Le biais de la confiance en soi dans les jeux vidéo

de | 12 juillet 2017

Tout le monde passe à côté d’immenses opportunités, que cela soit dans votre vie professionnelle, personnelle, ou ici dans les jeux vidéo. Si vous jouez pour progresser, vous êtes d’autant plus atteint par ce phénomène, car celui-ci se renforce au fur et à mesure que vous devenez un expert dans votre domaine. Les jeux vidéo étant très simples d’accès, n’importe qui peut jouer régulièrement tous les jours et avoir ce sentiment de devenir un expert, même si cette personne se fait battre lamentablement par d’autres joueurs. Ici, j’aimerais vous parler d’un biais cognitif qui vous empêche systématiquement d’essayer de nouvelles choses, découvrir de nouvelles méthodes afin de progresser. Quand on vous présentera une opportunité en or dont la méthode est efficace, mais qui s’éloigne de votre zone de confort, une partie de vous dira « de toute façon, ça ne marche pas » et vous raterez tout simplement cette opportunité pour devenir meilleur. Ce phénomène qui est facilement observable dans les jeux vidéo, est exactement identique dans la vie réelle (personnelle et professionnelle). Concrètement c’est une petite voix qui vous dit « tu sais mieux de quoi tu parles », « ta méthode est meilleure que la sienne », « il en sait moins que toi », alors que vous n’avez même pas essayé ladite méthode ou laissez la personne s’exprimer pour mieux connaître l’étendue de ses connaissances et ses expériences.

Quand je vous expliciterai ce biais cognitif qui vous fait penser que vous avez toujours raison, vous réaliserez à quel point votre cerveau vous empêche tout simplement de découvrir de nouvelles choses, choses qui pourraient vous nourrir, vous permettre de vous épanouir et surtout de vous améliorer dans les activités que vous aimez. Vous découvrirez que ce biais est loin d’être rare et qu’il faut une forte volonté pour atténuer ses effets. En effet, je veux être clair avec vous, ce biais cognitif fait partie du fonctionnement de votre cerveau, parce que c’est le cas, il est impossible de s’en débarrasser. En avoir conscience, connaître le phénomène ne vous rendra pas invincible contre ce défaut, mais cela vous permettra de mieux le combattre et surtout de l’accepter, aussi bien chez vous, que chez les autres. Quand vous parviendrez à minimiser les effets de ce biais cognitif, vous pourrez alors vous ouvrir concrètement vers d’autres façons de penser, façon de faire et surtout vous arrêterez de juger les choses avant de les avoir essayées. Cela viendra enrichir considérablement votre expérience, encore une fois aussi bien dans la vie que dans les jeux vidéo.

Le biais de la confiance en soi, des conséquences désastreuses dans la vie réelle et vidéoludique

Ce dont je vais vous parler aujourd’hui dépasse de loin le cadre des jeux vidéo, mais parce que les jeux vidéo forment un environnement propice au développement de ce défaut, il est important d’en parler. De plus, les joueurs de jeux vidéo ont tendance à amener ce défaut avec eux dans la vie professionnelle sans même s’en rendre compte. Ce défaut, ce biais cognitif dont j’aimerais vous parler, est le biais de la confiance en soi. C’est tout simplement la supposition automatique que vos idées sont les meilleures. Les gens aiment penser qu’ils savent de quoi ils parlent, qu’ils ont une maîtrise parfaite de ce qu’ils font et que leur façon de faire est la meilleure. Or, nous savons tous qu’il y a toujours quelqu’un de meilleurs que nous, depuis la démocratisation d’Internet, il n’y a pas à chercher très loin pour en avoir la preuve.

Jeu vidéo : Mortal Kombat XL. Johny Cage, se tatouer son propre prénom, c’est spécial quand même. Un personnage qui déborde de confiance en lui.

Les manifestations de ce biais cognitif sont aussi visibles dans le monde professionnel, par exemple, l’auteur du livre Web Analytics 2.0, Avinash Kaushik parle d’une loi qu’il appelle la loi HiPPO (the highest Paid Person’s Opinion = l’opinion de la personne la mieux payée). En l’absence de données, de preuves, c’est un élément extrêmement arbitraire qui va donner à une personne le pouvoir de décision. Bien sûr, souvent le salaire d’une personne est élevé pour une bonne raison, mais cela tient plus de la corrélation que d’une causalité (= toutes les personnes bien payées ne font pas forcément du bon travail). Cette personne bien payée se dit qu’elle est une experte, même si cela ne concerne pas son domaine d’expertise. Beaucoup d’entreprises ont noté ce phénomène et demandent à leurs collaborateurs d’apporter avec eux des données, des preuves de ce qu’ils avancent. Cela permet d’éviter les plus grosses erreurs, mais les données en elles-mêmes ne veulent rien dire, et dans le cas d’une divergence d’opinions, la loi HiPPO s’applique.

Et c’est à partir de maintenant que vous commencez à voir pourquoi les jeux vidéo sont si propices à ce phénomène. Dans les jeux vidéo, il existe une grande quantité d’éléments qui vous permettent de vous faire penser que vous êtes un expert, que vous savez de quoi vous parler (même si ce n’est vraiment pas le cas). Nous retrouvons par exemple le classement (et le classement le plus haut atteint), le nombre d’heures jouées, le nombre de victoires, etc. Or, tous ces éléments ne veulent rien dire si vous ne savez pas comment les lire, surtout si le but est de nourrir votre orgueil. Et c’est là le problème, parce que ces données vous concernent et que vous devez les juger, naturellement vous les verrez d’un bon œil. Quand les résultats sont excellents, vous direz que vous êtes vraiment un bon joueur. Quand ils ne sont pas terribles, vous vous direz que vous êtes au moins au-dessus de la moyenne. Ce mauvais jugement viendra nourrir votre confiance en vous au point d’arriver à l’excès. Très rapidement si vous n’y prenez pas garde, vous allez commencer à parler de choses dont vous ne connaissez rien. Il n’y a qu’à passer sur les forums de jeux vidéo pour s’en rendre compte. Peu importe le sujet, vous trouverez toujours des joueurs prêts à vous dire des bêtises et qui seront incapables de se remettre en question (ironiquement, c’est souvent ceux qui parlent le plus de la remise en question). En ayant les mauvaises informations, vous n’avez alors plus aucune chance de vous améliorer.

Une méthode pour minimiser les effets du biais de la confiance en soi

Le meilleur moyen d’éviter ce piège est d’utiliser sa volonté pour se forcer à se remettre en question et suspendre temporairement son jugement. En effet, parlez d’un nouveau sujet à quelqu’un, même s’il ne le connaît pas du tout.  S’il ne fait pas attention, en moins d’une minute il sera un expert et pourra vous en parler pendant des heures et il sera capable de vous expliquer pendant des heures pourquoi il a raison. En comprenant ce biais cognitif, vous saurez que vous n’en êtes absolument pas protégé et que ce n’est pas parce que vous connaissez l’existence de ce phénomène, qu’il sera facile pour vous de minimiser ses effets. J’ai moi-même une méthode très simple pour me rendre compte de ses effets et les dépasser. La méthode est très simple : quand je prends connaissance d’une méthode, d’un exercice qui est supposé m’apporter de nombreux bénéfices, mais où je doute énormément de son efficacité, je me pose le défi d’essayer pendant 20 jours cette nouvelle méthode.

Dernièrement, je teste les exercices du jeu Aim Hero dont les effets sont supposés améliorer ma visée dans les jeux de tir. J’étais extrêmement sceptique au départ. Mais j’ai décidé de me lancer ce défi de 20 jours et de voir où cela me mènerait. J’en suis seulement à 10 jours pour l’instant et je vous ferai un retour sur le sujet après mon défi.

Méthode simple pour surmonter le biais de la confiance en soi, quand vous êtes face à quelque chose qui est supposé vous faire du bien, mais dont vous doutez franchement de l’efficacité :

  1. Utilisez ladite méthode pendant 20 jours.
  2. Vous vous exercerez toujours dans le même créneau horaire pour minimiser les effets aléatoires.
  3. Vous vous engagerez à 100%, hors de question donc de vous lancer ce défi si vous manquez en permanence de sommeil ou d’envie.
  4. Surtout, vous prendrez des notes sur les résultats que vous obtenez. Vous ne noterez pas de différence dans les premiers jours et c’est normal. Ne vous reposez surtout pas sur votre ressenti, celui-ci est déjà biaisé.
  5. Vous ne jugerez à aucun moment la méthode pendant ces 20 jours. Le simple fait de se dire que cela ne marche pas changera votre façon de faire afin de saboter la méthode.

En respectant ces 5 points, vous donnerez une véritable chance à ce nouvel élément, cette nouvelle méthode et vous pourrez en tirer les bénéfices (si bénéfices, il y a). Vous ferez ce qu’une minorité de personnes font quand ils sont face à quelque chose de nouveau, vous allez essayer/apprendre.

Défi

A vous de jouer maintenant. Dans les jeux vidéo, il existe une quantité presque infinie de méthodes pour s’améliorer efficacement. Beaucoup de joueurs ne sont pas convaincus et jugent ces méthodes avant même d’essayer. Ne faites pas partie de ces gens-là. Vous êtes sceptique? Félicitations, vous êtes comme tout le monde. Donnez une véritable chance à ces méthodes, prenez celle qui vous plaît le plus et lancez-vous, devenez meilleur chaque jour.

2 réflexions au sujet de « Le biais de la confiance en soi dans les jeux vidéo »

  1. Céline

    Bonjour,
    Le biais cognitif dont vous parlez est-il vraiment lié à la confiance en soi ?
    n’est-ce pas plutôt un problème d’égo ? Je vois très bien le problème développé au sujet de l’expertise, selon moi, il s’agit plus d’un problème d’égo surdimensionné et du coup un déficit de confiance en soi pour le coup. Quand une personne est confiante en ses capacités et en son potentiel, cela ne l’empêche pas d’être ouverte aux opinions des autres et aux façons de faire des autres. Une personne qui développe la confiance en soi n’a nullement besoin de prouver ou de convaincre que sa méthode est la bonne.
    Cordialement.

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    1. Joseph Nguyen Auteur de l’article

      Bonjour et merci pour cette question très intéressante !

      Le biais que j’expose ici est grandement amplifié par l’ego, mais il n’est pas nécessaire d’en avoir pour qu’il se déclenche.

      Quelqu’un qui aurait très peu d’ego, peut quand même penser que sa façon de faire est meilleure que la façon de faire des autres (sans même avoir essayé d’autres méthodes).

      C’est peut-être le nom du biais qui porte à confusion. Certains le nomment « le biais de l’excès de confiance en soi ». On peut tout à fait être ouvert à d’autres méthodes, comprendre qu’il existe d’autres façons de faire… tout en étant persuadé d’avoir la meilleure méthode.

      On ne se considère pas comme supérieure ici, on considère notre façon de faire / de penser comme supérieure. Alors on n’a même pas besoin de le prouver ou de convaincre les autres, car on sentira au fond de nous, que l’on a la meilleure méthode.

      Et c’est ce sentiment profond que j’essaye de décrire dans cet article pour permettre aux gens d’en prendre conscience et de, peut-être, s’en libérer en faisant des choses nouvelles.

      J’espère avoir été plus clair et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à me le signaler !

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