Pourquoi les joueuses sont-elles si peu présentes dans les jeux vidéo compétitifs en ligne ?

de | 5 janvier 2018

Cet article est le produit d’une enquête que j’ai menée et de mon expérience en tant que coach pour jeux vidéo compétitifs en ligne. Je ne vise pas à pointer du doigt une communauté ou une autre, mais à comprendre pourquoi les femmes se sentent exclues des jeux vidéo et pourquoi la communauté des joueurs semble ne pas les accueillir.

 

Le jeu vidéo est souvent vu comme une activité réservée aux hommes. Cela n’est pas dû au hasard, les jeux vidéo étaient à la base vendus dans le rayon électronique des magasins, mais ils ont vite rejoint le rayon jouets pour garçons. A partir de ce moment, les jeux vidéo ont de plus en plus été développés par des hommes, pour des hommes. Il n’y a qu’à voir la place des personnages féminins dans les anciens jeux pour s’en rendre compte. Pour résumer rapidement, les femmes servaient de trophées et quand vous pouviez jouer un personnage féminin, vous pouviez aussi surtout la mater sous tous les angles. Les jeux vidéo ont bien évolué aujourd’hui, surtout sur le plan technique, mais qu’en est-il de la place de la femme et surtout est-ce que le jeu vidéo est-il toujours réservé aux hommes ?

Dans cet article, je ne m’intéresserai qu’à une seule facette du jeu vidéo, le côté compétitif en ligne. En effet, le jeu vidéo est devenu bien trop complexe aujourd’hui et il devient alors impossible d’identifier simplement la situation des femmes dans cette activité, du moins j’en suis incapable. Je répondrai alors à la question : « pourquoi les joueuses sont-elles si peu présentes dans les jeux vidéo compétitifs en ligne ? ». Aujourd’hui, deux visions s’affrontent principalement. D’un côté, nous avons un mouvement un peu plus féministe (je généralise par simplicité, mais évidemment, dans les faits le groupe est hétérogène) qui déclare sans hésiter que les jeux vidéo excluent les femmes, ou qu’à moindre mesure, les jeux vidéo forment un club réservé aux hommes. De l’autre, nous avons un mouvement principalement constitué d’hommes, joueurs de jeux vidéo de façon compétitive (évidemment, je généralise ici aussi par souci de simplicité, le groupe est aussi hétérogène) qui ne voient pas du tout les choses de la même façon. Pour eux, s’il y a si peu de filles dans les jeux vidéo compétitifs en ligne, c’est uniquement car elles ne font pas d’efforts pour s’adapter.

Pourquoi est-ce que je m’intéresse tout particulièrement aux jeux vidéo compétitifs en ligne ?

Cela pour une raison très simple, quand les femmes parlent d’exclusion du jeu vidéo, elles désignent avant tout le jeu en ligne compétitif, c’est dans ce contexte que les interactions entre joueurs sont les plus fréquentes et violentes. Le côté compétition peut être du Player versus Environment de haut niveau (PvE HL), ou du Player versus Player (PvP). Les autres activités ne sont pas concernées ou le sont dans une mesure bien moins importante. En effet, tout le monde se fiche que vous jouiez dans votre coin, vous ne gênez personne et ce n’est l’affaire de personne.

Pour éviter la lourdeur, j’écrirai « jeux vidéo* » pour désigner les jeux vidéo compétitifs en ligne dans la suite de cet article.

 

 

Nous verrons dans cet article, pourquoi ces deux camps s’affrontent si violemment, je pense notamment à la controverse du Gamergate (sa forme finale qui consiste à s’attaquer aux femmes dans le monde du jeu vidéo, dans les jeux en tant que joueuses, mais aussi en dehors en s’attaquant à des journalistes par exemple). Mais avant de faire cela, nous allons voir les arguments de chaque « camp ».

1. Pourquoi les féministes et la plupart des joueuses pensent que les jeux vidéo* ne sont réservés qu’aux hommes ?

Plusieurs raisons les poussent à croire que c’est le cas. Dans cette partie, je ne ferai pas que lister les différentes raisons, j’en profiterai aussi pour expliquer pourquoi elles sont arrivées à cette conclusion sur certains cas qui sont malheureusement discutables.

Jeu vidéo, Dead or Alive Xtreme

Jeu vidéo : Dead or Alive Xtreme. « Je vous jure, j’ai acheté ce jeu pour jouer au volley-ball, rien de plus ».

Tout d’abord, je vais commencer par les arguments qui n’ont pas vraiment besoin d’être explicitées :

  • Les femmes sont hypersexualisées ;
  • Les femmes n’apportent souvent rien d’intéressant à l’histoire, elles sont souvent fragiles, superficielles, servent d’otages ou même de récompenses ;
  • Les armures pour avatar féminin dans les MMORPG suivent une logique étrange (less is more !) ;
  • Et soyons honnêtes, elles servent à booster les ventes ;

Puis il y a des arguments un peu plus discutables selon les points de vue et je vous expliquerai en quoi plus tard.

  • Dans les jeux vidéo*, à la seconde où une femme seule parle au micro, vous avez deux scénarii possibles :
    • Soit elle se fait draguer de manière bien grasse et des joueurs se mettent à la suivre partout
    • Soit on lui fait des remarques désagréables jusqu’à ce qu’elle parte
  • Si par chance, elle échappe au premier schéma, la deuxième réaction est de lui faire comprendre que les femmes ne savent pas jouer aux jeux vidéo* et qu’ils ne sont pas faits pour elles ;
  • Même quand une joueuse a un niveau reconnu, elle essuie encore des remarques sur sa légitimité ;

A partir de ce constat, il n’y a rien d’étonnant alors que les jeux vidéo* soient vus comme un monde pour les hommes et faits par des hommes (principalement). Les premiers arguments qui viennent principalement de l’industrie du jeu vidéo sont sans appel et sont tout simplement indéfendables, dans le sens où les jeux proposent, en grande majorité, une vision très péjorative de la femme.

A cause de la constatation précédente sur l’industrie du jeu vidéo, les 3 derniers arguments semblent suivre la même logique, mais cette fois-ci ce sont les joueurs qui installent ce climat de rejet des joueuses.

La conclusion est donc claire pour ce parti, les femmes ne sont pas les bienvenues et les joueurs sont misogynes et sexistes.

2. Comment se fait-il que l’autre camp n’a pas du tout la même interprétation sur ces faits ?

Cet autre camp est majoritairement composé d’hommes qui aiment la compétition (à outrance parfois), par souci de simplicité, je les appellerai « les joueurs compétitifs ». Ces joueurs compétitifs n’ont pas du tout le même regard sur l’industrie, pour eux, tout va mieux, il suffit maintenant d’attendre que le temps fasse son travail :

Jeux vidéo, jeu vidéo, Starcraft II

Jeu vidéo : Starcraft II, la reine des lames.

  • L’industrie donne de plus en plus de place aux femmes ;
  • Les mensurations sont de moins en moins abusives ;
  • Les armures pour avatars féminins font rire et ne choquent pas plus que cela ;

Le plus intéressant c’est la différence de point de vue sur les actes qui sont considérés comme misogynes et sexistes. Pour ces joueurs compétitifs*, il ne s’agit pas du tout de cela, mais d’une sorte d’épreuve du feu où les joueuses échouent majoritairement pour ne pas dire tout le temps.

Pour comprendre un peu mieux ce décalage, je vais décrire le quotidien de ces joueurs compétitifs, d’abord leur environnement, puis un certain type de joueurs qui se délectent de la souffrance des autres.

a. L’environnement compétitif peut devenir très violent, très rapidement

Peu importe votre activité, à partir du moment où l’esprit de compétition entre en jeu, le côté amusement pur disparaît très rapidement pour laisser place à la performance. La compétition peut prendre de multiples formes, sur un FPS, il s’agira d’éliminer le plus d’ennemis possible. Sur un site d’actualités, il s’agira de gagner les pseudos-débats qui prennent la forme de commentaires racistes et haineux. La compétition est partout grâce à Internet, tout le monde veut s’exprimer, tout le monde veut avoir raison, être le plus fort.

Dans cet environnement, votre opinion a très peu d’importance, je dirais même que tout le monde s’en fiche. Le but est d’être le plus fort, d’écraser l’autre pour… des raisons… qui… non, juste pour se sentir supérieur pendant quelques minutes. Parce que cela se passe en ligne, derrière un écran, les limites sont beaucoup plus floues et cela donne naissance à des personnes dont le seul but est d’énerver les autres pour se sentir exister : les trolls.

b. Les trolls sont plus malins qu’on ne le pense

Jeu vidéo, jeux vidéo, Skyrim

Jeu vidéo : Skyrim. Le premier troll a marqué tout le monde parce qu’il est tout simplement trop puissant.

Les trolls représentent, en fait, le paroxysme de cette compétition sans limites. Quand la machine qui crée cet esprit de compétition s’emballe, vous obtenez un troll : une personne qui veut gagner à tout prix, mais qui ne sait plus pourquoi, qui n’a même plus besoin d’avoir un pourquoi.

Si leur but est de rabaisser l’autre, autant le faire de la façon la plus générale possible, une façon qui ne requiert pas beaucoup d’efforts. Ils recherchent alors une méthode qui ne requiert pas de talents précis. Mais ce n’est pas pour autant que les trolls sont stupides, leur manque de talent est compensé par une expertise à détecter vos complexes.

Parce que les trolls ne connaissent pas leur victime, ils cibleront ce qui différencie la victime du groupe. Vous avez une voix aigüe, des lunettes énormes, votre mère vient de vous dire de vous coucher, tous ces éléments représentent des faiblesses.

Connaissez-vous la faiblesse des joueuses de jeux vidéo ? C’est d’être exactement cela, une joueuse de jeux vidéo. Parce que les joueuses sont extrêmement rares, cela suffit largement à rendre la victime hors d’elle. Vous trouvez cela peut-être injuste, mais tous les joueurs de jeux vidéo* sont passés par là. Certains ont arrêté (des hommes y compris, ce n’est pas propre aux femmes), d’autres ont réussi à passer (femmes comprises) à travers et sont restés.

Nous verrons dans un instant pourquoi les joueuses de jeux vidéo craquent bien plus souvent que les joueurs, mais avant, voyons pourquoi les trolls font partie à part entière de cette communauté.

c. Ceux qui n’ont pas craqué vont venir former le noyau dur de la communauté et vont malheureusement entretenir sans s’en rendre compte cet environnement toxique

Jeu vidéo, jeux vidéo, Skyrim

Jeu vidéo : Skyrim, premier défi de la confrérie noire. Les joueurs de jeux vidéo connaissent bien les rites initiatiques.

Savez-vous pourquoi le bizutage est impossible à éradiquer ? Rien n’y fait, les autorités ont interdit la pratique, ils ont sans cesse augmenté la punition, mais rien n’y fait, le bizutage est toujours intact. Le bizutage répond, en fait, à un besoin viscéral chez l’être humain, celui d’appartenir à une communauté. Passer par ce rite de passage et le réussir représente bien plus pour la personne que d’obéir à des règles stupides et malsaines, c’est sa carte de membre.

Vous voulez connaître l’effet pervers derrière ce phénomène ? Plus le rite de passage est difficile, humiliant, dégradant et plus la personne accorde de la valeur à sa carte de membre, plus elle trouvera du charme à sa communauté. Mais il y a aussi une conséquence à cela, ceux qui vont passer ce rite de passage ne doivent absolument pas recevoir l’aide des autres qui sont passés avant eux. Cela réduirait instantanément la valeur de la communauté, mais aussi la « qualité de ses membres ». Aussi, ce n’est pas parce que vous avez eu votre carte de membre une fois que vous serez sortie d’affaires, vous devrez passer le test du troll de temps en temps, en clair, ne pas vous écraser, voire rendre coup pour coup.

Les étiquettes sont très nombreuses dans la communauté, voilà une description très sommaire de la chaîne alimentaire de ce monde compétitif :

  • Tout en bas, les joueurs de jeux sur mobiles
  • Légèrement plus haut, « les casuals »
  • Un peu plus haut, les joueurs classiques
  • Puis vous avez les « hardcore gamers »
  • Enfin, vous avez les « try harders »

En sachant que ceux qui sont au-dessus « respectent » moins ceux du dessous, notamment les joueurs de jeux mobiles qui ne sont pas vus par tout le monde comme de véritables joueurs. Ajoutez à ce système les rangs des joueurs et vous avez le cocktail parfait pour générer de l’intolérance et entretenir un ego démesuré.

Comme vous l’aurez compris, les trolls font partie intégrante de la communauté et cela n’est pas près de changer. Est-ce que tous les joueurs de jeux vidéo* ont conscience de ce phénomène ? Bien sûr que non, il n’y a pas de cérémonie de remise de diplômes, pas de test formel, seulement du harcèlement quasi permanent, harcèlement qui n’est pas spécialement dirigé vers les femmes, vers les joueuses. C’est une sorte de sélection naturelle par laquelle tout le monde passe.

d. Pourquoi tant de joueuses de jeux vidéo ne passent-elles pas le test ?

Jeu vidéo, jeux vidéo, Bioshock Infinite

Jeu vidéo : Bioshock Infinite. Ecarter les joueuses est inadmissible pour vous ? La société a toujours ridiculisé les minorités, le combat n’est pas terminé et ne le sera jamais.

Que cela soit clair, il y a aussi beaucoup de joueurs qui ne passent pas le test. Cela pour une raison très simple, ils ne sont absolument pas intéressés par le côté compétitif, du moins, le côté négatif les rebute tout de suite. Il n’y a absolument aucun mal à ne pas vouloir intégrer le monde compétitif. Je connais même bien plus de joueurs qui ne supportent pas ce monde que de joueurs qui l’ont rejoint.

Mais pourquoi tant de joueuses de jeux vidéo échouent-elles et pourquoi dès le début ? Que se passe-t-il réellement quand un troll s’attaque à une joueuse et pourquoi n’a-t-on pas le même résultat avec un joueur ?

Souvenez-vous, notre désir de faire partie d’une communauté est très fort. Premièrement parce que l’être humain est un animal social, mais aussi parce que pour nos ancêtres, le bannissement de la communauté était synonyme de mort certaine. Notre cerveau, qui est un héritage de nos ancêtres, accorde donc énormément d’importance à nous faire intégrer une communauté.

A votre avis, que se passe-t-il quand un troll pointe du doigt une joueuse ? Ce n’est pas seulement le fait qu’il manque un pénis à cette personne le « problème », non cela va bien plus loin pour la victime. Son statut de joueuse est immédiatement remis en question. Les jeux vidéo sont réservés historiquement aux hommes, alors être une joueuse, c’est déjà être dans une situation exceptionnelle. Les joueuses ont parfaitement conscience de faire partie d’une minorité, mais elles ont investi autant de temps et d’argent dans cette passion que n’importe quel joueur, elles connaissent les jeux, certaines ont grandi entourées de jeux vidéo, elles estiment alors (et elles ont raison) qu’elles sont des joueuses de jeux vidéo légitimes. Alors avoir un troll qui remet en question leur statut de joueuse va faire l’effet d’une bombe. Ajoutez cela au fait que c’est, en fait, un bizutage implicite qui est en train de se produire, en clair, aucun joueur ne va venir l’aider (quand vous voyez quelqu’un qui a des ennuis, vous allez l’aider, il ne s’agit pas ici de l’aider parce que c’est une femme) et vous obtenez une joueuse qui se sent rejetée par ce qu’elle a identifié comme sa propre communauté.

e. Une frontière toujours plus floue entre le jeu compétitif et le jeu pour se détendre

Jeu vidéo, jeux vidéo, Overwatch

Jeu vidéo : Overwatch. Beaucoup de joueurs jouent dans le rêve d’accéder à la ligue supérieure… à tout prix.

Le point commun entre les joueurs qui ont échoué à passer ce bizutage et les joueuses qui ont, eux aussi, échoué, c’est qu’ils n’ont pas compris qu’ils avaient mis les pieds dans une communauté qui vise la performance et non l’amusement.

Les joueurs ont tendance à bien plus s’en rendre compte, car les hommes sont en général plus habitué à gérer le harcèlement, mais aussi parce que historiquement, les jeux vidéo sont réservés aux hommes. Ils arrêteront alors d’essayer de s’intégrer dans cette communauté qui voit le jeu vidéo de manière trop sérieuse. En effet, pour eux, les jeux vidéo sont faits pour s’amuser. Concrètement, ils ne remettront à aucun moment en question le fait qu’ils appartiennent à la communauté des joueurs de jeux vidéo. Seulement, ils réaliseront qu’ils ne font pas partie de la communauté des joueurs de jeux vidéo compétitifs en ligne.

Les joueuses à l’inverse n’ont pas l’habitude de gérer le harcèlement (le harcèlement en général, elles subissent par contre plus d’harcèlement sexuel), du moins, en général elles en font moins l’expérience dans leur vie. Et parce qu’elles ont longtemps entendu que les jeux vidéo étaient pour les hommes, elles se serviront de cet élément pour essayer de comprendre ce qui vient de leur arriver. Du coup, elles passeront à côté du fait qu’elles n’ont pas identifié la bonne communauté. Elles ont essayé de s’insérer dans une communauté hautement compétitive et qui ne cherchaient donc pas à s’amuser. Concrètement, elles remettront en cause le fait d’appartenir à cette communauté très rapidement et n’auront alors pas le temps de se rendre compte de leur erreur.

Et c’est cela que je veux aussi dénoncer dans cet article. L’aspect compétitif est poussé à l’extrême dans les jeux vidéo en ligne. Ce n’est pas seulement de la faute de l’industrie du jeu vidéo, c’est avant tout la faute des joueurs. Aujourd’hui, peu importe le jeu vidéo, vous trouverez des éléments qui poussent à l’affrontement. C’est principalement la communauté de joueurs compétitifs qu’il faut blâmer pour cela. Le PvP (Player versus Player) est omniprésent dans tous les jeux, même dans les jeux coopératifs. C’est la communauté qui a demandé à intégrer du PvP dans Minecraft (UN JEU DE CUBES!!! pourquoi vous voulez du PvP dans un JEU DE CUBES?), c’est encore la communauté qui a demandé à mettre du PvP dans Don’t Starve Together, un jeu purement coopératif. Aujourd’hui, le compétitif s’est glissé dans tous les jeux en ligne, même dans les jeux où la compétition n’a absolument aucun intérêt.

Aujourd’hui, des joueurs et des joueuses sont dégoutés de cette communauté qui est en fait une minorité, mais qui dicte sa loi, qui impose sa façon de jouer. Toutefois ce n’est pas véritablement leur faute, ce n’est pas vraiment la démarche qu’il faut entreprendre si on veut régler le problème.

Avant de vous donner cette marche à suivre pour améliorer notre communauté dans son ensemble, je vais tout d’abord, répondre à la question que j’ai posée dans la partie 2 et qui était : « comment est-ce qu’un comportement qui montre tous les signes du sexisme et de la misogynie n’en est finalement pas ? »

f. Quand l’égalité de traitement prend la forme de la misogynie et quand le féminisme prend la forme d’une faiblesse

Ce que je m’apprête à vous dire sera très dur à croire, j’ai essayé de prendre le temps afin de vous apporter les éléments pour comprendre le point de vue que je vais exprimer ici. Les 3 points que nous avions identifiés comme du sexisme et de la misogynie n’en sont en fait pas, pas pour la communauté des joueurs de jeux vidéo* (compétitifs en ligne pour rappel, je me permets de le réécrire ici pour éviter tout malentendu).

En fait, c’est l’épreuve du feu réservée aux filles. Vous trouvez que cette épreuve est de très mauvais goût ? Vous n’êtes pas le seul, mais comme je l’ai dit précédemment, plus le bizutage est difficile, humiliant et plus la communauté « devient forte », plus elle a de la valeur aux yeux des membres. En fait, vous êtes traité exactement de la même façon que les garçons, vous passez par les mêmes épreuves. Je sais, c’est une façon extrêmement tordue d’appliquer l’égalité homme-femme.

J’ai conscience que ce que je dis ici, doit vous faire l’effet d’une bombe, ou même que cela doit vous paraître totalement ridicule. Mais il est capital que vous vous ouvriez à cette possibilité, car c’est le seul moyen pour nous de dépasser cela et de créer une communauté plus équilibrée, plus tolérante et surtout moins élitiste.

Encore une fois, donnez-moi un peu de votre patience, ouvrez-vous à l’idée que les apparences ne sont parfois pas ce qu’elles semblent être et suivez-moi dans cette logique qui a du sens, mais qui n’est pas facile à accepter.

Voilà les commentaires que l’on trouve de la part de la communauté des joueurs de jeux vidéo* (compétitifs en ligne, encore une fois, pour éviter tout malentendu) :

  • Le féminisme, ce n’est pas rendre les femmes plus fortes, c’est les pousser à mendier. Elles veulent un laissez-passer pour arriver à un niveau où j’ai dû me battre et subir des humiliations pour y arriver ;
  • Le féminisme enlève la capacité aux femmes de s’adapter, de s’élever à la hauteur du challenge ;
  • Les femmes doivent mériter leur place comme tout le monde ;
  • Les jeux vidéo appartiennent autant aux femmes qu’aux hommes, mais elles doivent aussi suivre les règles ;
  • Le féminisme apprend aux femmes à demander un laissez-passer plutôt que de se renforcer ;
  • Le féminisme empêche les femmes de s’adapter et leur apprend à s’offusquer ;
  • Les féministes ne veulent pas faire d’efforts pour s’intégrer, elles veulent qu’on leur fasse une place pour qu’elles rentrent dans notre univers comme dans un gant ;
  • Les féministes attendent que les autres fassent le travail à leur place ;
  • Les féministes nous imposent de prendre leurs sentiments en compte, mais elles se fichent des nôtres ;
  • Etre féministe, ce n’est pas vouloir l’égalité, c’est vouloir des laissez-passer, c’est vouloir que l’on baisse les standards sous prétexte que vous n’avez pas le même sexe.

Notez l’omniprésence de la valeur, de la performance, du mérite, de l’adaptation, du challenge, mais aussi de l’importance de suivre les règles. Notez aussi le mépris pour la faiblesse (un laissez-passer). Pour rappel, pour cette communauté, il s’agit d’une épreuve du feu, pas de misogynie.

Encore une fois, j’ai parfaitement conscience que je vous demande quelque chose d’énorme et de très difficile à accepter. C’est pourquoi je ne vous demande en aucun cas d’être d’accord avec ces déclarations, mais de comprendre que selon un certain point de vue, cela a un sens, cela est logique.

4. La situation va empirer avant de s’améliorer

Aujourd’hui, il est de moins en moins facile de s’amuser sur des jeux vidéo compétitifs en ligne, la compétition est absolument partout, du niveau débutant jusqu’au sommet. La compétition est devenue la norme. Tous les jeux vidéo aujourd’hui utilisent des systèmes de « matchmaking ». Ce système trouve des adversaires à votre hauteur pour garantir que la partie soit plus ou moins équilibrée. Malheureusement, cela a aussi comme effet secondaire de faire exploser le niveau de frustration des joueurs. En effet, les joueurs commencent à jouer systématiquement la gagne, ils ne prennent plus du tout de plaisir quand ils ne gagnent pas et ils n’hésitent alors pas à s’en prendre à la première personne qui se fait remarquer pour passer leurs nerfs.

Alors quand vous arrivez dans ce monde et que pour vous, les jeux vidéo sont synonymes de plaisir, cela sera extrêmement désagréable. Clairement, votre conclusion sera la suivante : « la communauté est toxique ». Que vous soyez un homme ou une femme, vous vous ferez refouler. Ne tombez pas dans le piège de croire que la communauté est toxique seulement envers les femmes, la communauté compétitive méprise l’amateurisme et cela est extrêmement triste. En clair, nous avons sacrifié ce qui faisait la force des jeux vidéo (son côté accueillant et fédérateur) pour promouvoir la performance et l’ego à outrance.

Mais cela n’est pas forcément un mal en soi. Il faut par contre éduquer les joueurs de jeux vidéo, compétitifs ou non à cohabiter les uns avec les autres. Mais je vais m’arrêter ici sur ce point, il dépasse le cadre de l’article ici.

5. Des réflexes dont nous devons nous débarrasser si nous voulons surmonter cette épreuve

Je sais que je vous ai dit que nous verrons ensemble ce qu’il faut faire afin d’améliorer la situation, mais avant, il faut comprendre pourquoi ce conflit entre féministe et joueurs de jeux vidéo a pris une telle ampleur et s’est transformé en une véritable guerre.

Pour comprendre pourquoi, je vais expliciter les 5 erreurs que tout le monde a faites, moi le premier, quand un conflit éclate et que l’on se retrouve pris dans ce torrent d’émotions.

a. Qui a raison alors ? La première erreur que nous commettons

Après tout je n’ai toujours pas répondu à la question, qui a raison entre les deux camps ? Est-ce que ce sont les féministes qui ont raison quand elles dénoncent le comportement inadmissible de ces joueurs de jeux vidéo misogynes, ou est-ce que ce sont les joueurs de jeux vidéo qui ont raison d’imposer ce bizutage afin que les femmes fassent pleinement partie de la communauté ?

Vouloir avoir raison est vraiment la pire des approches possibles et pourtant, c’est le chemin que nous empruntons systématiquement quand un conflit éclate : qui est le gentil, qui est le méchant ?

La réalité n’est malheureusement jamais aussi simple et vouloir réduire n’importe quel conflit de société à une question aussi superficielle ne mènera à rien à part à d’autres erreurs.

Même en sachant cela, quand j’ai entendu la première fois que les joueurs de jeux vidéo étaient qualifiés de misogynes et de sexistes, je n’ai pas pu m’en empêcher, j’ai dû me défendre. Il fallait que je montre que j’avais raison. C’était une grosse erreur de ma part, car en prenant ce chemin, je suis devenu une pièce de plus dans ce conflit.

b. Juger, critiquer, condamner et humilier

La première erreur que l’on commet nous pousse à critiquer, juger, condamner et surtout humilier le camp d’en face. Si nous réfléchissons, c’est plutôt stupide comme façon de trouver une solution à un conflit. En effet, vous savez que la personne responsable sera jugée, critiquée, condamnée et humiliée. En sachant cela, quelles sont les chances que vous puissiez conclure que c’était votre faute ? Rien que pour éviter l’humiliation n’importe qui nierait tout en bloc.

C’est d’ailleurs ce que j’ai fait à tout prix, au point où j’ai commis une erreur supplémentaire. A chaque erreur de plus, je diminue mes chances de trouver une solution à ce conflit et au contraire, je l’alimente.

c. Le biais de confirmation

L’être humain déteste avoir tort. Dans notre société, avoir tort est un signe de faiblesse. Cela vous étonne-t-il si un joueur de jeux vidéo compétitifs comme moi ait décidé de tout faire pour ne pas avoir l’air faible ? Evidemment non, voilà comment fonctionne le biais de confirmation : d’abord cela consiste à balayer d’un revers de main tous les arguments qui ne vont pas dans mon sens, ensuite cela consiste à sélectionner les informations qui ne vont qu’appuyer mon point de vue.

Concrètement, je me suis mis à ne consulter que des sites, blogs, articles qui allaient dans mon sens. J’étais parti en guerre, je ne ferai aucune concession, je ne négocierai pas avec l’ennemi.

d. Pour la justice ! Pour la gloire ! Pour l’honneur ! Pour le progrès !

Jeu vidéo, jeux vidéo, Fallout 4

Jeu vidéo : Fallout 4, Freedom is always worth fighting for ! La confrérie de l’acier, c’est les gentils c’est ça?

Mais rapidement, on lit très souvent la même chose quand on ne cherche qu’à avoir raison. Alors par accident il m’arrivait de me trouver sur un site qui défendait la thèse opposée et d’y trouver un argument que je ne pouvais tout simplement pas réfuter (même avec ma logique tordue que j’avais à l’époque, c’est pour vous dire à quel point j’étais mal).

Notre réflexe en tant qu’être humain dans ce cas est de se convaincre que l’on se bat pour des causes nobles, que l’on se bat pour la justice, la liberté… et ces causes nobles, parce que nous nous battons pour elles (officiellement), elles nous donnent raison. Bref, on est très doué pour se mentir à soi-même.

Oh et j’ai failli oublier, c’est généralement en utilisant les causes nobles que les gens envoient des menaces de mort à des journalistes et qu’ils n’y voient absolument pas de problème. Evitons de nous autoproclamer combattant de la liberté et de la justice, cela finit généralement mal pour tout le monde.

e. Je me sens offensé ! Cela n’est pas normal ! Cela ne devrait pas se produire !

Dernière erreur qui, quand tout était contre moi, me permettait de dire que j’étais dans le vrai, que j’étais le gentil. Je me sentais offensé, j’étais blessé. Comment puis-je être le méchant si je suis offensé ?

La vérité, c’est qu’être offensé ne prouve absolument rien. Les esclavagistes étaient offensés quand les esclaves ont été libérés. Les hommes étaient offensés à une époque quand une femme parlait sans leur permission.

Etre offensé mène à un second réflexe, l’utilisation des mots comme « devrait », « pourrait », « il faudrait que », « il est normal que ». Bref, des mots qui ne servent strictement à rien à part créer des attentes, de la frustration et de la déception.

f. Conclusion sur les erreurs que nous avons faites

Ces erreurs, j’étais très loin d’être le seul à les avoir faites. Les deux camps les ont faites et à répétition. Si vous reprenez les erreurs une par une, vous remarquerez rapidement que le dialogue devient vite impossible. Chaque camp s’enferme dans son monde et n’écoute même pas ce que l’autre a à dire.

Parce que c’est la faute de l’autre, personne ne se sent responsable, personne n’est poussé à agir. La honte, la peur de l’humiliation nous pousse à ne pas reconnaître nos fautes de peur que l’autre camp utilise cela pour nous exploiter.

6. La solution, du moins une piste, serait d’écouter l’autre dans un premier temps

Bref, les deux camps étaient tellement occupés à avoir raison (moi y compris) que personne n’a pris le temps d’écouter l’autre, de se mettre à la place de l’autre. Or, c’est quand on est mis en difficulté que l’on progresse, pas quand on reste sagement dans sa zone de confort. M’ouvrir aux autres m’auraient permis de remettre en question ce que je considérais à l’époque comme des certitudes, cela m’aurait permis de me dépasser.

C’est finalement ce que j’ai réussi à faire, mais cela m’a demandé de changer radicalement d’approche. Cette approche, j’aimerais la partager avec vous afin que ce genre de scandale ne prenne plus une telle ampleur et que l’on se mette enfin à écouter l’autre. Cela nous permettra de réfléchir à des pistes de solutions plutôt que de se renvoyer la balle.

Voici les 5 règles que j’ai suivies et qui m’ont permis de me dépasser, mais aussi de comprendre les autres.

a. Pour retirer le meilleur d’une dispute, évitez-la

La dispute, c’est vouloir avoir raison. Si la personne face à vous veut avoir raison, écoutez-la et revenez vers elle quand elle sera prête à discuter.

b. Respectez l’opinion de votre interlocuteur

Jeu vidéo, jeux vidéo, Wolfenstein The New Colossus

Jeu vidéo : Wolfenstein, The New Colossus. Si seulement nous n’avions pas besoin d’écouter l’autre et qu’il était effectivement le nazi que nous aimerions qu’il soit…

Considérez que l’opinion de l’autre est stupide, c’est comme dire « vous avez tort » et c’est comme dire « j’ai raison ». Ne tombez pas dans le piège.

c. Essayez honnêtement de voir les choses à travers les yeux de l’autre personne, essayez de comprendre ses idées, ses désirs, ce qu’elle ressent. Mettez-vous à sa place

Trop souvent, nous écoutons la personne sans essayer de comprendre son point de vue, pire, nous prenons comme référence notre propre point de vue. Il est alors évident que cela ne sera pas compatible. Alors au lieu de penser que c’est notre point de vue qui n’est pas adapté, on jugera tout de suite les idées et les désirs de l’autre. Ne tombez pas dans le piège là aussi.

d. Laissez parler votre interlocuteur aussi longtemps qu’il le souhaite, encouragez le même, plus vous en saurez sur son point de vue et plus vous pourrez comprendre sa position

Nous avons un réflexe ignoble quand nous discutons avec quelqu’un, nous préparons notre réponse alors que la personne a à peine commencé sa phrase. Bref, nous l’écoutons à moitié. Vous aurez le temps pour parler, ne vous inquiétez pas.

e. Expliquez les éléments qui manquent à votre interlocuteur et dont vous disposez. Ne remettez pas en question tout de suite ses idées. Non, donnez-lui les clés pour trouver lui-même ce que vous voulez lui expliquer

Est-ce que cela vous est déjà arrivé de changer d’opinion radicalement sur un sujet sur un coup de tête ? Généralement cela vous arrive quand vous trouvez vous-même la solution à une problématique. Il est nettement plus facile de se convaincre soi-même plutôt que d’essayer de convaincre l’autre. Alors, aidez l’autre à trouver les éléments supplémentaires et n’essayez pas d’enfoncer votre vision du problème dans sa gorge, cela est généralement désagréable.

7. Après l’effort, le réconfort

J’ai conscience d’avoir complètement zappé le côté non compétitif des jeux vidéo. Je l’ai fait délibérément pour deux raisons. D’abord, parce que les raisons d’exclusions que j’ai pu collecter à travers les différents sites internet étaient typiques de joueuses qui ne savaient pas où elles mettaient les pieds quand elles venaient en ligne. Ensuite, c’est parce que des professionnelles se sont occupées de le faire avant moi et qu’elles sont bien meilleures que moi sur un sujet qui n’est clairement pas mon sujet de prédilection.

Je vous propose alors de découvrir un épisode d’Art of Gaming sur le sujet : Women as Heroes. (Avec la permission d’Alexandre Brachet, merci!)

En conclusion

Il y a un avantage majeur à ne pas chercher de coupable, à ne pas chercher qui a raison, c’est de bien cerner le problème et de voir ce que l’on peut faire de son côté. Cela permet aussi de voir comment on peut apporter, mais aussi incarner le changement que l’on veut insuffler.

J’espère que le temps que vous avez investi dans la lecture de cet article vous donnera des idées, pas forcément sur les jeux vidéo, mais peut-être dans votre vie de manière plus générale.

J’ai toute confiance dans la communauté des joueurs de jeux vidéo (dans son ensemble). J’ai vu cette communauté se fédérer autour de causes nobles pour faire des dons, pour apporter son soutien à des ONG, mais aussi à des gens après une catastrophe naturelle. Toutes ces initiatives ont été récompensées, car chacun a décidé d’agir en apportant sa pierre à l’édifice. Je sais que les gamers ne manqueront pas à l’appel pour les prochains défis qui nous attendent.

N’oubliez pas, c’est dans les difficultés que l’on se dépasse, alors ne vous détournez pas de votre but quand cela devient difficile, au contraire, vous allez dans la bonne direction.

3 réflexions au sujet de « Pourquoi les joueuses sont-elles si peu présentes dans les jeux vidéo compétitifs en ligne ? »

  1. Bob_Larnaque

    Foutez la paie au jeu vidéo.

    Déjà l’argument de la parité est faux.

    Prenez par exemple un genre comme le J-RPG dans la plupart des titres vous aurez quasiment toujours autant de perso masculin que féminin et si doit y avoir un écart sa sera souvant en faveur des persos féminins. (je dis pas ça pour m’en plaindre, perso je m’en fou)

    Ensuite, de nos jour on a de plus en plus de jeux qui permettent de créer le personnage que l’on joue homme comme femme.

    Concernant l’utilité des personnages féminin et leurs stéréotype. L’héroine d’Horizon, Ellie de The Last of US, la copine de Nathan Drake dans Unchartead 4… Ce sont des persos inutiles et sexualisés?

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    1. Joseph Nguyen Auteur de l’article

      Hello, merci pour ta réponse, ça fait plaisir.

      En effet, j’ai dû mal m’exprimer et je suis désolé. Pour la parité, je parle bien de joueurs et non d’avatars. Encore ici, il faut bien définir ce qu’est un joueur de jeux vidéo et qu’est-ce que réellement un jeu vidéo.

      Par exemple : est-ce que les jeux comme Candy Crush sont des jeux vidéo ? Ca se discute, pour moi la part « boite à frustration contre de l’argent » est assez forte et j’ai dû mal à mettre ça dans la même case jeux vidéo que comme tu le dis Uncharted 4 par exemple.

      Je te rejoins parfaitement sur The Last of Us et Uncharted. Les personnages féminins sont maintenant des personnages profonds à part entière et plus des poupées. Ce que je voulais dire en parlant de ce phénomène, c’est qu’il y a ne serait-ce que 8 ans, ce n’était pas du tout le cas. Ca peut sembler long 8 ans, mais sur l’échelle d’une génération, c’est rien.

      Après je ne sais pas si tu as lu l’article en entier, il est assez long et je ne t’en voudrais pas de ne pas le faire. Mais mon point de vue est très loin de condamner les jeux vidéo, ou les joueurs de jeux vidéo.

      En tout cas je te remercie pour ton commentaire, bon week-end à toi !

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