temps que j’ai investi et je suis encore bloqué au même point. Est-ce que je suis vraiment si nul que ça ? » Cette frustration et cette honte vous pousseront à fuir vos responsabilités, à vous dire que vous n’avez pas joué de rôle majeur dans l’échec de votre projet qui est de monter dans le classement, voire même de devenir pro. Ce sera toujours la faute des autres, jamais la vôtre. Résultat, vous répéterez inlassablement les mêmes erreurs et le plus ironique dans tout ça, c’est que vous ne vous en rendrez même pas compte.

La moindre amélioration de votre part, la moindre remise en question, vous demandera des efforts colossaux pour des bénéfices quasi nuls.

Laissez-moi vous permettre de vous remettre sur les bons rails. Mais avant, posons clairement le problème qui est face à nous.

Les meilleurs joueurs ne deviennent pas les meilleurs par hasard. Ce ne sont pas leurs gènes qui les ont menés où ils sont, ce ne sont pas non plus leurs facilités ou même leur talent inné, c’est leur travail et leur capacité à se remettre en question. Ça leur a permis de développer des méthodes efficaces qui leur ont permis d’être là où ils sont. Pourtant, cette notion de chance, cette notion d’être choisi par les dieux, on la retrouve systématiquement chez tous les joueurs qui stagnent dans le classement. J’ai entendu beaucoup d’explications fumeuses pour expliquer le succès de ces joueurs :

« Il est naturellement bon », « il a un talent inné », « il apprend plus vite que les autres », « il a de la chance » et j’en passe et des meilleurs. C’est comme si la seule différence entre eux et les joueurs pros, c’était la chance. De nombreux joueurs croient en cette explication et on peut difficilement leur en vouloir. En effet, ces joueurs sont extrêmement frustrés, ils cherchent à se déresponsabiliser même s’ils n’en ont pas conscience et pour finir, cette explication est très séduisante et elle peut se résumer par : « j’ai fait tout ce qu’il fallait, mais je n’ai pas de chance ».

Une fois que vous aurez réussi à vous débarrasser de l’obstacle que je vais vous présenter ici, vous vous entraînerez de manière efficace, vous récupérerez le contrôle de la situation. Et surtout, vous serez maître de vos performances, car vous vous concentrerez uniquement sur des choses qui sont contrôlables et que vous comprenez. Le bénéfice direct de ce nouvel environnement d’entraînement est que vous pourrez jouer à votre meilleur niveau quelles que soient les performances des autres joueurs. Attention, je n’ai pas dit que ça garantira votre victoire, mais vous mettrez toutes les chances de votre côté et vous pourrez apprendre concrètement des choses grâce à vos défaites.

Si vous avez le contrôle sur les choses, automatiquement vous serez responsable. Responsable de vos victoires, mais aussi responsable de vos défaites. En acceptant pleinement votre responsabilité dans vos défaites, vous ne chercherez même plus à vous déresponsabiliser, vous ne chercherez même plus des raisons stupides pour expliquer que ce n’est pas votre faute. Au lieu de ça, vous allez dépenser toute cette énergie qui était précédemment gâchée à trouver des solutions concrètes et à les appliquer. C’est la seule voie pour progresser.

Voyons ensemble les bénéfices d’accepter votre responsabilité dans ce qui vous arrive. Le premier bénéfice notable est que vous ne ferez plus comme beaucoup de joueurs qui stagnent dans le classement et qui resteront à jamais là où ils sont : vous ne passerez plus votre temps à rejeter la faute sur les autres. Vous arrêterez de vous raconter des histoires toute la journée sur ce qui aurait dû se passer, plutôt que ce qui s’est passé. Vous arrêterez de vivre dans un fantasme ou vos équipiers sont la source de vos échecs à chaque fois que vous connaîtrez une défaite.

Ce fantasme, vous êtes le seul à y croire. Avec toute cette énergie que vous allez économiser, vous pourrez la rediriger pour faire des choses bien plus constructives : trouver vos erreurs et y trouver des solutions. Beaucoup de joueurs savent ce qu’il faudrait faire, mais ils ne savent pas comment le faire. En vous concentrant uniquement sur vous, vous ferez partie des joueurs qui agissent pour trouver des solutions plutôt que de pleurnicher de leur côté.

Sur le long terme, vous serez bien plus productif, vous vous améliorerez bien plus en une semaine qu’en deux ans avec la méthode de la pleurnicherie. Ne me croyez pas sur parole, appliquez simplement la méthode que je vous proposerai. Mais avant d’appliquer bêtement une méthode, ce qui n’a absolument aucune chance de fonctionner, je dois vous transmettre les principes et donc vous expliquer clairement ce qui vous arrive concrètement. Si vous n’avez pas les principes en tête, peu importe la méthode que je vous proposerai, vous n’aurez aucune chance de l’appliquer correctement.

C’est parti. S’améliorer demande énormément d’efforts. Ce qui n’est pas vraiment surprenant, parce que la première étape consiste justement à s’avouer à soi-même que ce que l’on fait actuellement n’est pas assez bon, voire complètement mauvais. Cette réalité est en opposition avec notre conviction que l’on joue correctement. Cette conviction a été justement créée par la frustration, la honte et la culpabilité pour nous protéger, pour protéger notre ego.

Il y a une bonne nouvelle pour nous, si vous acceptez sincèrement le fait que votre niveau de jeu est très loin d’être parfait, l’effort demandé pour progresser baissera instantanément. Je pense que vous avez déjà tous connus ça : quand vous faites des choses que vous n’avez vraiment pas envie de faire, chaque minute est une corvée. Par contre, si vous faites la même chose en étant disposé à le faire, ça va généralement beaucoup plus vite et c’est beaucoup moins fatiguant. C’est le même principe ici. Il ne sera donc pas étonnant que les premières étapes de la méthode que je vous propose consiste justement à vous placer dans cette position où vous êtes prêt à faire des changements sur votre niveau de jeu, où vous êtes prêt à prendre pleinement vos responsabilités.

Attention, je n’ai jamais dit que ça allait être facile, je peux même vous assurer que ce sera l’inverse. Mais quand vous passerez chacune de vos soirées à mettre en application une solution que vous avez élaborée et que vous comprenez, vous irez dormir tous les soirs avec un grand sentiment de satisfaction. Vous aurez même l’air d’un imbécile parce que vous dormirez avec le sourire. Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de meilleures sensations que celle-ci. En plus, ça vous donnera une énergie phénoménale pour le lendemain.

Et si je vous disais en plus, qu’en appliquant la méthode, vous commencerez à vous créer une petite routine qui, par conception, vous poussera à toujours aller plus loin. À chaque fois que vous répéterez cette gymnastique de trouver une erreur, trouver une solution, l’appliquer, ça deviendra de plus en plus simple pour vous. La raison est assez simple : les solutions que vous allez trouver ne tomberont pas du ciel, elles viendront d’un raisonnement, elles viendront d’observations que vous ferez pour ensuite créer des pistes de solutions. En faisant cet exercice plusieurs fois, vous améliorerez votre game sense, vous peaufinerez vos mécaniques et c’est exactement ça qu’il faut faire si vous souhaitez réellement progresser pour atteindre les plus hauts niveaux.

Avant d’aller plus loin faisons un petit résumé. On arrive au moment le plus intéressant et je ne peux pas me permettre de vous perdre juste maintenant. Au début, je vous ai expliqué que ce qui n’allait pas concrètement dans votre façon de faire, c’est qu’elle vous mène vers un épuisement mental accéléré. En clair, vous vous frustrez beaucoup trop rapidement et vous n’avez plus d’énergie pour vous remettre en question. Si la situation perdure et c’est le cas à chaque fois, vous commencerez à générer des sentiments de honte et de culpabilité. Ces sentiments sont très désagréables et on ferait tout pour s’en débarrasser. C’est d’ailleurs ce que l’on fait, on se déresponsabilise des résultats que l’on obtient. C’est toujours la faute des autres et jamais la vôtre. Et même quand vous arrivez à dire que c’est votre faute, vous ne changez absolument rien dans votre façon de vous entraîner. Ce qui est le signe évident que vous ne croyez pas une seconde que c’est effectivement votre faute et que vous ne dites ça que pour préserver les apparences. Dans cette situation, la moindre remise en question de votre part vous demande des efforts immenses. Ces efforts demandés seront tellement énormes, que vous préférerez plutôt vous trouver des excuses. L’excuse parfaite, c’est la chance, ou dit autrement : les gènes, le talent inné etc… Vous vous direz que vous n’y arrivez pas parce que vous n’avez pas été choisi par les dieux. Je vous ai ensuite fait comprendre que cette méthode de penser, de s’entraîner est justement ce qui explique le fait que vous stagnez. Je vous ai alors expliquer que la condition indispensable pour progresser, c’est justement d’être pleinement responsable de la situation. Quand vous acceptez votre responsabilité, vous ne chercherez plus à fuir et vous affronterez vos problèmes en face à face. En acceptant sincèrement votre responsabilité, vous aurez beaucoup moins de mal à reconnaître que votre niveau de jeu n’est pas suffisant pour aller plus loin. A partir de ce moment, vous vous mettrez à chercher vos erreurs, y trouver des solutions et surtout à les appliquer. Attention, je n’ai jamais dit que ça allait être facile, ça sera même l’inverse. Mais ça deviendra de plus en plus facile au fur et à mesure que vous répèterez cette gymnastique de trouver l’erreur, trouver des solutions et les tester sur le terrain.

Voyons dès maintenant comment nous allons redresser la barre et adopter une méthode d’entraînement très efficace. Mais avant de faire ça, je dois vous présenter tous vos adversaires qui se cachent dans l’ombre et qui vous tendent des pièges à répétition. Pour arriver à cette méthode, il vous faudra d’abord comprendre où est-ce que vous mettez les pieds. La liste des pièges est assez longue, je ne vais pas vous le cacher, mais je pense que vous vous en doutiez déjà, car sinon il n’y aurait pas autant de joueurs qui stagnent dans le classement.

Commençons maintenant ces explications, qu’est-ce qui vous arrive, d’où est-ce que ça vient ? Comme je l’ai dit dans une précédente vidéo, nous aimons tous croire que nous contrôlons les situations et que par extension nous contrôlons aussi les résultats. En partant de ce principe, on pense alors que tout est une question de volonté et qu’il suffirait de vouloir les choses assez fort pour les obtenir. Cette idée est extrêmement séduisante et cette logique nous place dans une situation rêvée : nous sommes des dieux et nous contrôlons notre avenir par la seule force de notre volonté. C’est exactement cette idée, cette façon de voir les choses, qui vous empêchera de vous dépasser, de prendre des décisions difficiles mais nécessaires, pour vous permettre de vous remettre en question, puis de progresser.

Cette idée ne touche évidemment pas seulement les joueurs de jeux vidéo. Toutes les personnes qui se fixent des objectifs audacieux tomberont dans ce piège mortel et subiront exactement le même sort que les joueurs compétitifs. En apprenant à vous en débarrasser dans les jeux vidéo, vous pourrez faire de même dans votre vie personnelle et professionnelle. Savoir reconnaître ce piège et le désarmer vous permettra de vivre bien plus sereinement et d’avoir une vie bien remplie.

Cette idée que tout dépend de notre volonté va littéralement façonner notre société et ce que cette société mettra en avant. Ici, je veux vous parler de la place de l’effort dans notre société. S’il y a bien une chose qui est sacrée dans nos sociétés modernes, c’est l’effort. La seule chose que les gens retiennent et que les gens mettent en avant lorsqu’ils parlent d’une personne qui a connu le succès, ce sont les efforts qu’elle a dû déployer pour arriver là où elle en est. Ce phénomène est tellement fort, que la plupart des gens sont persuadés qu’en faisant plus d’efforts, tout est possible.

Bien sûr qu’il faut faire des efforts, l’effort est une condition nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour atteindre vos objectifs. Pour chaque personne qui a connu le succès grâce à ses efforts, soi-disant, je peux vous trouver des milliers de personnes qui ont travaillé encore plus dur et qui n’ont jamais réussi, et qui n’ont jamais connu ne serait-ce que la moitié de son succès. On entend tous les jours des entrepreneurs travailler plus de 70 heures par semaine et tous les jours, ces mêmes entrepreneurs échouent. Dans l’univers du jeu vidéo, on trouvera des joueurs qui jouent près de six heures par jour et qui sont bloqués tout en bas du classement.

Faire des efforts est une chose, mais pour réussir il faudra diriger ses efforts vers des choses utiles. Vous pouvez essayer de pousser la tour Eiffel autant de temps que vous le souhaitez, aussi fort que vous le souhaitez, elle ne bougera pas d’un poil. Cette croyance va créer des dégâts immenses chez les joueurs de jeux vidéo, car les joueurs sont justement dans un contexte où ils ont l’illusion qu’ils contrôlent tout. Pensez à tous ces jeux vidéo où vous êtes l’élu, où le monde entier tourne autour de vous : Skyrim, Fallout, Tomb Raider et bien d’autres encore.

Cette idée est tellement séduisante, que les vidéos de jeux vidéo qui marchent le mieux sont les vidéos du type : « toi aussi, devient Master sans effort, grâce à cette petite astuce qui ne sert à rien ». Évidemment, ces vidéos ne marchent jamais, mais elles entretiennent cette croyance extrêmement séduisante que vous êtes le maître absolu de votre vie. Ces vidéos ne servent qu’à récolter des likes et elles le font très bien.

Si dans notre société, l’effort a une place de divinité, je vous laisse deviner la place de l’échec. Pourquoi éprouvons-nous autant de honte, autant de culpabilité quand nous sommes dans une situation d’échec ? Eh bien je pense qu’avec ce que je viens de vous dire, vous pouvez facilement faire le lien. Si la réussite est associée avec de la volonté, c’est-à-dire qu’il suffit de vouloir pour y arriver, l’échec ne serait alors dû qu’à un manque de volonté, un manque d’effort. C’est un raisonnement très simpliste de la réalité et surtout très faux.

Il existe des dizaines de raisons qui peuvent expliquer l’échec d’un projet. Tout mettre sur le dos de l’effort, est complètement stupide, pour rester poli. Et c’est exactement ce mécanisme, ce raisonnement, qui vous empêchera d’apprendre de vos défaites.

Quand vous allez perdre, vous vous direz que vous n’avez pas assez bien joué, que vous n’avez pas assez fait d’efforts, que vous ne vous êtes pas assez accroché. Ce constat va créer de la honte chez vous et cette honte créera à son tour de la frustration. Si tout n’est qu’une question de volonté, il n’y a même pas d’analyse à faire, il suffit seulement de se dire que la prochaine fois il faudra encore plus vouloir gagner. Mais ça ne va pas s’arrêter ici : cette frustration vous poussera à chercher un coupable extérieur, c’est-à-dire autre chose que vous, pour expliquer cette défaite. Dans ces raisons extérieures, on trouve généralement : l’équilibre du jeu, la connexion Internet, les mauvais équipiers, le manque de chance, la chance de l’adversaire et bien d’autres choses. En clair, vous ne vous remettrez jamais en question, parce que vous êtes convaincu qu’il n’y a absolument rien à remettre en question. Les conséquences concrètes de cette façon de penser sont que vous allez commencer à stagner dans le classement et que vous ne comprendrez même pas pourquoi. Et plus la situation va durer, plus ça va vous faire souffrir, vous faire ressentir de la honte et de la culpabilité.

Autre conséquence directe du fait de penser que « quand on veut, on peut » : les jugements moraux. Depuis notre tendre enfance, nous avons été formés, façonnés pour donner des jugements moraux à absolument tout. Les jugements moraux consistent à qualifier si une chose est bien ou mal, si elle est noire ou blanche. Pour vous montrer à quel point nous sommes devenus des champions dans cet exercice, je vais vous lister quelques comportements et vous devrez me dire s’ils sont bien ou mal. Je le répète, vous n’avez que deux choix : c’est bien ou c’est mal.

  • Se donner à fond pour réussir.
  • Travailler comme un fou pour atteindre ses objectifs.
  • Se forcer à travailler.
  • Se priver pour rester concentré.
  • Avoir un travail.

Deuxième série de comportements, même exercice :

  • Laisser tomber.
  • Abandonner.
  • Ne pas réessayer.
  • Craquer pour une pizza/glace/chocolat.
  • Être au chômage.
  • Chercher du travail.

Pour répondre si c’était bien ou mal, je pense que vous n’avez même pas eu à réfléchir. Il n’y a d’ailleurs pas de mauvaises réponses, car la réponse dépend du contexte, elle dépend de vos valeurs, elle dépend de vos expériences. Mais de manière générale on observe que la première série de comportements est associée au bien, et la deuxième série est associée au mal. Vous avez sûrement fait des choix différents, mais ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse ici. Ce que je voulais vous montrer ici, c’est que quoi que vous fassiez, vous y associerez un jugement moral.

J’ai été amené à coacher pas mal de joueurs, à un moment ou à un autre la progression est très difficile et les joueurs me partagent parfois ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et de leur performance. Dans les moments difficiles, ils jugeront eux-mêmes que leur performance était mauvaise et ils feront l’association que parce que leur performance était mauvaise, ils sont donc eux-aussi mauvais, ils ne seraient donc pas dignes d’atteindre leurs objectifs. Ce type de raisonnement est tout d’abord extrêmement faux, mais en plus, ce raisonnement ne vous apportera rien du tout à part de la honte.

Mais d’autres joueurs ont trouvé des raisons encore plus farfelues pour se dire qu’ils n’étaient pas assez bons, qu’ils ne méritaient pas de réussir : ils ne vont pas assez à la gym, ils n’ont pas respecté à la lettre leur régime, ils n’arrivent pas à faire 10 pompes et bien d’autres raisons aussi farfelues les unes que les autres.

Ce que je veux que vous compreniez ici, c’est que nous sommes obsédés par le bien et par le mal. Au point où des choses qui n’ont absolument aucun rapport avec vos performances en jeu vous feront vous sentir mal. Par exemple, vous avez mangé plus de pizza cette semaine, et ça c’est mal, c’est pas bien, alors vous êtes quelqu’un de mauvais. Les événements de ce genre vont venir dicter si vous êtes oui ou non une bonne personne. C’est complètement stupide, et pourtant, tout le monde le fait si on n’y fait pas attention.

Ces jugements ont beaucoup d’impact sur nous, sur notre mental. Si vous vous dites tous les jours que ce que vous faites est mal, est mauvais, vous finirez par croire que vous êtes vous-même quelqu’un de mauvais. Vous n’arriverez jamais à progresser si vous pensez de cette façon, parce que vous serez rongé par la honte et la culpabilité, et vous n’aurez donc plus d’énergie pour vous remettre en question.

Le plus drôle, c’est que si vous faites l’inverse, si vous vous dites tous les jours que vous êtes bon, vous finirez par avoir une très haute estime de vous-même, ce qui vous mènera droit au narcissisme. En clair, vous êtes convaincu que ce que vous faites est parfait et vous ne vous remettrez jamais en question. Selon vous, les choses devraient fonctionner comme vous vous voudriez qu’elles fonctionnent. Résultat, vous ne vous remettrez jamais en question, vous ne trouverez aucune erreur dans votre jeu et vous stagnerez dans le classement avec un profond sentiment d’injustice.

Le message que je veux vous faire passer Ici, c’est que les jugements moraux, le bien, le mal, ne vous permettront jamais de progresser.

Résumons rapidement ce que je viens de vous dire. Je sais, c’est chiant, mais vous devez bien comprendre pourquoi vous avez adopté une méthode qui ne fonctionne pas et que cette méthode, elle ne tombe pas du ciel, car tous les joueurs qui stagnaient dans le classement et que j’ai coachés avaient exactement la même. Mon but ici, c’est de vous en faire sortir. Alors, d’abord on a vu que la majorité des gens et donc des joueurs, partagent une croyance extrêmement séduisante : tout ne serait qu’une question de volonté. Il suffirait de vouloir les choses assez fort pour les avoir, pour que nos rêves se réalisent. La réussite ne dépendrait alors que de la force de notre volonté, ou plus concrètement des efforts que l’on va déployer. On nous fait alors croire que les gens qui ont réussi, ont effectivement réussi parce qu’ils avaient déployer des efforts colossaux. On adore même s’en vanter. « J’avais des horaires de 70h par semaine, pas le temps de me reposer, je me reposerai quand je serai mort. » Puis, on a parlé de la place de l’échec dans notre société et on a essayé de trouver pourquoi est-ce que l’on éprouvait de la honte et de la culpabilité. La réponse est plutôt simple, s’il suffit de vouloir les choses assez fort pour les avoir, alors quand on ne les a pas, c’est que l’on n’a pas essayé assez fort. En clair, si vous ne réussissez pas, c’est parce que vous êtes mauvais, que vous êtes quelqu’un de mauvais. Cette conclusion va créer un sentiment de honte et de culpabilité chez nous. Ce sentiment va alors nous pousser à chercher des coupables extérieurs, c’est-à-dire tout le monde sauf nous-même. Cette recherche d’un coupable extérieur va à l’encontre du concept même de remise en question et vous ne pouvez alors plus vous améliorer, progresser. Pour vous aider à comprendre à quel point les valeurs enseignés par nos sociétés modernes nous empêchent de progresser, je vous ai parlé des jugements moraux : c’est bien, c’est pas bien. Nous sommes obsédés par ces jugements moraux, on est tous les champions du monde dans cette discipline. Si bien qu’absolument tout ce que l’on fait est bien ou mal. A chaque fois que l’on échouera, que l’on n’aura pas les résultats que l’on souhaitait, on jugera que ce que l’on a fait était mal. Par association, on finira par se dire que nous sommes quelqu’un de mauvais car tout ce que nous faisons dans le contexte compétitif est mal, que c’est insuffisant. Enfin, j’ai fini par vous pointer quelque chose d’assez ironique, même si nous nous forçons à emprunter le chemin inverse, c’est-à-dire de juger tout ce que l’on fait comme bien, on empruntera le chemin du narcissisme qui nous fera justement croire que l’on est parfait et que l’on a donc rien à se reprocher. Ce qui là aussi, va à l’encontre même de la remise en question et donc de la progression.

J’espère que vous me suivez toujours. Dans quelques minutes, vous comprendrez pourquoi vous n’aviez aucune chance de progresser, aucune chance de vous remettre véritablement en question pour atteindre vos rêves. Mais avant, j’ai encore quelques adversaires à vous présenter. Je vous promets que vous y verrez bien plus clair ensuite. Suivez-moi encore un peu et accrochez-vous.

J’aimerais vous présenter ici, le premier gros piège mental qui vous attendra à chaque tournant, l’effet de permission. Nous sommes obsédés par le bien et le mal et surtout nous voulons être vu par les autres comme quelqu’un de bien.

Alors, vous commencerez à vous poser la question pour savoir si vous êtes bon ou non pour absolument tout et n’importe quoi. Le plus drôle, c’est que pour des sujets totalement différents la sensation que vous en retirerez sera la même. Si vous êtes en train de faire un régime, et que vous avez mangé moins de pizza que d’habitude, vous vous sentirez aussi bien que si vous aviez fait un don à une association caritative.

Sauf que voilà, être bon tout le temps, c’est fatigant. L’effet de permission est un piège qui commence dès que vous vous rendez compte que vous avez fait une bonne action. C’est quelque chose que nous avons tous vécu, et que nous continuerons de vivre si nous ne faisons pas attention. L’effet de permission, c’est se donner la permission de faire une grosse connerie, sous prétexte que l’on a fait une bonne action précédemment.

Par grosse connerie, j’entends une action qui vise à satisfaire un besoin à très court terme et qui sabote par la même occasion vos efforts à atteindre un objectif lointain. Par exemple, si vous pratiquez une activité physique régulière afin de perdre du poids, il est possible que vous vous retrouviez plus souvent à McDo ou que vous commandiez plus souvent des pizzas, dans leur format extra large.

Si vous vous lancez dans un projet personnel, le fait d’avoir travaillé une heure de plus que d’habitude sur votre projet vous autorisera à ne plus rien faire dessus pendant une semaine entière.

Si vous voulez progresser dans le classement, le fait d’avoir enchaîner les victoires vous autorisera à faire n’importe quoi pendant les prochaines parties et à vous amuser. En clair, vous arrêterez de vous entraîner parce que vous avez fait une belle performance, une fois. Le fait de « carry une game » par exemple, vous autorisera à vider votre sac sur vos équipiers si vous êtes en train de perdre.

Quand je vous parle de permission ou d’autorisation, je parle d’un sentiment très fort qui va vous envahir et qui vous fera beaucoup de bien. Ca vous fera tellement de bien, que vous allez commencer à légitimer toutes les conneries que vous allez faire. Vous ne verrez même pas où est le problème, parce que selon vous, vous avez mérité de pouvoir faire ces conneries. C’est notamment ce mécanisme qui pousse des gens bien à commettre des atrocités. C’est ce même mécanisme qui pousse des gens qui lèvent des fonds pour des associations caritatives, à se servir dans la caisse et ils n’y voient absolument aucun problème. Parce que ce sont des gens bien et donc qu’ils ont mérité ce droit d’après eux, d’après leur cerveau, qui est sous l’effet de permission. Mais c’est aussi ce mécanisme qui pousse des gens qui occupent des postes qui sont décrits comme bon ou vertueux pour notre société et qui se retrouve ensuite devant la justice pour des histoires d’attouchements sur des enfants. Comme vous pouvez le voir, l’effet de permission est extrêmement puissant, alors ne baissez pas la garde.

Cet effet de permission n’est pas si simple à détecter. Comme je vous l’ai dit, n’importe quel prétexte est bon pour émettre un jugement moral. N’importe quelle bonne action entre guillemets, même une qui n’a absolument rien à voir avec vos objectifs, vous autorisera à faire n’importe quoi et à saboter tous vos efforts.

Cet effet de permission vous poussera à vous autoflageller. En effet, une fois que vous aurez retrouvé vos esprits après avoir fait vos conneries, vous éprouverez un sentiment de honte, de déception et de culpabilité qui vous videront entièrement de votre énergie, de votre volonté. Vous réaliserez que vous avez foutu en l’air tout votre travail. Vous n’aurez alors plus la force de progresser, tellement vous dépenserez de l’énergie à essayer de fuir ce sentiment de honte, à essayer de fuir vos responsabilités. Parce que c’est une bêtise, une grosse connerie, votre jugement moral vous dira que c’est quelque chose de mauvais et donc que vous êtes quelqu’un de mauvais, parce que vous vous êtes autorisé à le faire, parce que vous y avez pris du plaisir. Mais je veux que vous compreniez bien quelque chose. L’effet de permission, est une mécanique propre à notre cerveau. Ce n’est pas vous, volontairement, consciemment qui décidé de faire n’importe quoi. C’est, dit simplement, une partie de votre cerveau, qui vous autorise à faire n’importe quoi pour vous récompenser de vos beaux efforts. Quand vous êtes victime de l’effet de permission, vous avez la capacité de réflexion d’un gamin devant une grosse sucette. Ça n’excuse pas tout, bien au contraire, mais ce que je veux vous faire comprendre, c’est que vous devez réagir avant même d’être sous l’effet de permission, car à ce moment, il est trop tard pour réagir.

Mais de manière générale, pourquoi est-ce que ce serait si mal de craquer de temps en temps ? Je ne parle évidemment pas de cas extrêmes où l’on ferait du mal à d’autres personnes. Je parle vraiment de cas innocents comme le fait d’aller à McDo après une séance de sport alors que l’on essaye justement de perdre du poids. Pourquoi est-ce que l’on se sent aussi mal ? C’est à cause de cette tyrannie du bien et du mal. Encore une fois, on aspire tous à être vus comme des personnes vertueuses et à nous comporter comme telles. On a tous envies de croire que ce que nous faisons, nous le faisons pour le bien et que le mal en lui-même nous dégoûte. Alors quand on est face à nos propres défauts, on ne se sent pas fier du tout. En plus de ça, on aime croire que tout est une question de volonté et qu’il suffirait de vouloir faire le bien pour ne faire que le bien. C’est cette conviction que l’on a, mélangé à la réalité où on est plein de défauts qui nous fait autant souffrir.

La réalité n’a rien à voir avec le bien et le mal. Quand vous mangez une deuxième pizza, vous mangez une deuxième pizza, ce n’est pas mauvais en soi. La réalité, c’est que l’on fait ce qu’on a envie de faire et que l’on ne fait pas ce qui nous ennuie. Désolé, si vous pensez encore que l’être humain peut obéir à ces standards impossibles que sont les jugements moraux. Plus vite vous l’acceptez, et plus vite vous pourrez passer à une méthode qui marche vraiment. Mais avant de vous présenter cette méthode, je dois m’assurer que vous avez bien compris le message.

Alors laissez-moi vous décrire une technique que nous avons tous utilisées pour nous motiver, qui ne marche absolument pas, et que pourtant, la plupart des gens essayent malgré tout d’utiliser, encore et encore. Cette méthode qui ne marche absolument pas, notamment à cause de l’effet de permission, c’est d’essayer de moraliser un comportement pour nous pousser à le faire. Je le répète, cette technique est totalement inefficace, soyez honnête avec vous-même et prenez-en conscience.

Je vais vous donner des exemples et je suis sûr que vous en trouverez d’autres de vous-même :

  • « je dois trier mes déchets, c’est bon pour la planète »
  • « je dois faire du sport pour pouvoir vivre plus longtemps, même si j’ai 20 ans aujourd’hui et que j’ai l’impression d’être immortel »
  • « je dois mettre de l’argent de côté pour les imprévus et ma retraite »
  • « je dois acheter ce nouvel ordinateur, parce qu’avec cette carte graphique dernier cri, je pourrai mieux faire mes devoirs » ne me jugez pas, on l’a tous tenté celle-là.

Voyez comment dans ces affirmations, la notion du devoir apparaît et qu’elle est directement liée à la notion de bien. La réalité, c’est que si vous n’avez pas envie de trier vos déchets, la planète attendra. Si vous n’êtes pas du genre sportif, ou que vous détestez le sport, vous n’en ferez pas. C’est aussi d’ailleurs pour ça que les gens continuent de fumer ou se mettent à fumer alors que sur chaque paquet de cigarettes il y a un message qui vous dit clairement que vous allez crever d’un cancer. La réalité c’est que si vous voulez fumer, et bien vous allez fumer.

Si vous continuez à essayer de moraliser vos actions, la seule chose que vous allez y gagner, c’est de vous sentir coupable de ne pas réussir à faire des choses qui sont bien vus par notre société. Alors ce qui va se passer inévitablement, c’est que vous allez commencer à vous créer des objectifs contradictoires. D’un côté, vous ferez ce que vous avez envie de faire, mais parce que ce n’est pas forcément bien de penser à soi selon notre société, vous vous fixerez des objectifs que vous n’avez pas envie de faire, mais qui sont bien vus pour vous dédouaner, pour vous donner la permission de faire ce que vous avez envie de faire. Chez les joueurs de jeux vidéo, les objectifs contradictoires que l’on retrouve le plus souvent sont :

  • « Je veux monter le plus haut possible dans le classement ET m’amuser quand je lance une partie. »
  • « Je veux rejoindre une équipe motivée pour m’entraîner et devenir pro ET je veux prendre du plaisir à jouer avec eux. »
  • « Je veux apprendre de chacune de mes défaites ET je veux jouer plus. »
  • « Je veux monter le plus haut possible dans le classement ET continuer de sortir avec mes potes presque tous les soirs. »
  • « Je veux mettre en avant ma carrière professionnelle / mes études ET monter le plus haut possible dans le classement. »
  • Généralement, les joueurs que je coach ne voient pas en quoi ces objectifs sont contradictoires et je ne vous en voudrais pas non plus si c’est votre cas. Laissez-moi vous expliquer en quoi ces objectifs sont les pires que vous puissiez vous fixer.

« Je veux monter le plus haut possible dans le classement ET m’amuser quand je lance une partie. »

A priori, rien n’empêche de faire les deux. C’est d’ailleurs ce qui se passe au début. Le simple fait de lancer le jeu vous permet d’apprendre et le jeu en lui-même vous donne du plaisir.

Mais à partir d’un moment, ça ne suffira plus. Et si vous voulez quand même continuer de progresser, il faudra une sacrée dose d’efforts et le plaisir que vous connaissiez avant ne sera plus du tout accessible. Votre plaisir viendra dans le fait de progresser et pas seulement de jouer. Pour progresser, il faudra vous remettre en question et c’est exactement l’inverse de ce que vous voulez faire quand vous voulez vous amuser.

Et c’est ici que vous observerez une fracture. Certains joueurs décideront de privilégier le jeu pour le plaisir, mais ils continueront de se mentir à eux-mêmes en pensant que c’est pour la performance. Au moindre sacrifice, au moindre effort demandé de leur part, ils génèreront énormément de frustration. Au bout d’un moment, ils finiront par laisser tomber et ils accepteront le fait qu’ils veulent juste s’amuser. S’ils ne l’acceptent pas, ils continueront cette génération de frustration, jusqu’à ce que la situation devienne impossible et qu’ils soient forcés d’arrêter d’une manière ou d’une autre.

« Je veux rejoindre une équipe motivée pour m’entraîner et devenir pro ET je veux prendre du plaisir à jouer avec eux. »

A première vue, rien de mal, c’est même généralement ce que l’on conseille. On retrouve même des déclarations du type « les meilleures équipes sont celles où les joueurs s’entendent bien ». C’est très faux. Les joueurs ne s’entendent pas forcément bien, ils ne sont pas tous forcément des potes. Ce qui fait réellement la différence, c’est que quand ils jouent ensemble, ils sont sur la même longueur d’onde, ils mettent leurs différences de côté pour se concentrer sur les parties. Parce qu’ils ont le même but, ils s’entendront juste assez bien pour livrer leur meilleure performance.

Dans cet objectif double, vous recherchez encore avant tout le plaisir. Ce n’est pas par hasard que la majorité des équipes explosent quand ça devient trop difficile. Les joueurs ne se sont pas encore avoués à eux-mêmes que ce qu’ils recherchaient avant tout, c’était du fun à plusieurs. Mais imaginons l’inverse, que vous cherchiez effectivement à devenir pro. Si votre second objectif est aussi de prendre du plaisir avec eux, et que c’est aussi leur cas. Est-ce que vous pensez réellement que vous allez leur dire qu’ils font trop d’erreurs, qu’ils doivent s’améliorer, pire encore, qu’ils doivent se remettre en question ? Vous voyez où je veux en venir ? Les joueurs pros sont là avant tout pour la performance. Ils s’entendront avec leurs partenaires car ils savent que ces derniers sont aussi là pour ça. Quand un partenaire leur fera une remarque sur leur jeu, ça ne leur posera pas autant de problème qu’à des joueurs qui ne cherchent que du plaisir.

« Je veux apprendre de chacune de mes défaites ET je veux jouer plus. »

Ici aussi, les joueurs ne comprennent pas, ils me parlent de complémentarité et ne voient pas en quoi c’est contradictoire. Pour voir la contradiction, il faut entrer dans les détails. Pour apprendre de chacune de vos défaites, vous devez faire des analyses de vos enregistrements. Pour jouer plus, vous devez lancer plus de parties. Si vous faites l’analyse de vos enregistrements, vous ne pouvez pas jouer plus. En effet, ces deux activités utilisent la même ressource qui est le temps. Inévitablement, vous serez insatisfait parce que vous ne jouerez pas assez selon vous, et que vos analyses seront bâclées si vous privilégiez le fait de jouer plus.

« Je veux monter le plus haut possible dans le classement ET continuer de sortir avec mes potes presque tous les soirs. »

Celui-ci a l’air plus évident, mais avant de vous expliquer je veux être clair sur mes intentions. À aucun moment, je ne dis qu’il faut tout sacrifier pour monter dans le classement, je dis simplement qu’il ne faut pas se fixer des objectifs qui utilisent les mêmes ressources. Encore une fois : ici, le temps. Si vous passez trop de temps à sortir, dites adieu à votre entraînement, ou à défaut, dites adieu à votre progression. Si vous passez trop de temps à l’entraînement, votre relation avec vos potes qui sortent tout le temps va forcément en prendre un coup. Choisissez clairement quelle facette de votre vie vous voulez mettre en avant, l’autre partie de vous sera passer au second plan. Ca ne veut pas dire que vous allez complètement la négliger, ça veut seulement dire que ce ne sera pas la priorité si un choix est à faire.

On retrouve généralement ce conseil avec un conseil assez vaseux sur le fait qu’il faut avoir une vie équilibrée pour réussir. C’est tout à fait vrai, il faut une vie équilibrée, mais il faut aussi éviter les conseils vaseux, les conseils vagues qui ne veulent rien dire. Encore une fois, vous n’avez pas besoin de vous sacrifier pour réussir. Mais vouloir deux choses qui sont contradictoires ne vous mènera qu’à une seule chose : de la frustration. Si vous mettez l’entraînement en avant, ne sortez pas avec vos potes les soirs d’entraînement. Si vous mettez vos potes en avant, dites-le clairement à vos équipiers qu’entre aller s’entraîner ou aller traîner avec vos potes, vous choisirez toujours vos potes, quitte à laisser votre équipe en plan. Vous leur devez la vérité, vous leur devez d’être honnête ou alors ne rejoignez pas du tout une équipe qui a des ambitions si c’est pour faire seulement ce que vous voulez.

« Je veux mettre en avant ma carrière professionnelle / mes études ET monter le plus haut possible dans le classement. »

Celui-ci est un objectif contradictoire pour les mêmes raisons que précédemment, vous allez manquer de temps. Ça paraît assez évident que c’est complètement contradictoire, mais voilà pourquoi la majorité des joueurs ne le verront pas de cet œil : mettre en avant sa carrière professionnelle, c’est bien, monter le plus haut possible dans le classement, se dépasser, c’est bien. Deux objectifs extrêmement bien vus par notre société, ça a l’air méga bien. Sauf que non, c’est complètement de la merde à cause du manque de temps.

En conclusion, laissez-moi vous dire exactement ce que vous allez retirer d’une situation où vous avez des objectifs contradictoires. Tout d’abord, ça va générer beaucoup d’inquiétudes chez vous. Parce que vous ne serez jamais satisfait par une facette ou par l’autre, vous passerez votre temps à essayer d’avoir les deux et vous n’aurez ni l’un ni l’autre. Votre santé physique et mentale en prendront un coup : toutes ces inquiétudes généreront du stress, ce qui vous épuisera. Vous passerez votre temps à râler, à ruminer et vous ne trouverez jamais de solutions à votre problème. La frustration ne sera alors plus très loin et vous commencerez à faire du surplace sans jamais vraiment savoir pourquoi.

Ne vous faites donc pas avoir par des objectifs contradictoires, sous prétexte qu’ils sont bien vus par notre société, sous prétexte que vous les avez estimés comme bons pour vous. Posez-vous la question de comment bien réussir dans chaque objectif que vous vous êtes fixé. Si les ressources à utiliser sont les mêmes, ce sont des objectifs contradictoires et vous devrez passer l’un des objectifs en secondaire. Attention encore une fois, vous n’êtes pas obligé de le sacrifier, mais il n’aura jamais la priorité sur l’autre objectif.

Avant d’aller plus loin, faisons un petit résumé de ce que l’on vient de voir. Je pense que vous pouvez maintenant comprendre où je voulais finalement en venir avec toutes les informations que je vous aie données au début. Allez reprenons. D’abord, je vous ai parlé de l’effet de permission, ce sentiment très puissant qui nous autorise à satisfaire nos besoins à très court terme, en sacrifiant notre objectif à long terme. Cet effet se déclenche juste après que nous ayons fait une bonne action. Typiquement, vous vous autoriserez à aller au McDo après une grosse séance de sport. Cet effet va détruire votre motivation au fur et à mesure que vous en êtes victime. En effet, une fois que vous aurez retrouvé vos esprits, vous vous rendrez compte que vous avez complètement craqué et vous vous sentirez très mal. Ce jugement moral sur vous-même qui est de vous dire que vous êtes quelqu’un de mauvais, vous drainera encore plus d’énergie, encore plus de volonté. Résultat, vous n’aurez plus grand-chose en réserve pour vous remettre en question et progresser. Puis, nous avons vu que cet effet de permission entraînera la création d’objectifs contradictoires. Je veux m’entraîner comme un fou ET m’amuser en même temps. Nous avons vu plusieurs cas d’objectifs contradictoires qui n’en avaient absolument pas l’air à première vue. Enfin, je vous ai donné les effets d’avoir des objectifs contradictoires : vous allez commencer à générer des inquiétudes, vous passerez votre temps à ruminer, à vous plaindre de ne pas atteindre vos objectifs (au passage, c’est impossible étant donné qu’ils sont contradictoires). Si la situation persiste, votre santé mentale et physique en prendront un coup, vous commencerez à tout voir de façon négative, car vous n’arrêterez pas de vous dire que vous ne faites que des choses mauvaises et vous finirez par faire l’association que vous êtes quelqu’un de mauvais, quelqu’un qui ne mérite pas de réaliser ses rêves.

Je pense que vous réalisez ici que je commence à parler d’obstacles qui font des dégâts immenses sur nous et qui nous enlèvent immédiatement toutes nos chances de nous améliorer. Dans quelques instants, je vais vous parler d’une erreur classique que l’on retrouve le plus souvent chez les youtubeurs et les streameurs qui les empêchent de progresser et qui génèrent énormément de frustrations chez eux. Mais avant, je dois vous parler de vous, je dois vous parler des joueurs de jeux vidéo compétitifs en ligne qui galèrent à progresser dans le classement et au-delà.

On arrive ici dans une partie plutôt difficile à encaisser. Je vais aborder la honte et la culpabilité et ses effets sur nous. N’hésitez pas à mettre pause si j’aborde des sujets beaucoup trop sensibles pour vous. Avant que vous n’écoutiez le reste de la vidéo, je veux insister sur le fait que si aujourd’hui vous stagnez, c’est à cause d’une mauvaise méthode que vous utilisez et pas parce que vous ne valez pas le coup, pas parce que vous n’êtes pas assez bon. Si je vous dis ça, c’est justement parce que la honte et la culpabilité vous pousseront à croire exactement ça et que ça va générer un cercle infernal que vous n’arrêterez pas de parcourir et qui ne vous apprendra strictement rien.

La honte et la culpabilité sont deux sentiments dont on se passerait bien. Notre réflexe, quand nous éprouvons ces sentiments est de vouloir s’enfuir, de vouloir se cacher, de vouloir trouver un bouc-émissaire. Nous sommes prêts à tout, y compris à nous mentir à nous-mêmes si ça nous permet de ne pas avoir à éprouver ces sentiments. À chaque fois que l’on réfléchira au problème qui nous angoisse, on sera sur la défensive, on essaiera de se justifier et ce sera encore plus le cas si c’est quelqu’un d’autre qui nous demande d’en parler.

Le résultat de cette volonté de fuir, nous empêchera de faire des analyses de la situation. On ne veut pas avouer que l’on n’est peut-être pas à la hauteur, qu’il y a encore des choses à travailler, alors on va faire ce que l’on sait faire de mieux : mettre la tête dans le guidon et pédaler aussi vite que possible. Chez les joueurs de jeux vidéo, ça veut dire que vous allez commencer à aligner les heures de jeux. Au lieu de regarder ce qui ne va pas, de saisir l’étendue du problème, de réaliser notre responsabilité dans la situation, on va faire comme si de rien n’était et on va espérer qu’en poussant un peu plus fort le problème se réglera tout seul.

Évidemment, si vous êtes reposé, au calme, si vous regardez cette vidéo tranquillement, vous réaliserez à quel point il est stupide de penser que tout se réglera tout seul. Mais vous devez vous remettre dans l’état mental où vous êtes quand vous doutez de vous-même, quand vous avez honte de votre manque de résultats, quand vous vous sentez coupable de ne pas y arriver. Quand vous êtes dans cet état, vous avez l’impression que si vous avouez que vous n’êtes pas à la hauteur, alors votre monde s’écroulera. Je veux que ce soit clair, il n’y a absolument rien de mal à dire que l’on n’est pas à la hauteur tout de suite, à dire que l’on a encore beaucoup de choses à apprendre et à s’avouer qu’on ne sait pas forcément ce qu’il faut faire. C’est la honte et la culpabilité qui donnent énormément de pouvoir à vos faiblesses et qui vous empêchent de regarder la réalité en face. Encore une fois, ce n’est rien de grave, on passe tous par là.

Malheureusement pour vous, vous aurez très rarement un regard reposé sur votre situation. Quand elle se reproduit, immédiatement vous ressentirez la honte et la culpabilité qui commence à se construire chez vous. Parce que vous ne pouvez plus analyser la situation, vous ne ferez qu’attention à une seule chose : le résultat. Chez les joueurs de jeux vidéo, ça se traduit par jouer la gagne. À chaque fois que vous perdrez, vous vous jugerez moralement comme quelqu’un de mauvais. Vous vous poserez des questions extrêmement difficiles sur vous-même, comme par exemple : « est-ce que je mérite réellement de réussir ? » « Est-ce que j’ai vraiment ce qu’il faut pour réussir ? »

Parce que vous êtes cerné par le doute, parce que vous stagnez dans le classement, vous ne pourrez pas réfléchir convenablement et réaliser que le problème vient bien de vous, mais qu’il n’a aucun rapport avec votre valeur. Je le répète ici, c’est simplement un problème de méthode et le fait que vous soyez tombé dans un piège. Alors pour éviter de réfléchir, parce que vous tombez toujours sur le jugement moral quand vous réfléchissez et que vous êtes cerné par le doute, vous ferez tout ce qui est possible pour arrêter de réfléchir. Pour les joueurs de jeux vidéo, vous allez enchaîner les parties sans jamais réfléchir. Certains joueurs ne s’en rendent même pas compte. J’ai demandé une fois à un joueur que je coachais de noter tout ce qu’il pensait pendant que le jeu essayait de lui trouver la prochaine partie classée. Sincèrement, ses jugements moraux étaient extrêmement sévères envers lui-même et si vous stagnez dans le classement, je pense que ce sera aussi le cas pour vous. Je le répète encore une fois, ces jugements moraux n’ont aucun sens et ils ne reflètent en rien votre valeur.

Vous vous en doutez bien, jouer sans réfléchir ne fonctionnera pas et vous serez condamné à stagner dans le classement et à vous répéter en boucle ces jugements moraux qui vous épuiseront et qui vous empêcheront d’en sortir. Quand je parle de stagner, je parle aussi du fait de faire un yoyo avec son classement, il peut arriver à n’importe qui de prendre 300 points dans le classement et de les perdre la semaine suivante. Pour monter dans le classement, vous devez pouvoir maintenir votre niveau et pas seulement faire du yoyo.

Ce que je suis en train de décrire ici ne touche pas que les joueurs de jeux vidéo. Ce phénomène touche absolument toutes les personnes qui se lancent des objectifs audacieux, mais qui à un moment ou à un autre se mettent à caler. Parce qu’ils ne comprennent pas la situation, parce qu’ils n’arrivent pas à prendre du recul, les jugements moraux vous sauteront dessus et ça peut faire énormément de dégâts sur votre santé mental.

Ce phénomène arrive très souvent chez les youtubeurs et les streameurs par exemple. Beaucoup d’entre eux pensent que pour réussir, il suffit d’aligner les heures, faire des vidéos, faire du stream. Alors quand ça fait presque six mois qu’ils sont à huit heures de stream par jour et qu’ils n’ont pratiquement pas d’abonnés, pratiquement pas de followers, ils se mettent à parcourir ce cercle infernal de la honte et de la culpabilité que j’ai décrit juste avant. Il y a généralement deux issues possibles : la première étant l’autodestruction, le streamer ou youtuber arrive à se convaincre qu’il n’a rien d’intéressant et qu’il ne mérite pas le succès ; la deuxième voie est de justement s’en prendre aux autres, de considérer que le monde entier n’est fait que de moutons incapables de voir la valeur de ce streamer, de ce youtubeur et que le succès ne repose finalement que sur de la chance. L’un comme dans l’autre, la personne est extrêmement loin de la réalité et elle ne réalise pas que son problème est tout simplement un problème de méthode.

On vient de voir le dernier piège majeur que je voulais vous présenter, je vous propose de faire un petit bilan avant de passer aux éléments qui vont vous permettre de passer le cap, vous améliorer et vous construire. On a parlé ici de la honte et de la culpabilité, le simple fait d’en parler chez les joueurs que je coach suffit à leur raviver des souvenirs de très mauvaises soirées, qui ont été particulièrement douloureuses. Si ça a été le cas aussi pour vous, je m’en excuse, mais j’espère aussi que vous avez réussi à dépasser la douleur et à comprendre que le message que je voulais vous transmettre ici, c’est que vos jugements moraux dans ces moments, n’ont absolument aucune valeur. C’est simplement un problème de méthode. Donc pour résumer : la honte et la culpabilité vous pousseront à fuir, à ne pas analyser la situation. Pour éviter d’y réfléchir, vous allez commencer à aligner les heures de jeux pour rester occupé et ne penser à rien. Sauf que voilà, pour progresser dans le classement, il faut nécessairement analyser ce qui ne va pas dans son jeu et trouver des solutions. Et évidemment, parce que vous ne le faites pas, vous ne progresserez pas. Au calme, quand vous êtes reposé, l’explication que je viens de vous donner est très simple à comprendre. Mais quand vous êtes dans le doute, quand vous ressentez la honte et la culpabilité, vous allez au contraire ne plus pouvoir réfléchir et vous vous baserez uniquement sur vos jugements moraux. Je le répète encore une fois, ces jugements moraux n’ont aucune valeur.

Dans un instant, nous verrons ensemble comment prendre du recul sur la situation et se sortir de ce cercle infernal. Je vous partagerai la méthode que j’utilise afin de dépasser ces jugements moraux et utiliser l’énergie économisée pour la rediriger vers quelque chose de constructif qui me permet de progresser. Mais avant, je dois vous expliquer les principes fondamentaux sur lesquels on va se reposer. Vous allez voir, ce n’est pas bien compliqué, alors suivez-moi.

Je vais me baser sur cinq éléments fondamentaux pour vous faire sortir de cette dynamique de manière durable et vous permettre de reprendre l’entraînement sereinement.

Premier pilier : une erreur de méthode

J’espère que vous l’avez compris avec toutes les explications que je vous ai données, si vous stagnez aujourd’hui dans le classement, ce n’est pas parce que vous n’êtes pas assez bon pour progresser, ce n’est pas parce que vous ne méritez pas de progresser, c’est simplement parce que vous utilisez une méthode qui ne marche pas. J’ai conscience que vous avez la conviction de faire tout ce qu’il faut, mais j’espère qu’à travers mes explications vous avez pu comprendre que notre éducation, que nos réflexes que la société nous a demandé de développer sur le bien et le mal sont justement les raisons pour lesquelles vous n’arriverez pas à progresser.

Personne ne naît doué pour quelque chose, il faut toujours du travail. Quand je parle de travail, je ne parle pas seulement du fait de faire des efforts, il faut aussi que ces efforts soient dirigés dans la bonne direction. Vous devez identifier vos faiblesses, identifier vos erreurs, élaborer des pistes de solutions et ensuite les mettre en pratique pour comprendre, pour apprendre. Première chose à faire : oubliez toutes les vidéos du type : « utilise cette astuce à deux balles et toi aussi monte Master sans forcer. » Ce sont justement des vidéos qui renforcent votre méthode actuelle, votre croyance qu’il suffit de jouer plus, que votre problème est que vous faites un clic gauche ou un clic droit au mauvais moment.

Deuxième pilier dont vous allez abuser : admettre rapidement que vous avez eu tort et la cohérence

S’il y a bien une chose qui vous empêche de progresser aujourd’hui, c’est votre capacité à toujours trouver des raisons extérieures qui expliquent vos défaites, ce n’est jamais votre faute. Quand vous adoptez cette posture, tout ce que vous essaierez de démontrer par la suite, c’est que ce n’était pas votre faute. En faisant ça, il sera extrêmement difficile pour vous de faire marche arrière et de dire que finalement vous étiez aussi responsable.

En effet, dans notre société, nous évaluons la force d’une personne par sa cohérence. Les personnes qui sont fortes agissent tout en respectant ce qu’elles disent. Si un homme politique change d’avis sur une question difficile, on le qualifiera de girouette. A l’inverse si le même homme politique conserve la même opinion, même en apparence, envers et contre tout, on parlera de lui comme d’un homme fort qui a des convictions. Pour me répéter, c’est ce que l’on appelle la cohérence.

Heureusement pour nous, la cohérence marche dans les deux sens. Si après une défaite, vous n’êtes pas convaincu que vous étiez responsable de cette défaite, ou à défaut que vous avez au moins joué un rôle dans le fait de perdre cette partie, vous pourrez utiliser la cohérence à votre avantage. Avant même de laisser cette petite voix dans votre tête, vous convaincre que tout était la faute de vos équipiers, dites haut et fort : « c’est ma faute, j’ai une part de responsabilité dans ce résultat, j’ai sûrement fait des erreurs. J’ai des choses à améliorer dans mon jeu. » Répétez cette phrase autant de fois que nécessaire jusqu’à faire taire cette petite voix qui vous dit que ce n’était pas votre faute. La cohérence vous donnera ici l’impulsion nécessaire pour vous remettre en question, pour aller chercher vos erreurs. Moi-même, j’use et j’abuse de cette méthode pour faire les choses difficiles que ce soit au travail ou dans ma vie personnelle. Une fois que vous avez saisi la mécanique, je vous invite à l’utiliser pour tout ce qui est important pour vous.

Attention, ici il ne s’agit pas de s’apitoyer sur son sort, de se dire c’est ma faute, je ne suis qu’une merde. N’oubliez surtout pas la dernière partie de cette phrase que vous devez vous répéter : « j’ai des choses à améliorer dans mon jeu. » Sans cette dernière partie, les jugements moraux vous tomberont dessus. À la place, concentrez-vous sur cette dernière partie et allez chercher vos erreurs, allez chercher ce que vous auriez pu faire de mieux.

Troisième pilier : n’essayez pas de contrôler vos émotions, changez plutôt votre façon de voir les choses

L’erreur typique que je constate chez les joueurs de jeux vidéo, quand ils essayent de redresser la barre, après une défaite cinglante par exemple, c’est d’essayer de contrôler leurs émotions. En gros, ils sont au fond du trou et leur technique consiste à se dire : « arrête d’être triste, sois heureux ». Au cas où vous ne le sauriez toujours pas, nos émotions ne marchent pas de cette façon. Si c’était aussi simple, il n’y aurait pas de dépression, il n’y aurait pas de tristesse, il n’y aurait que de la joie.

Au lieu d’essayer de contrôler vos émotions, changez plutôt votre façon de voir les choses, votre façon d’interpréter ce qui vient de se passer. Il faut le faire sincèrement pour que ça marche, il faut que vous y croyiez dur comme fer. Quand vous êtes au fond du trou, vous aurez tendance à être très dur avec vous-même, je vous propose ici de justement faire l’inverse, d’être indulgent. Il ne sert absolument à rien de vous flageller alors que vous êtes déjà au sol. Au contraire, c’est là que vous avez besoin de soutien et c’est là que vous avez besoin d’énergie pour continuer d’avancer. Je vous demande aussi de ne pas tomber dans le piège du jugement moral, « on était tellement nul dans cette partie, on n’a rien fait du tout ». Ce genre de remarques est totalement inutile et surtout complètement faux.

La première chose que j’apprends aux joueurs qui ont accès au coaching avancé, c’est justement de redéfinir ce qu’est une défaite. Pour beaucoup de joueurs, une défaite c’est quelque chose de mal et c’est tout ce que ça représente. Voyez comment le jugement moral ici est présent et qu’il ne vous pousse pas à aller plus loin.

Mais voilà, absolument aucun joueur, quelle que soit sa discipline, ne perd jamais. À un moment ou à un autre, il connaîtra la défaite. Il faut donc obligatoirement savoir gérer cette défaite. Ici, vous allez changer votre façon de voir les défaites. Évidemment, vous n’allez pas le faire n’importe comment. Vous allez le faire de façon que cette défaite vous donne l’envie de continuer, qu’elle vous donne l’envie de progresser plutôt que de simplement vous mettre au fond du trou.

Je vais donc vous faire un petit cadeau ici, je vais vous donner ma définition d’une défaite : « une défaite est un incroyable cadeau que me fait mon adversaire. Son cadeau se résume par : tu sais jouer, mais il y a encore des failles dans ta façon de jouer. Ici, je t’ai montré une faille qui m’a permis de gagner. En comblant cette faille, tu deviendras un meilleur joueur. »

Voyez comment cette définition ne laisse pas de place à l’apitoiement, au jugement moral. Cette définition m’aide à rester centré sur mon objectif qui est de m’améliorer. J’en profite aussi pour lever toutes les sources négatives potentielles qui m’empêcheraient de me lancer dans cette quête de trouver mes erreurs, de trouver des solutions et de les appliquer.

Vous pouvez évidemment utiliser cette méthode pour définir toutes les choses qui sont négatives et qui se répètent très souvent dans votre vie. Si vous voulez devenir meilleur, si vous voulez vous dépasser, vous ne pouvez pas vous permettre de laisser ces pièges sur votre chemin qui vous tirent au fond du trou.

Répétez cette définition, analysez chaque mot jusqu’à bien saisir tout ce que cette définition implique sur votre façon de gérer une défaite. Faites-le jusqu’à ce que vous y croyiez dur comme fer. Ça vous demandera du temps, ça vous demandera de mettre votre ego de côté, mais vous verrez tout de suite la différence.

Quatrième pilier : une mauvaise définition de ce que sont les obstacles. Transformez-les en opportunités

Ce pilier peut être vu comme la continuité du pilier précédent. Pourquoi seulement se limiter à changer la définition des choses négatives ? Pourquoi ne pas carrément changer la définition de choses qui font partie de notre quotidien, qui ne génère pas forcément de souffrance mais qui nous ralentissent dans l’atteinte de nos objectifs ? Plus vous serez ambitieux et plus vous serez amené à dépasser des obstacles différents. Pour les dépasser, vous devrez monter en compétence, apprendre à gérer de nouvelles problématiques, apprendre de nouvelles méthodes, de nouveaux principes.

En effet, ce ne sont pas les obstacles qui sont douloureux en eux-mêmes, c’est le fait qu’on ne sache pas comment les gérer et qu’on les gère donc souvent très mal. Ce sont les conséquences de cette mauvaise gestion qui créent de la souffrance.

Prenons un exemple, vous jouez le poste de tank sur un certain jeu. Un nouveau personnage de type tank sort et vos équipiers vous demandent d’apprendre à le jouer parce que soi-disant, il est trop fort. Sauf que voilà, vous avez déjà essayé et vous n’aimez pas du tout son gameplay. Vous voilà face à un obstacle. De manière générale, vous éprouverez toujours de la résistance au changement, sauf si… vous changez votre façon de voir le changement. Au lieu de vous dire qu’il faudra réapprendre un gameplay,  apprendre une mécanique qui ne vous plaît pas forcément, vous pouvez voir cet obstacle comme une chance incroyable pour vous de créer la différence pour votre équipe, d’utiliser les outils que vos adversaires n’ont pas forcément appris à contrer pour tirer votre épingle du jeu et permettre à votre équipe de prendre l’avantage. Si au lieu de seulement retenir la souffrance quand vous êtes face à un obstacle, vous arriviez aussi à voir l’opportunité qui est caché, je peux vous assurer que plus jamais vous n’hésiterez à sauter le pas.

Si pour une raison ou pour une autre, ce personnage ne vous plaît tout simplement pas ou vous ne le trouver pas si fort que ça, dites-le clairement à votre équipe pour que vous puissiez décider ensemble de la suite des événements. Mais la dernière chose à faire est de promettre à votre équipe que vous allez le faire alors que vous savez pertinemment que vous ne le ferez jamais. Simple question de respect envers vos équipiers.

Avant d’aller plus loin, petit retour sur terre : je ne vais pas vous emmener dans le monde des bisounours, gérer le changement, gérer la nouveauté est assez difficile, il y aura à un moment ou à un autre de la souffrance. Ce que vous voulez faire, c’est aussi changer la définition de la souffrance en elle-même. Bien sûr, dans la souffrance, il y a la part désagréable, et d’ailleurs, la majorité des gens ne retiennent que ça. Mais il faut que vous compreniez rapidement, que pour progresser vous avez besoin de plaisir, mais aussi de souffrance. Le fait même de progresser signifie que vous sortez de votre zone de confort. Par définition, l’extérieur de votre zone de confort est désagréable, mais c’est aussi la seule zone où vous pouvez progresser, devenir meilleur. En changeant la signification de cette souffrance, en mettant de côté la partie désagréable, je veux que vous réalisiez que cette souffrance est la meilleure opportunité pour vous de progresser. Quand vous saurez gérer cette nouvelle zone de confort, la souffrance disparaîtra pour laisser place au plaisir.

Cinquième pilier : abandonner n’est pas un synonyme d’échec

S’il y a bien une chose que notre société déteste, ce sont les personnes qui décident d’abandonner. Peu importe leur raison, si une personne abandonne, c’est un lâche. La société préférera mettre en avant des gens qui ont continué de faire des efforts mêmes s’ils allaient droit dans le mur, plutôt que d’essayer de comprendre pourquoi il valait mieux abandonner certains projets.

Je pense que vous comprenez maintenant pourquoi, étant donné que nous avons parlé précédemment de la place de l’effort dans notre société. Ici, vous avez une manifestation extrême de ce culte que la société voue à la notion d’effort, à la notion de travail.

Sachez qu’il n’y a rien de mal à abandonner, si vous réalisez que tous les efforts que vous êtes en train de déployer n’en valent pas la peine, ou si vous vous rendez compte que la récompense que l’on vous a tant promise ne vous satisfait pas. En effet, vous devez sortir de ce schéma qui vous pousse à faire des efforts pour faire des efforts. Parce que les efforts sont bien vus dans notre société, le fait d’en faire fera de vous quelqu’un de bien à ses yeux. Ce que vous ne réaliserez pas tout de suite, c’est que ces efforts n’auront aucun sens pour vous et que vous n’aurez fait que perdre votre temps.

Si je vous parle de ce pilier, c’est parce que j’ai parlé précédemment des objectifs contradictoires. Vous réaliserez qu’à chaque fois que vous avez des objectifs contradictoires, vous avez d’une part, ce que vous voulez réellement faire, et d’autre part, ce que la société, ce que les autres aimeraient que vous fassiez. Il y a d’un côté ce que vous voulez être et de l’autre ce que vous voulez que les autres voient en vous. Restez bien concentré sur ce qui est important pour vous, car il y aura toujours des râleurs, il y aura toujours des gens qui pensent que ce que vous faites est nul, que vous êtes nul. Alors, il ne sert strictement à rien de travailler pour rendre les autres contents.

Voilà, j’espère que le mot abandonner ne sera plus tabou pour vous, même si j’ai parfaitement conscience que ça prendra du temps. Sachez que si vous faites quelque chose et que ça vous rend malheureux, vous devez trouver un moyen d’abandonner et de vous concentrer sur ce qui est important pour vous. Sans ça, votre vie sera creuse et vous ne saurez même plus pourquoi vous faites ce que vous faites.

Un dernier résumé pour la route, je veux au moins que vous reteniez, même si c’est d’une façon grossière, les 5 piliers qui vous permettront de vous sortir de cette situation dans laquelle vous êtes bloqué. Premier pilier : vous bloquez parce que votre méthode n’est pas efficace, pas parce que vous n’êtes pas quelqu’un de bien. Deuxième pilier : après un échec, une défaite, admettez immédiatement que vous avez une part de responsabilité et que vous voulez trouver une solution. Faites marcher la cohérence pour vous, plutôt que contre vous. Troisième pilier : n’essayez pas de contrôler vos émotions, changez votre façon de voir les choses. Donnez de nouvelles définitions aux événements négatifs pour vous permettre de réaliser la chance que vous avez et pour vous donner la force de progresser. Quatrième pilier : Faites de même pour les obstacles qui ne sont pas forcément source de souffrance, mais qui vous ralentissent dans l’atteinte de vos objectifs. Cinquième et dernier pilier : abandonner n’est pas synonyme d’échec. On peut abandonner un projet pour de multiples raisons et c’est parfois la meilleure chose à faire.

Passons maintenant à la méthode. Vous l’aurez compris ici, l’obstacle que forme la honte et la culpabilité vont détruire votre motivation, vous videz de votre énergie et donc vous empêcher de progresser. La méthode que je vous propose ici aura donc pour but de vous débarrasser de tous les éléments qui vont vous plomber tout en maximisant votre motivation et vous permettre de vous accrocher quand ce sera difficile.

La méthode que je propose ici est double : il y a d’abord une partie qui ressemble beaucoup plus à de la prévention où je vous présenterai mes techniques pour ne pas tomber dans les pièges. Puis, il y aura une partie qui sera du soin et qui consistera justement à vous donner les éléments indispensables pour sortir d’un piège dans lequel vous seriez tombé.

Il est très important de comprendre les principes sur lesquels cette méthode va reposer, alors si vous avez mal compris quelque chose dans les explications, n’hésitez pas à retourner aux 5 piliers que j’ai présentés à l’instant, pour bien comprendre ce que je voulais dire. Si vous avez bien compris les principes, vous appliquerez la méthode correctement. À l’inverse, si vous n’avez pas compris les principes, peu importe la méthode que je vous donnerai, vous n’aurez aucune chance de l’appliquer correctement.

Voyons ensemble la première partie de la méthode qui vous permettra de vous débarrasser de la honte et de la culpabilité. J’espère que vous avez compris que ces deux sentiments n’ont absolument aucun effet de motivation sur nous et qu’ils ne font que nous vider de notre énergie, de notre volonté.

La première erreur à éviter quand vous ferez vos parties classées est de jouer la gagne. Quand vous êtes dans cette optique de jouer la gagne, seul le résultat compte. Dans cette optique du résultat, le jugement moral ne sera jamais loin. Si vous avez perdu, vous vous direz que vous êtes mauvais, ce qui vous fera ressentir de la honte et de la culpabilité. À la place de jouer pour gagner, jouez pour vous améliorer. Pour faire ça, ne lancer absolument aucune partie sans avoir un exercice clair en tête. Si votre exercice consiste à améliorer votre positionnement, vous devez établir clairement les positionnements à prendre et dans quelles situations. Si vous n’avez pas déjà fait le travail de réflexion avant de lancer la partie, inévitablement, vous jouerez pour gagner, car c’est votre méthode de jeu par défaut.

La deuxième erreur à éviter est d’émettre des jugements moraux, c’est-à-dire d’éviter de dire c’est bien, ou ce n’est pas bien. Cet exercice est particulièrement difficile, car comme vous le savez maintenant, nous pouvons émettre des jugements moraux pour absolument tout et n’importe quoi. Vous avez pris deux fois du dessert, c’est pas bien. Vous avez monté l’escalier au lieu de prendre l’ascenseur, c’est bien. Ici, il faut replacer les choses dans son contexte. Vous êtes dans un milieu compétitif, il sera très difficile d’évoluer, vos adversaires feront tout pour provoquer des erreurs chez vous. Tous ces éléments font que vous avez de très grandes chances de faire des choses qui sont mauvaises d’un point de vue moral, comme perdre par exemple. Et à force de vous dire toute la journée que ce que vous avez fait a été mauvais, inévitablement vous allez associer ces éléments qui sont mauvais avec votre propre personne. En clair, vous n’arrêterez pas de vous dire que vous êtes quelqu’un de mauvais, que vous n’en valez pas la peine. Ce qui est totalement faux. Donc détruisez tous les jugements moraux que vous pourrez repérer. Il serait tentant de ne garder que ceux qui sont positifs, vos bonnes actions, mais nous avons vu précédemment que ça mène droit au narcissisme. Vous serez convaincu que vous êtes un dieu vivant. Vous serez incapable de voir vos erreurs, ça sera toujours la faute des autres. Les jugements moraux positifs, comme ceux qui sont négatifs sont tout autant néfastes pour vos performances.

La troisième erreur est de penser que vous échouez par un manque d’effort. C’est le proverbe stupide du : « quand on veut, on peut ». Vous n’êtes plus un gamin, si vous avez envie de progresser, vous avez déjà la volonté de le faire. Ce qui vous fera défaut ici, c’est la méthode que vous allez utiliser. Typiquement chez les joueurs de jeux vidéo, c’est votre tendance naturelle à jouer la gagne qui va provoquer l’échec chez vous. Quand vous jouez la gagne, vous ne faites aucune analyse de vos performances. Si vous jouez la gagne, je le répète, c’est que vous n’avez rien de précis à travailler. Donc, à chaque fois que vous n’arriverez pas à progresser, que vous n’arriverez pas à travailler sur votre exercice, trouvez pourquoi, trouvez à quoi vous pensez, trouvez le déclencheur qui vous pousse à jouer la gagne et débarrassez-vous-en.

La quatrième erreur est de penser que tout est une histoire de volonté. Ce n’est pas parce que vous faites des efforts, que vous serez naturellement récompensé. Des centaines de personnes, poussent chaque jour leur tour Eiffel sans jamais la faire bouger. Je sais que cette idée est très séduisante, de se dire qu’en faisant des efforts, n’importe lesquels, on sera automatiquement récompensé d’une manière ou d’une autre. Je le répète, c’est une idée complètement fausse. Ici, vous veillerez à ce que vos efforts soient dirigés vers la bonne direction et que votre rendement soit suffisamment important pour ne pas vous obliger à jouer pendant des heures pour vous améliorer d’un pourcent. Si vos exercices sont bien faits, s’ils sont précis, vous noterez des changements dans votre façon de jouer dès la première heure d’entraînement.

La cinquième erreur qui générera de la honte, de la culpabilité chez vous, c’est de se créer des objectifs contradictoires. Vous les reconnaîtrez assez facilement quand ces derniers ne seront pas alignés avec vos objectifs. Typiquement, un joueur de jeux vidéo qui souhaitent passer pro mettra en avant son entraînement, ses objectifs pour s’améliorer. Tous les objectifs qui sortent de ce cadre, qui ne lui permettront pas de devenir pro, seront par définition des objectifs contradictoires. L’objectif contradictoire le plus fréquent chez les joueurs qui veulent passer pro, c’est le fait de vouloir s’amuser pendant l’entraînement. Soyez honnête avec vous-même, souhaitez-vous réellement passer pro, souhaitez-vous réellement monter dans le classement ? Si c’est le cas, vous ne pouvez pas vous fixer comme objectif de vous amuser pendant l’entraînement. Attention, je ne dis pas que vous devez vous transformer en machine. Vous avez bien sûr le droit de vous amuser, et c’est même recommandé pour conserver un certain équilibre. Mais vous ne pouvez pas vous en servir comme d’un objectif, vous ne pouvez pas mettre l’amusement comme priorité alors que votre véritable priorité est de monter dans le classement. Rien ne vous empêche de vous amuser en dehors de l’entraînement.

C’est la fin de la première partie de la méthode qui est une approche préventive. C’est-à-dire que ce sont de nouveaux réflexes que vous allez devoir adopter pour ne pas tomber dans les pièges classiques que vous connaissez bien. Laissez-moi vous faire un petit résumé, vous n’aurez qu’à revenir légèrement en arrière pour avoir une description complète des différentes étapes.

Donc, pour se débarrasser de la culpabilité et de la honte qui vous démotiveront, vous devez, premièrement, ne pas jouer la gagne et avoir des exercices extrêmement clairs et précis à travailler afin de combler vos défauts. Deuxièmement, vous devez détecter et détruire tous les jugements moraux et seulement vous concentrer sur votre progression. Troisièmement, vous devez vous sortir de la tête que tout est une question de volonté. Si vous avez échoué, c’est un problème de méthode, pas un problème d’efforts. Quatrièmement, vous devez veiller à ce que vos efforts soient récompensés. Ce n’est pas parce que vous faites des efforts, que vous progresserez. Vérifiez que vous avancez bien dans vos objectifs, que vous êtes en train de combler vos défauts et que vous n’êtes pas juste en train de jouer pour gagner. Enfin dernier point, évitez de vous créer des objectifs contradictoires. Ça générera de la honte, de la culpabilité et des inquiétudes. Vous n’aurez alors plus d’énergie pour atteindre vos objectifs et vous ne ferez que jouer pour vous amuser afin de vous réconforter. Il n’y a rien de mal à se détendre, seulement ne vous le posez pas comme objectif si votre objectif premier est de progresser.

Passons maintenant à la deuxième partie de la méthode qui visera à transformer chaque obstacle, chaque souffrance que vous allez ressentir, en des opportunités inestimables. Ici, on prend l’hypothèse que vous êtes tombé dans un piège. Ce piège génère des émotions que vous devez apprendre à gérer si vous voulez progresser efficacement.

Premier élément à savoir gérer : vos erreurs, vos échecs. Pour chaque défaite, pour chaque mort de votre personnage, admettez immédiatement que vous avez mal joué, que vous avez eu tort, que c’est votre faute. Ne laissez surtout pas la petite voix dans votre tête vous faire croire que c’est encore une fois la faute à pas de chance, la faute de vos équipiers. Ici, vous voulez activer le pouvoir de la cohérence afin de vous faciliter la tâche pour trouver vos erreurs, trouver des solutions et les appliquer. En admettant dès le début que vous êtes fautif, pour rester cohérent, vous allez chercher de vous-même vos erreurs. Si vous laissez cette petite voix vous convaincre, pour être cohérent, vous allez vous déresponsabiliser et vous commencerez à faire n’importe quoi. C’est exactement ce que vous voulez éviter.

Attention, le but ici n’est pas de vous apitoyez sur votre sort. Au contraire, vous voulez dire « oui, c’est ma faute, je suis responsable et c’est à moi de trouver une solution. »

Abuser de la cohérence, pour créer un courant qui vous poussera dans la bonne direction et qui vous permettra de progresser, qui vous permettra de vous améliorer.

Deuxième changement à apporter dans votre façon de gérer la compétition, savoir gérer les moments difficiles. À certains moments, ce sera difficile, je ne vous le cache pas, ça sera même très difficile. Vous ressentirez des émotions qui sont très désagréables. Vous ne devez pas tomber dans le piège d’essayer de contrôler vos émotions. Ça ne fera que les amplifier, car les jugements moraux ne seront jamais loin. Ce que vous devez faire à la place, c’est noter exactement le contexte dans lequel cette émotion a été générée : est-ce que c’était après une défaite ? Est-ce que c’était après une remarque ? Est-ce que c’était après une mauvaise action ? Une fois que vous avez noté ce contexte, essayez d’exprimer la signification de cet événement pour vous. Pour prendre un exemple classique, la défaite. Pour un joueur lambda de jeux vidéo, la défaite est un signe concret de faiblesse. La défaite humilie le joueur qui en prend pour son ego, car ce joueur est souvent habitué à survoler les obstacles. Pour un joueur aguerri, qui veut passer pro, vous ne pouvez plus garder cette définition de la défaite. Vous devez changer cette définition pour en trouver une qui vous permettra de ne pas vous juger moralement, qui vous motivera, qui vous poussera à trouver des solutions et à les appliquer. Pour rappel, ma définition de la défaite, celle qui m’a permis d’atteindre des résultats en un temps record est la suivante : « une défaite est un incroyable cadeau que me fait mon adversaire. Son cadeau se résume par : tu sais jouer, mais il y a encore des failles dans ta façon de jouer. Ici, je t’ai montré une faille qui m’a permis de gagner. En comblant cette faille, tu deviendras un meilleur joueur. »

En résumé, n’essayez pas de contrôler vos émotions, changez plutôt votre façon de voir les choses afin qu’elles vous inspirent, plutôt qu’elles vous tirent vers le fond.

Troisième chose que vous devez développer pour accélérer votre progression : transformez tous les obstacles en opportunités. Rappelez-vous que pour progresser, il faut sortir de sa zone de confort. Ca veut donc dire que vous allez ressentir de la souffrance. La souffrance pour un joueur lambda est quelque chose à éviter, il faut la fuir, il faut se cacher pour ne pas ressentir cette souffrance. Aucun joueur n’est né exceptionnel. Il lui a fallu du travail et il a dû se remettre en question des centaines de fois, si ce n’est plus. La souffrance est nécessaire pour progresser. Personne n’est devenu le meilleur en se promenant les mains dans les poches. Précédemment, je vous avais demandé de changer la définition des moments difficiles. Pourquoi ne pas aller plus loin, changer la définition des obstacles qui vous ralentiront, même s’ils ne génèrent pas forcément de souffrance. Et pour les choses qui génèrent de la souffrance chez vous, changez la définition même de la souffrance. Je le répète, pour progresser, vous avez besoin du plaisir et de la souffrance. La souffrance n’est alors plus quelque chose à éviter, bien au contraire elle est votre ticket d’entrée pour le niveau supérieur.

Quatrième étape, l’une des plus difficiles : redéfinissez le concept même d’échec. Ici, nous rejoignons un peu l’exemple que j’ai donné pour la nouvelle définition de la défaite. Très souvent, dans les moments les plus importants : le contexte va exercer une pression sur vous. Les tournois et les compétitions en ligne sont très lourds de sens pour les joueurs. Il est même très fréquent que des jugements moraux soient émis à la fin de ces compétitions. Regardez tous les tweets de vos joueurs préférés quand ils n’ont pas les résultats attendus, quand ils se font sortir des tournois. Systématiquement, les joueurs se disent déçus de leur performance, souvent ils émettent un jugement moral sur eux-mêmes et ils disent plus ou moins explicitement qu’ils doivent donc faire plus d’efforts. Je pense que vous comprenez maintenant à quel point faire ces trois choses ne les aident en rien. C’est même généralement l’inverse, ça les démotive et ils ont envie de laisser tomber. Heureusement pour eux, de nombreux paramètres extérieurs les poussent à continuer : les sponsors, les coachs, l’équipe, les fans, etc. Vous n’avez pas toutes ces choses, alors ce que vous devez apprendre à faire, c’est de ne pas tomber dans les mêmes pièges et réussir à vous motiver vous-même. Le jour où vous aurez tout ça, votre puissance de feu sera décuplée.

Ici, vous allez redéfinir le concept même d’échec. L’échec est en fait le signal le plus clair et le plus visible que votre entraînement n’est pas encore suffisant. Attention, je n’ai pas parlé d’efforts, j’ai parlé de l’entraînement qui n’était pas assez bon. En analysant concrètement pourquoi vous avez perdu, vous arriverez aussi à déterminer comment est-ce que la faille qui était béante dans votre jeu a pu vous échapper. Vous découvrirez dans la plupart des cas que votre erreur a été de vous reposer sur une hypothèse qui était fausse. Typiquement, vous vous disiez des choses comme : « la seule façon pour que je perde, ça serait qu’il m’arrive X, mais ce n’est pas possible parce que Y ». Et systématiquement, vous perdrez exactement parce que ce que vous redoutiez est arrivé. Votre adversaire a en fait trouvé un moyen, auquel vous n’avez pas pensé, pour réussir à déclencher cet événement X qui est votre point faible et il a percé votre cuirasse. L’échec doit être une opportunité pour vous, d’améliorer votre entraînement entièrement.

Cinquième étape, l’une des plus motivantes, une fois que l’on a dépassé la première phase d’analyse : se trouver ses propres solutions à ses problèmes. Je sais que pour certains d’entre vous, vous vous dites déjà : « je n’y arriverai jamais, je n’ai jamais fait ça ». La raison pour laquelle vous ne l’avez jamais fait, est que vous étiez justement trop occupé à essayer de fuir vos responsabilités, à essayer d’échapper à des sentiments désagréables et que vous n’aviez donc plus d’énergie pour vous concentrer réellement sur comment dépasser ces obstacles. Vos solutions n’ont pas besoin d’être parfaites, c’est même d’ailleurs impossible. Même les solutions des joueurs pros sont issues de plusieurs tentatives de créer la meilleure solution possible. Et vous devez vous adonner à cet exercice qui consiste justement à réfléchir à comment est-ce que vous pourriez surmonter les obstacles qui se dressent devant vous. À chaque fois que vous trouverez une solution, vous la mettrez en œuvre et vous regarderez ce qui ne fonctionne pas. À chaque fois que vous trouverez un défaut, vous en profiterez pour trouver un moyen d’améliorer votre solution afin de ne plus perdre pour les mêmes raisons. Au fur et à mesure, vous vous rendrez compte que vos solutions prennent forme et qu’elles commencent même à être élégantes.

Cette étape vous permettra notamment d’arrêter d’être dépendant des vidéos à deux balles que l’on trouve sur YouTube qui vous promettent des résultats énormes en ne faisant presque rien. Évidemment, les conseils que l’on y trouve ne fonctionne jamais et elles ne tiennent jamais leurs promesses. Il est temps pour vous de prendre de la distance par rapport à ces vidéos et de commencer à construire votre propre niveau de jeu, votre game sense.

C’est la fin de cette deuxième partie de la méthode. Je vais vous faire un petit résumé, vous n’aurez qu’à revenir légèrement en arrière pour avoir l’explication en entier.

Pour rester motivé et avoir l’énergie nécessaire pour se remettre en question, voilà les cinq actions que vous devez entreprendre. Premièrement, pour chaque erreur de votre part qui conduit généralement à une défaite, à la mort de votre personnage, admettez immédiatement que vous êtes fautif et que vous devez chercher une solution. Parce que l’être humain adore être cohérent avec lui-même, et que c’est un signe de force dans notre société, vous serez déjà dans un courant qui vous poussera dans la bonne direction, vers la remise en question et la recherche de solutions. Deuxième action à mener, arrêtez d’essayer de contrôler vos émotions, changez plutôt votre façon de voir les choses. Déterminer d’abord quels sont les événements qui sont à l’origine de ces émotions négatives, ensuite redéfinissez-les de façon que ces événements vous poussent vers la remise en question, tout en vous débarrassant de tous les jugements moraux et de tous les sentiments négatifs. Troisième action à mener, transformez tous les obstacles en opportunités. Pensez à tous ces événements, toutes ses obligations, qui vous empêchent de vous concentrer uniquement sur votre mission. Et si au lieu de les voir comme des obstacles, vous pouviez les voir comme des obligations que vous devrez apprendre à gérer afin de faire votre métier plus tard. J’entends souvent les joueurs de jeux vidéo qui veulent passer pro, se plaindre d’avoir des devoirs, mais quand vous serez joueur pro, vous aurez aussi des devoirs. Apprendre à les gérer aujourd’hui, vous garantira d’avoir les bases pour les gérer plus tard. Ne retenez pas seulement la souffrance dans les obstacles, essayez d’en trouver des leçons. Redéfinissez même la définition de souffrance et voyez-la maintenant comme une condition nécessaire pour concrètement vous améliorer. Quatrième action à mener, utilisez vos échecs comme des signaux clairs que quelque chose ne va pas dans votre entraînement. Pour une raison ou pour une autre, vous n’avez pas su réagir à ce qu’a fait votre adversaire. Pour une raison ou pour une autre, votre entraînement vous a caché qu’il était possible de réaliser l’action décisive de votre adversaire. Enfin, pour une raison ou pour une autre, vous étiez convaincu que c’était impossible ou alors vous ne l’avez même pas vu venir. En menant l’enquête, vous découvrirez des hypothèses qui sont fausses dans votre façon de réfléchir, dans votre façon de créer vos propres stratégies. Ces nouvelles hypothèses vont peut-être créer de nombreux changements sur ce que vous pensiez être impossibles. Enfin, dernière action à entreprendre, une fois que vous avez trouvé vos erreurs, commencez à développer vos propres solutions. Vos solutions n’ont pas besoin d’être parfaites, d’ailleurs aucune solution utilisée par les joueurs pros ne l’est au départ, alors pourquoi essayer de faire des choses que même les meilleurs n’arrivent pas à faire ? Commencer par la solution la plus évidente pour vous. Puis, essayez d’en trouver des failles. Pour chaque faille, améliorez votre solution. Une fois que vous n’arrivez plus à détecter de failles, mettez-la sur le banc de test en l’utilisant face à de véritables adversaires. Vos adversaires ici, vous montreront que votre solution n’est pas parfaite. À chaque fois que ce sera le cas, renforcez encore votre solution pour la rendre toujours meilleure.

Cet obstacle dont j’ai parlé dans cette vidéo et qui s’est formé par la honte et la culpabilité, est de loin le plus dévastateur que je vous présenterai. Comme vous avez pu le remarquer, il s’attaque directement à votre motivation et vous empêche littéralement de vous remettre véritablement en question. Vous n’avez alors aucune chance de progresser. Parce que cet obstacle utilise des mécanismes qui sont profondément enracinés chez nous, par notre éducation, par la société, il sera très difficile pour vous d’en venir à bout. Vous devrez donc le faire petit à petit et ne pas être impatient. Par contre, je peux vous assurer une chose : au fur et à mesure que vous appliquerez les méthodes que je vous propose ici, vos performances sur le jeu, votre façon de voir les obstacles qui se dresseront devant vous, tout ça changera radicalement. Et il ne vous faudra pas longtemps avant de comprendre que vous pouvez utiliser les mêmes méthodes pour votre vie personnelle et professionnelle. Vous n’imaginez pas ce que vous pouvez accomplir, quand vous ne perdez pas systématiquement 70 % de votre énergie à essayer de gérer des émotions qui sont absolument inutiles et contre-productives.

J’ai conscience que certains points de la méthode que je vous propose sont en confrontation directe avec votre éducation. Si c’est trop difficile pour vous, n’hésitez pas à y revenir plus tard pour essayer sincèrement la méthode. J’espère qu’avec les explications que je vous ai données, ça vous suffira pour mettre en doute l’efficacité des méthodes que vous considériez comme efficaces.

4 réflexions au sujet de « Sixième obstacle qui vous empêche de progresser : « Je n’ai pas de talent » »

  1. laurent

    Au top comme tout le temps. Claire net précis. Le doigt est mis ou ça fait mal comme d’habitude. A chaque fois que je lis tes articles c’est comme si j’étais un aveugle qui recouvre la vue. Si j’arrivais a suivre au moins 50 % de tes conseils je serais au top !!! Continue a me surprendre !!!

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    1. Joseph Nguyen Auteur de l’article

      Quand je repense au fait que tous les guides que j’arrive à faire aujourd’hui, c’est grâce à tous ces joueurs, comme toi, qui m’ont fait confiance en me posant leurs questions, je te remercie !

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  2. Isatchignia

    Ton analyse parle certainement à des gameuses / gameurs mais en ce qui me concerne ce n’est pas le cas.
    J’adore les RPG mais il y a toujours un moment dans le jeu où le combat ( parce qu’il y a toujours des combats ) devient trop difficile pour moi et où je n’arrive plus à avancer.
    Au bout de beaucoup, mais vraiment beaucoup d’essais je finis par laisser le jeu et passer au suivant.
    Ce qui me gêne c’est de ne faire que 15 – 20% d’un jeu ou au mieux 50%.

    Actuellement je joue au Evil with in ( le 1 j’ai du arriver à 50% du jeu, j’étais contente et bam série d’ennemis impossible à vaincre. Tchao le jeu et le 2 allez à 40% même histoire )
    Moralité les jeux anciens sont moins difficiles ( quoi certains pcq les Tomb Raider …. ) car ceux nouveaux sont conçus pour des gamer même en niveau facile ils sont très difficiles.

    Je pense que les concepteurs pourraient inclure un paramètres à activer qui permette au bout de 50 essais de passer la scène afin de ne pas être bloquer.
    Nous ne sommes pas toutes et tous des gamer ( ou alors qu’il nous fasse payer que la moitié du jeu puisque ils savent que beaucoup n’iront pas plus loin )

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    1. Joseph Nguyen Auteur de l’article

      Bonjour à toi et merci pour ton commentaire !

      Excellente remarque, je suis du même avis que toi. Je n’hésite d’ailleurs pas à mettre un jeu en difficulté « raconte moi une histoire » plutôt que de mettre en mode normal par exemple.

      Clairement, il faudrait rajouter cette difficulté à tous les jeux au cas où quelqu’un n’aurait juste pas le temps de jouer autant pour « devenir assez bon ».

      Quand tu refais ces différents essais, est-ce que tu arrives précisément à identifier ce qui te pose problème ? Est-ce que c’est le geste technique demandé ? Est-ce que c’est la rapidité d’exécution qui manque ?

      Ou est-ce que tu es juste très frustré et tu t’agaces juste de ne pas y arriver ?

      Pour la totalité des gens que j’ai accompagnés, ils étaient plutôt dans le second cas. Du coup, il n’apprenait rien entre chaque essai et c’est pour ça qu’il restait bloqué.

      En identifiant clairement ce qui ne va pas, en découpant les éléments nécessaires pour surmonter l’obstacle, tu peux réussir à faire tout ce que tu souhaites. MAIS, ça implique à la base que de ton côté, tu voulais surmonter l’obstacle.

      Si tu veux juste vivre une histoire, n’hésite pas à mettre le jeu en « raconte moi une histoire » si la difficulté est disponible voire à regarder un walkthrough (quelqu’un qui joue à ta place et qui finit le jeu sans commentaire) pour que tu puisses voir l’histoire se dérouler sous tes yeux.

      Dans tous les cas, il n’y a aucune « mauvaise » façon de faire. Je suis extrêmement content que tu aies déjà réussi à identifier clairement ce que tu voulais d’un jeu et c’est déjà très bien.

      Passe une excellente journée et j’espère que tu trouveras plein de façon de vivre les histoires de ces différents jeux que tu as achetés.

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