[AD] Pourquoi les parties classées dans les jeux vidéo en équipe apportent-elles autant de frustration ?

de | 25 décembre 2017

Tout le monde a déjà connu ou plutôt vécu des parties classées frustrantes. Les raisons sont multiples : de mauvais équipiers, nos performances qui ne sont pas à la hauteur (même si on ne se l’avoue pas tout de suite), aucune coordination entre les membres, un équipier qui décide de laisser tomber parce qu’il n’a pas eu le personnage ou la position qu’il voulait. Bref, nous pouvons accepter de ne pas toujours gagner, mais il est toujours difficile d’encaisser de perdre pour des raisons futiles ou à cause d’un manque de « professionnalisme » d’un membre ou de la part de plusieurs membres de l’équipe. Si vous n’apprenez pas à gérer cela, rapidement vous allez créer une habitude chez vous, cette habitude réduira à néant vos chances de progressions. En effet, pour chaque défaite, vous ferez porter le chapeau à vos équipiers, au point où vous serez ensuite incapable de voir vos propres fautes. Concrètement, pendant les parties classées que vous avez perdues, vous considérerez que vous avez bien fait votre travail pendant que vos équipiers faisaient n’importe quoi. Ce raisonnement est la condition parfaite pour rester planté au même classement pendant des semaines, des mois, voire des années.

Dans cet article, je vais pointer du doigt les différents éléments qui créent cette frustration. Certains joueurs de jeux vidéo pensent que la frustration est bonne chose, qu’elle les fait avancer, il n’y a rien de plus faux. Bien au contraire, la frustration vous éloigne de tout ce qui est difficile, de tout ce qui est désagréable et donc elle vous éloigne de la possibilité de vous remettre en question, condition fondamentale si vous voulez progresser. En connaissant ces différents éléments créateurs de frustration, vous pourrez apprendre à les gérer, voir même à les ignorer ce qui vous fera économiser beaucoup d’énergie. Cette énergie, vous pourrez l’investir dans votre progression, dans votre amélioration et grimper dans le classement. Vous vous rendrez compte que si vous êtes resté au même classement pendant si longtemps, c’est uniquement de votre faute. En prenant l’habitude de vous considérer comme responsable de vos performances, vous commencerez à vous focaliser sur les éléments qui sont sous votre contrôle et qui sont déterminants dans la qualité de votre niveau de jeu. En offrant à chaque fois le meilleur de votre jeu, vos chances de gagner ne cesseront de s’accroître.

D’où vient principalement la frustration ? Les deux sources majeures de frustration

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Jeu vidéo : Overwatch, Hanzo. Source : wall.alphacoders.

La frustration née avant tout de notre désir de tout contrôler. Plus précisément, elle vient de notre volonté de contrôler même ce qui n’est pas contrôlable. Par contrôler, j’entends des éléments où vous avez presque un contrôle absolu. Nous avons bien sûr une certaine influence sur tous les éléments qui nous entourent, mais ce n’est absolument pas du contrôle. Si vous avez le contrôle d’une chose, vous pouvez déterminer le résultat de manière plus ou moins précise. Si vous n’avez pas le contrôle, peu importe l’énergie que vous allez déployer, vous ne ferez absolument pas pencher la balance.

La seconde source de frustration vient de nos attentes. Quand nous faisons quelque chose à plusieurs reprises, nous devenons meilleurs à chaque fois (du moins jusqu’à un certain point). En devenant meilleur, nous nous attendons à atteindre un certain résultat, ou plutôt un certain standard de résultat et donc d’avoir certaines conditions initiales qui nous permettront d’atteindre ces résultats.

La frustration dans les parties classées

Quand vous vous inscrivez, ou que vous faites la queue pour entrer dans une partie classée, vous avez non seulement un désir de contrôle très fort sur des choses incontrôlables, mais aussi des attentes très élevées sur le déroulement de la partie. La combinaison des deux, fera que vous n’accepterez tout simplement pas la possibilité de ne pas avoir les conditions parfaites pour atteindre le résultat que vous souhaitez, la victoire, ou à défaut, une défaite serrée.

Mais la réalité est bien loin de vos attentes. Par exemple, au moment de l’inscription, vous vous attendrez à avoir de bons équipiers, un bon jeu d’équipe, une bonne composition, un début de stratégie. Ne pas avoir tous ces éléments, créera de la frustration chez vous. Cette frustration vous empêchera d’accepter la réalité, elle vous empêchera d’accepter ce qu’est la norme. La norme, c’est d’avoir des équipiers qui ont simplement le même rang que, ils ne sont ni parfaits ni même proches d’être parfaits.

Il vous arrivera alors de perdre pour des raisons extrêmement banales, voire même des raisons infantiles, comme par exemple un équipier qui n’a pas le héros qu’il veut jouer et qui décide de rester planté à la base à ne rien faire. Cette personne n’est personne d’autre que vous-même une fois que vous avez atteint la frustration maximale. En effet, cette personne pense que si on lui laisse son héros, elle pourra à elle toute seule renverser la partie, soit contrôlé l’incontrôlable. Cette personne a donc des attentes énormes d’elle-même, mais aussi de son équipe qui doit être docile, qui doit se plier à ses volontés. Ne pas respecter ses conditions (qui sont inacceptables) créera énormément de frustration chez cette personne et elle décidera tout simplement de laisser tomber et rejettera la faute sur ses équipiers qui vont tenter tant bien que mal de jouer sans lui.

La réalité est ce qu’elle est et notre acharnement à ne pas l’accepter, aussi futiles soient les raisons ne nous apportera rien. Si vous continuez à vous accrocher à ce monde utopique où vos équipiers seront toujours à la hauteur, où vous serez vous-même toujours à la hauteur et/ou les mauvaises parties n’existent pas, vous finirez exactement comme la personne qui a décidé d’abandonner et de laisser ses équipiers dans la merde. Concrètement, vous ne retirez que de la frustration.

Notre cerveau n’est tout simplement pas équipé pour les problèmes du monde moderne

Si si peu de gens connaissent les sources de la frustration, c’est parce qu’avant tout notre cerveau n’est pas équipé pour lutter contre ces problèmes qui viennent du monde moderne. En effet, notre monde a beaucoup évolué ne serait-ce qu’en 100 ans. L’évolution elle, a besoin de plusieurs milliers d’années pour s’adapter à son environnement. Notre cerveau reste donc avant tout un héritage des hommes préhistoriques. La partie du cerveau qui va réagir quand vous éprouverez de la frustration ne visera absolument pas à analyser ce qui s’est passé. Votre cerveau vous poussera tout simplement à ne pas reproduire l’événement qui a créé cette frustration. Mais parce que vous n’avez absolument aucune idée de ce qui a créé la frustration (faute d’avoir pu analyser la situation), vous allez reproduire les mêmes erreurs. Devant cette incompréhension, votre cerveau va trouver des raisons susceptibles d’expliquer cette frustration. Parce qu’il veut que vous vous sentiez bien (principe de préservation), il aura une tendance naturelle à attribuer cette frustration sur les éléments extérieurs : vos équipiers dans notre cas.

Il faut aussi prendre conscience d’une autre mécanique de notre cerveau. Notre cerveau est très doué pour se souvenir des mauvaises expériences. Pour lui, une mauvaise expérience est souvent synonyme de danger. La partie de notre cerveau qui nous permet d’analyser les choses, n’est apparu que bien plus tard. Alors, face à un événement qui crée de la frustration chez nous, c’est la partie la plus primitive de notre cerveau qui va s’occuper de faire l’analyse. Pour cette partie primitive, il n’y a que deux choses : ce qui vous fait plaisir d’un côté et les choses désagréables de l’autre (on a déjà vu plus complexe comme analyse, il faut l’avouer).

Chaque fois que vous éprouverez quelque chose de désagréable suite à un événement, votre cerveau créera un nouveau chemin neuronal spécialement dédié à reconnaître cet événement et à y associer la réponse émotionnelle que vous éprouvez à ce moment-là. Par exemple si vous jouez souvent à des parties classées et que vous éprouvez la frustration, votre cerveau va créer un chemin neuronal dédié à cet événement. Chaque fois que vous répéterez ce schéma qui a crée de la frustration chez vous, votre cerveau va venir renforcer ce chemin neuronal, au lieu d’un chemin, vous y trouverez une route. Si vous continuez, au lieu d’une route, vous aurez une autoroute neuronale. Concrètement, vous éprouverez de la frustration de plus en plus rapidement et pour des raisons de plus en plus futiles. Vous créerez une habitude chez vous, l’habitude d’être frustré. Si vous allez encore plus loin, vous irez même créer jusqu’à un trait de caractère, c’est-à-dire que vos équipiers, ceux qui vous connaissent vous décriront comme quelqu’un de frustré. Il est extrêmement difficile de revenir en arrière une fois que vous avez créé un trait de caractère, c’est pourquoi il faut intervenir le plus rapidement possible pour apprendre à gérer cette frustration avant d’en arriver là.

Une méthode simple et efficace pour apprendre à gérer la frustration dans les jeux vidéo

J’ai déjà expliqué les sources de frustration et les deux mécaniques principales qui créent cette frustration. Votre but maintenant, sera de décrire avec précision quels sont les éléments qui créent cette frustration chez vous. Se dire que ce sont les choses incontrôlables qui vous créent de la frustration ne vous permettra pas de vous en débarrasser. Vous devez décrire précisément quand et comment naît la frustration chez vous. La méthode est la suivante :

  1. Listez tout ce qui échappe à votre contrôle et que vous essayez de contrôler pendant les parties ;
  2. Listez toutes les attentes que vous avez lorsque vous faites la queue pour faire une partie classée ;
  3. Pour chaque élément que vous avez listé, vous allez maintenant décrire une situation que vous avez déjà vécue et qui illustre parfaitement le mécanisme de frustration à l’oeuvre (tentative de contrôler l’incontrôlable ou des attentes trop élevées ou des attentes venant d’éléments qui échappent à votre contrôle)
    1. Quand est-ce arrivé ? Plus que la date, vous décrirez la situation qui a déclenché la frustration
    2. Qui était concerné ?
    3. Faisiez-vous une remarque à un joueur ou est-ce le joueur qui vous a fait une remarque ?
    4. Qu’éprouviez-vous à ce moment-là ?
    5. Que disiez-vous, pensiez-vous à ce moment-là ?
    6. Quelle a été l’issue de la partie ?
    7. Avez-vous remarqué ce que vous auriez fait de plus pour apporter plus pendant la partie ? Je vous préviens, pour cette question, vous aurez toujours tendance à répondre « non, je ne pouvais rien faire ». Cette question n’a pas forcément pour but pour vous de trouver une piste d’amélioration, mais pour vous faire comprendre que la frustration ne vous permet absolument pas de progresser et que vous devez vous en débarrasser.
  4. Enfin, vous garderez l’oeil ouvert pour reconnaître d’autres situations similaires, mais qui ne sont pas propres aux jeux vidéo. Ces erreurs qui créent de la frustration, vous les faites aussi dans votre vie. Cela absorbe énormément d’énergie, ne vous faites pas avoir. Pour ces erreurs qui sont au-delà de la sphère vidéoludique, vous appliquerez aussi la méthode.

Défi

À vous de jouer maintenant ! Je pense que vous avez maintenant compris à quel point il est important de se débarrasser de la frustration, que celle-ci ne mène à rien. Appliquer la méthode dès aujourd’hui et voyez à quel point celle-ci vous libère du temps et de l’énergie afin de vous consacrer à ce qui est important pour vous.

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