Les 7 erreurs à ne pas commettre quand vous regardez vos replays dans les jeux vidéo

de | 30 septembre 2017

Si vous cherchez à améliorer votre niveau de jeu, inévitablement vous serez amené à analyser vos enregistrements, voire des enregistrements faits par des spectateurs. En effet, pouvoir revoir ses parties et les analyser finement est infiniment plus riche que d’essayer de faire une analyse rapide pendant la partie ou juste après. Concrètement, cela vous permettra de trouver des dizaines d’erreurs là où instinctivement vous n’en aviez révélé que trois ou quatre. Toutefois, il ne faut pas faire n’importe quoi avec cet outil. Trop souvent je constate des joueurs qui relèvent beaucoup d’erreurs, mais n’en font rien après. Du moins, ils pensent que le fait de relever les erreurs et de se dire « la prochaine fois je ne le ferai pas » suffit. Aussi, le fait de remarquer qu’il y a nettement plus d’erreurs que vous le pensiez a un effet pervers sur nos actions, au lieu de se dire « allez je me mets au travail », on s’arrête à « je commence par quoi? », sans jamais passer à l’action. Au fur et à mesure que vous jouez, vous remarquez alors de plus en plus d’erreurs et un cercle vicieux se crée : parce que vous notez de plus en plus d’erreurs, vous avez encore moins de chances de passer à l’action pour vous améliorer, ce qui vous permet de noter encore plus d’erreurs, etc. Très rapidement, un sentiment de frustration remplacera le plaisir que vous aviez à jouer, à vous entraîner. Concrètement, votre temps de jeu va diminuer, vos performances vont rester exactement les mêmes et vous resterez bloqué à ce niveau tant que vous ne décidez pas de faire quelque chose.

Comme d’habitude, il ne s’agit pas d’un problème de caractère, de personnalité ou même de caractère. Si vous êtes dans la situation que j’ai décrite, c’est avant tout parce que vous êtes tombé dans des pièges. Ces pièges ne sont pas sophistiqués, mais il faut les reconnaître pour pouvoir les éviter. Et comme tous les pièges qui ne sont pas évidents, de nombreux joueurs tombent dedans, peu importe leur niveau et sans même s’en rendre compte. Pouvoir reconnaître ces pièges vous permettra d’identifier concrètement ce qui vous empêche de vous améliorer, vous comprendrez aussi pourquoi vous n’arrivez pas à vous lancer alors que vous avez tous les éléments pour le faire. Cela vous facilitera aussi grandement la tâche quand vous ferez vos sessions d’entraînements personnels. Enfin, en voyant concrètement que vous êtes en train de progresser, cela vous motivera pour en faire davantage, ici vous allez venir créer un cercle vertueux : vous progressez à chaque séance, vous voyez que les erreurs passées se corrigent petit à petit et vous découvrez de nouvelles erreurs que vous pourrez corriger, ce qui vous nourrit en permanence.

Les 7 erreurs à éviter quand vous regardez vos replays dans les jeux vidéo

Dans cette partie, vous trouverez des erreurs aussi bien sur la façon de regarder vos vidéos que sur votre attitude pendant que vous regardez les vidéos. Très souvent, les joueurs que je coach regardent leurs enregistrement comme s’ils regardaient un streamer jouer. En clair, pour eux, cela devient du divertissement. Au départ, ils analysent bien leurs parties, mais au bout d’un moment, généralement après une bonne action, ils basculent dans la recherche de plaisir et de divertissement. Ici, je vais vous décrire pourquoi cela arrive et comment éviter les différents pièges qui vous rendront passifs devant vos vidéos.

1. Un point faible de notre cerveau, regarder vos replays quand vous êtes fatigué ou que vous n’avez pas le temps

Jeu vidéo, jeux vidéo, Dead Space 3

Jeu vidéo : Dead Space 3. Les monstres ont souvent des points faibles qu’il vaut mieux utiliser si vous voulez vous en débarrasser rapidement.

Le seul but de regarder ses propres vidéos quand nous avons l’objectif de nous améliorer est de détecter nos erreurs, nos mauvaises actions afin de ne pas les répéter. Toutefois, cela demande beaucoup d’énergie et il n’est jamais agréable de réaliser à quel point nous ne jouons pas correctement. Il faut aussi savoir que le cerveau déteste sept fois plus ressentir quelque chose de négatif (perdre, faire des erreurs, se faire démolir par son adversaire,…) qu’il n’aime ressentir quelque chose de positif (gagner, faire de bonnes actions, démolir l’équipe d’en face,…). A chaque fois que vous ressentez quelque chose de négatif, vous devez prendre sur vous pour ne pas vous énerver, perdre patience. Pour prendre sur vous, vous utilisez de l’énergie : la volonté. La volonté est en quantité limitée et chaque fois que vous prendrez une décision, aussi futile soit-elle, vous consommerez de la volonté. La volonté consommée est d’autant plus forte que l’action que vous allez réaliser sera difficile. Par exemple, il est très dur de ne pas s’énerver quand on perd lamentablement une partie alors que l’on était le grand favori.

Pour la vidéo, cela sera une succession de ressentis négatifs et il ne faudra pas vous laisser submerger. Idéalement, il faudrait pouvoir détecter 7 fois plus de bonnes actions que de mauvaises afin de conserver un maximum de volonté. Etant donné que vous regardez vos replays principalement pour détecter vos erreurs, je vous souhaite vraiment bonne chance pour trouver plus de bonnes actions que de mauvaises. Donc quoi qu’il arrive, ne regardez pas vos replays si vous n’êtes pas en forme, si vous n’êtes pas prêt à être dur avec vous-même pour détecter vos erreurs.

2. Regarder le replay sans but précis

« Je regarde mes replays pour voir si j’ai mal joué », « je regarde mes replays pour détecter mes erreurs ». Mauvaise nouvelle pour vous, si vous voulez vraiment détecter vos erreurs et que votre niveau est moyen+, vous avez à peu près 200 éléments à corriger. Et vu votre niveau, vous ne pourrez en voir qu’une trentaine. A moins d’avoir un joueur très compétent capable de pointer toutes vos erreurs pour vous, il n’est tout simplement pas possible de progresser de cette façon.

Vous devez identifier votre plus gros point faible ou vos trois plus gros points faibles et détecter les erreurs concrètes concernant ces derniers. Si vous vous retrouvez avec une liste de 200 choses à faire, vous pouvez être sûr que vous ne ferez rien du tout. De plus, cela vous découragera énormément, car vous ne verrez absolument pas la différence entre votre niveau de jeu avec 200 erreurs ou votre niveau de jeu avec 197 erreurs.

Avant de regarder le replay, posez-vous les questions suivantes : quels sont mes trois points faibles? Est-ce que je les ai travaillés pendant la partie et à quoi ressemblent les erreurs que je veux éviter?

3. Trouver des erreurs… et s’arrêter là

Trop souvent, je constate que les joueurs font une liste de leurs erreurs en regardant leurs replays et s’arrêtent là. C’est tout à fait compréhensible, car quand on a déjà trouvé plus de dix erreurs (suite à l’erreur précédente), la seule chose que l’on a envie de faire c’est de souffler un peu. Mais il est très important de donner des solutions aux différentes erreurs que vous avez relevées. Tout simplement, car cela vous oblige à vous mettre dans une position difficile et cela met à l’épreuve vos connaissances sur le jeu.

Je vais faire un rappel absolument débile, mais trop de joueurs oublient ce détail : si vous faites les erreurs que vous faites aujourd’hui, c’est que vous ne savez pas encore comment faire de manière optimale. Faire des erreurs n’est pas un choix et si vous avez fait l’erreur que vous avez faite, il y a des raisons. En essayant de trouver une solution plus adaptée et en l’expliquant, vous mettez à l’épreuve le raisonnement (ou l’absence de raisonnement) que vous avez utilisé à ce moment-là. Cela va vous permettre de voir si vous vous trompez ou pas, lorsque vous appliquerez la correction que vous avez trouvée. Si celle-ci ne marche pas, quelque chose vous échappe encore et vous devez remettre en question votre raisonnement. Si elle marche, votre raisonnement n’est sûrement pas optimal, mais il est déjà meilleur que celui précédemment qui a débouché sur une erreur.

Donc, notez vos erreurs, corrigez-les et surtout engagez-vous en donnant des explications.

4. Définir des corrections beaucoup trop vagues

Autre problème que je rencontre souvent, ce sont les solutions du type « la prochaine fois je me placerai mieux », « la prochaine fois, je ferai plus attention à mon focus », « la prochaine fois, je ferai plus attention à protéger mon équipier ». Toutes ces corrections, nous pouvons les résumer par « la prochaine fois, je jouerai mieux ». Si c’était aussi simple, il n’y aurait pas autant de joueurs bloqués exactement au même point dans le classement depuis des semaines.

Ici, parce que vous allez donner des explications à vos corrections, vous allez en profiter pour aller encore plus loin. Vous allez décrire concrètement ce qui doit se passer idéalement pour atteindre la solution que vous avez imaginée.

« Je dois améliorer mon placement » va devenir « je me mettrais en hauteur quoi qu’il arrive, j’ai un meilleur angle de tir, je peux me cacher ». Est-ce que cela va suffire? Absolument pas, car vous allez réaliser que dans certaines conditions, vous ne pouvez pas prendre les hauteurs, ce serait trop risqué. Mais vous allez expliquer pourquoi c’était trop risqué. Par contre, ce que vous allez comprendre aussi, c’est que parce que la hauteur est une position avantageuse pour vous, vous devez obligatoirement déloger votre adversaire s’il se trouve en hauteur. Et petit à petit, à chaque fois que vous ferez une itération de correction, votre modèle s’améliorera jusqu’à atteindre la réponse optimale que vous cherchez. Devant des situations différentes, mais similaires, vous parviendrez à déterminer immédiatement une meilleure réponse et cela sera un signe concret de progression.

5. Voir beaucoup moins d’erreurs après avoir fait une bonne action et se laisser emporter par la partie

Autre faiblesse de notre cerveau, pour chaque bonne action que vous réalisez, votre cerveau vous encourage à vous auto-congratuler. En clair, une bonne action vous encourage à en faire une mauvaise derrière dans le but de vous faire plaisir. Ce que je constate le plus souvent, c’est que les joueurs qui regardent leurs vidéos perdent systématiquement leur concentration après une bonne action ou une série de bonnes actions. C’est comme s’ils oubliaient pourquoi ils regardaient leurs replays à la base.

Mais comme je l’ai dit, ce n’est pas la faute des joueurs en question. Cet automatisme, tout le monde l’a, tout le monde peut être victime de ce phénomène. Si vous pensez par exemple, que vous n’êtes pas victime de ce comportement, félicitations, vous avez la preuve la plus concrète que vous en êtes victime.

Autre forme de récompense si vous regardez un replay où vous avez gagné : après une bonne action, vous aurez tendance à oublier pourquoi vous regardez le replay. Vous prendrez beaucoup de plaisir à voir vos actions et celles de vos équipiers et vous ne verrez plus les erreurs. Vous serez seulement en train de regarder un film où vous êtes l’acteur principal.

6. Regarder les erreurs des autres plutôt que de trouver les vôtres

Si vous jouez à des jeux en équipe, cette erreur est pour vous. Quand vous êtes à la recherche de vos erreurs dans un enregistrement, vous observerez aussi vos équipiers. Vous verrez en eux beaucoup plus d’erreurs qu’eux-mêmes, surtout si votre niveau est supérieur au leur. En effet, si vous êtes plus expérimenté,  vous ne ferez pas les mêmes erreurs qu’eux. Quand vous reconnaîtrez une erreur dans leur jeu que vous avez vous-même réglée, cela attirera immédiatement votre attention.

Et parce que vous êtes dans une optique de rechercher des erreurs, vous allez vous mettre à les scruter au point même où vous en deviendrez biaisé. Une erreur de leur part sera immédiatement relevée. Une erreur qui n’est pas de leur ressort, mais qui vient de la somme des circonstances (autrement dit, la personne ne pouvait pas faire autrement que de faire l’erreur, car la situation était déjà perdue et que c’était sa seule option) leur sera attribuée.

Petit à petit vous vous mettrez à voir tout ce qui ne va pas chez eux au point d’oublier qu’au départ, c’était vous que vous vouliez analyser. Résultat, si vous ne vous en rendez même pas compte, vous commencerez à développer du ressentiment envers vos équipiers. Car les erreurs que vous avez notées vous rendront paranoïaque. A chaque fois que vos équipiers reproduiront l’erreur, cela va créer de la frustration chez vous « mais il fait encore cette erreur! c’est pas possible, il apprend jamais ou quoi!? ».

Devinez quoi, ils ont exactement le même problème que vous. Parce qu’ils ont du mal à trouver des solutions pour leurs erreurs, vous aurez aussi du mal à le faire pour les vôtres. Ne condamner pas la personne, parlez-lui simplement des pièges à éviter et comment ces pièges se manifestent afin qu’elle puisse trouver des solutions plus rapidement. Ou encore mieux, donner lui votre solution, elle ne sera pas parfaite, mais elle sera certainement meilleure que la sienne.

7. Le biais du résultat

Le meilleur pour la fin, cette erreur, tout le monde la fait, partout, tout le temps. Cette erreur est même la responsable du fait que tant de joueurs se retrouvent bloqués exactement au même endroit pendant trois semaines, un mois, deux mois et bien plus. Ce problème c’est le biais du résultat. Concrètement, c’est quand une personne décide si son action a été bonne ou non selon le résultat qu’elle obtient.

Par exemple, vous attaquez une position tout seul contre 5 autres joueurs. Sous prétexte que par un quelconque miracle, vous avez réussi à les tuer, vous jugez que votre action est correcte, qu’elle est bonne, or vous avez juste eu de la chance. Cet exemple est plutôt évident, mais que se passe-t-il quand la situation est nettement plus proche? Vous êtes 4, ils sont 5 et fortifiés. Vous décidez de charger quand même et encore une fois sous l’effet de la chance, vous triomphez. Sauf qu’il est très simple pour vous de mettre ça sur le dos de plusieurs facteurs qui n’ont pas été décisifs à ce moment là :

  • On a eu l’initiative
  • On a eu l’effet de surprise
  • On visait mieux
  • On a attaqué ensemble

Alors qu’en fait, la différence était la chance et votre décision d’attaquer était très mauvaise.

Le biais du résultat est l’élément qui fait la différence entre un joueur qui progresse et un autre qui stagne. Celui qui stagne, c’est celui qui est victime de cette erreur, en permanence. Celui qui progresse, c’est celui qui arrive à s’en détacher temporairement pour reconnaître quand une action est bonne ou non indépendamment du résultat.

Défi

A vous de jouer maintenant. La prochaine fois que vous regardez vos enregistrements ou ceux de joueurs professionnels, faites attention à ces sept erreurs. Voyez si vous êtes victime de certaines d’entre elles. En prenant ces précautions, votre analyse sera beaucoup plus fine et elle vous aidera bien plus à déterminer si ce que vous avez fait était correcte ou non. A partir de là vous pourrez recommencer à progresser, renforcer votre jeu.

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