Cinquième obstacle qui vous empêche de progresser : « Je joue « flanker », alors je dois passer sur le flanc »

de | 30 mai 2018

Dans cette cinquième vidéo, j’explique comment une façon de jouer qu’utilise pratiquement la totalité des joueurs les empêche de progresser. Pour être très concret, les joueurs en ligue Maître ont la même capacité d’analyse que des joueurs en ligue Bronze. Pour moi, c’est un très gros problème qui vous empêchera de progresser. Voyons comment cette situation a pu naître et surtout, comment y remédier rapidement.

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Jeu vidéo : Overwatch. Présentation du cinquième obstacle. Cliquez sur l’image pour lancer la vidéo.

Retranscription de la vidéo, Obstacle 5 Copier sans réfléchir

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo du blog centres-dinteret-jeux-video.com. Je suis Joseph Nguyen, auteur de ce blog et coach sur Overwatch.

Cette vidéo est la cinquième vidéo d’une série de 7 vidéos qui décriront 7 obstacles qui vous empêchent aujourd’hui de progresser dans le classement.

Dans cette vidéo, nous verrons ensemble le cinquième obstacle qui empêche les joueurs de progresser dans les jeux vidéo compétitifs en équipe comme Overwatch, League of Legends et bien d’autres.

L’obstacle que j’aimerais vous décrire aujourd’hui a créé un filtre devant vos yeux qui vous empêche de voir ce qui est juste sous votre nez. Cet obstacle a été créé par votre méthode d’apprentissage : la copie. Vous copiez les gestes, mais aussi les idées. Si bien qu’aujourd’hui, si on regarde ce qu’il y a en dessous de la copie, on n’y trouve presque rien.

Aujourd’hui votre niveau de connaissance est très supérieur à votre niveau de jeu. Par mon expérience de coach, j’évaluerai ce rapport à 1 sur 100, vous connaissez 100 fois plus de choses en théorie par rapport à ce que vous appliquez sur le terrain.
Je vais même vous partager un constat qui m’a énormément surpris et qui me surprend toujours d’ailleurs. Un joueur de niveau Maître a la même capacité d’analyse qu’un joueur de niveau Bronze. La seule différence entre les deux est sur la mécanique. Le joueur de niveau Maître est plus rapide, il exécute les actions de manière plus fluide et plus précise, il réagira aussi plus rapidement et… ça s’arrête là.
Au niveau de ses connaissances, au niveau de l’application de ses connaissances, c’est exactement le même niveau entre le joueur Bronze et le joueur Maître. Selon moi, et je pense que c’est aussi le cas pour vous, c’est un très gros problème.

Quand je dis ça à un joueur en ligue Maître, il n’y croit pas une seconde et je ne suis pas du tout surpris. Alors pour le convaincre, je lui pose deux questions extrêmement basiques :

  • « Pourquoi est-ce que tu fais ce que tu fais ? En quoi est-ce que c’est efficace ? »
  • « Quels sont les critères que tu utilises pour savoir si une action est efficace ou non ? »

Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir. Essayez de me donner des réponses convaincantes. Mettez la vidéo sur pause et relancez la vidéo quand vous avez au moins 3 raisons qui vous permettent de savoir si ce que vous faites est bien ou pas.

Regardons tout de suite les réponses que j’obtiens à TOUS LES COUPS. Je répète, il n’y a eu absolument aucune exception sur tous les joueurs que j’ai coachés.
Celle qui revient à chaque fois, que ce soit au début ou après avoir creusé pendant 2 minutes avec certains, c’est « je ne sais pas ».

Puis, on a ce que j’appelle la réponse du « C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus ».

« Je joue flanker donc je passe derrière et je tue la ligne arrière. »
Ce à quoi je réponds : « et c’est parce que tu passes par derrière que c’est efficace ? »
Et là on me répond : « bah non, des fois je passe sur les côtés aussi ».

Je vous épargne tous les dérivés du genre « je dois tuer la ligne arrière parce que je passe par derrière », « je dois tuer la ligne arrière parce que je passe en haut », « je tank parce que je joue tank », « je joue tank donc je dois être devant », etc. Ça peut continuer très très loin comme ça.

On a aussi les réponses du type : « si je fais bien ce que je dois faire, c’est que je le fais bien ! »
Je sais, ça ne vole pas très haut, mais c’est une réalité, ce sont les réponses du type « bah si je joue DPS, si j’ai la médaille d’or aux dégâts, c’est que c’est efficace ».
Ou on a aussi dans le même type : « si j’ai fait le café pendant la partie, c’est que je suis efficace, et si je n’arrive à rien, alors c’était parce que je n’étais pas efficace ».

Bon, le moins que l’on puisse dire, c’est que les réponses ne sont pas : 1, convaincantes et 2, qu’elles sont très vagues. Me dire que les « dps » doivent « dps beaucoup » je pense que vous n’avez pas tellement besoin d’entendre ça.

Et vous, quels types de réponses avez-vous trouvé ? N’ayez surtout pas honte si vous n’avez pas de réponses convaincantes, je viens de vous expliquer que c’était les réponses que j’obtenais à chaque fois et de la part de joueurs qui sont dans la ligue Maître. Ne pas avoir de réponse convaincante est la norme aujourd’hui, même si on n’a pas envie d’y croire.

Je pense que vous me connaissez maintenant et vous savez ce que je pense des réponses vagues. Je tiens à ce que cela soit très clair et que cela soit une règle fondamentale que vous allez vous construire : « ce qui est vague est inutile et si vous êtes vague c’est parce que vous n’avez aucune idée de ce que vous faites ». Plus vite vous l’acceptez et plus vite vous progresserez.

Pourquoi les mêmes réponses vagues pour des niveaux si différents, c’est-à-dire entre Bronze et Maître. Il y a une raison très simple qui explique ça. Les joueurs, quel que soit leur niveau, ne réfléchissent que très rarement pendant la partie. Tout leur jeu est basé sur de la mécanique et des réflexes.

C’est exactement cette raison qui différencie les joueurs professionnels, des joueurs amateurs voire semi-pros. Les joueurs professionnels sont certes très bons mécaniquement, mais ils ont aussi une stratégie en tête, des règles à suivre leur permettant de dérouler leur stratégie s’il rencontre un obstacle. Heureusement pour vous, je vais aller beaucoup plus loin dans mon analyse et je ne vais pas rester vague comme les réponses précédentes.

Je pense que vous voyez clairement le problème maintenant : vous n’appliquez pas ce que vous savez. Vos connaissances théoriques sur le jeu n’ont absolument aucune incidence sur votre niveau de jeu. Alors que ces dernières devraient être utilisées pour littéralement façonner votre niveau de jeu. Cette vidéo n’a qu’un seul but : vous montrer comment réduire l’écart entre ce que vous savez du jeu et ce que vous faites réellement quand vous êtes en jeu.

Ce qu’il faut retenir ici c’est que peu importe votre temps de jeu, peu importe votre niveau de jeu, parce que vous ne réfléchissez pas pendant vos parties, il n’y a aucune raison que votre capacité à raisonner sur le jeu de manière concrète s’améliore.
Nous avons tous des biceps et certains ont des biceps plus gros que les autres. Parce que justement ils les ont fait travailler beaucoup plus que les autres. La conséquence de cette façon de jouer, c’est que vous basez uniquement votre jeu sur les réflexes et la mécanique. Il n’y a qu’à voir le sujet qui intéresse tout le monde pour s’améliorer : la « visée », la « aim ». Quand je demande à un joueur de donner l’ordre d’importance de la visée dans Overwatch, il me dit que c’est très loin derrière le team play qui doit faire 80% du jeu et la visée ne ferait que 20% du jeu.
Mais alors pourquoi tous les joueurs sont obsédés par la visée et ne travaillent absolument pas le team play qui même d’après eux, fait 80% du boulot ? C’est parce qu’à l’instant où il se retrouve sur le terrain, toutes leurs connaissances s’envolent et deviennent de lointains souvenirs.

Je vais vous montrer comment établir une stratégie efficace et surtout comment jouer de façon adéquate afin que votre composition et vos initiatives soient en parfait alignement avec la stratégie. Mais avant, nous devons voir quelque chose d’extrêmement important ensemble. Pour nous améliorer, encore faut-il comprendre comment ça marche, comprendre les règles du jeu avant de vouloir décider d’une stratégie.

Si vous voulez vous améliorer, il vous faut à tout prix avoir les principes du jeu et en saisir le sens, les conséquences.

En saisissant pleinement le sens de ce que vous faites ou plutôt de ce que vous devriez être en train de faire, vos actions ne seront plus décousues. Vous comprendrez à quoi servent vos actions à une échelle bien plus grande et bien plus pertinente que l’échelle personnelle que vous utilisez actuellement. Un « kill » de votre part, ne sera pas seulement cela. En tuant la bonne personne, cela ouvrira une fenêtre d’opportunité pour votre équipe afin que cette dernière puisse dérouler son jeu. En plus de pouvoir observer vos actions sous un autre angle, vous pourrez aussi lire le jeu de votre adversaire, deviner sa stratégie, mais aussi sa tactique, c’est-à-dire sa façon sur le terrain de mettre en pratique sa stratégie. Est-ce que vous ne pensez pas que votre jeu serait nettement plus puissant si vous saviez déjà ce que vos adversaires vous réservent ? Vous connaissez déjà la réponse à cette question.

Evidemment, je ne vais pas vous demander de vous arrêter de jouer en plein milieu de la partie pour réfléchir. Comme d’habitude, toute l’étape de réflexion se fera au moment de la réflexion c’est-à-dire AVANT de vous entraîner. Je vous préviens tout de suite, vous aurez l’impression qu’il y a des millions de questions à se poser, mais cela vient avant tout du fait que vous ne vous êtes jamais posé de questions et vous n’avez fait qu’accumuler des expériences. Vous remarquerez aussi très rapidement que la plupart des questions auront des réponses très simples et souvent négatives, car elles ne respectent tout simplement pas les règles de votre jeu vidéo sur lequel vous essayez de progresser.

En effet, chaque jeu vidéo compétitif en ligne est soumis à des règles. Ces règles viendront dicter une certaine façon de jouer, une certaine dynamique. En comprenant le fonctionnement de cette dynamique et donc en sachant comment l’exploiter au mieux, vous saurez exactement comment jouer vos personnages. Vous identifierez rapidement les objectifs à atteindre si vous voulez dérouler votre jeu plutôt que de subir celui de vos adversaires. Concrètement, vous allez identifier les principes-clés que vous devrez suivre en permanence si vous souhaitez gagner.

Sur Starcraft II, le principe-clé est la macro-gestion. Frappez dans l’économie de votre adversaire, obtenez le contrôle de la carte et il s’écroulera, peu importe s’il vous surpasse sur les autres critères. Dans une certaine limite évidemment.

Sur League of Legends, le principe-clé est la composition de l’équipe et son adéquation avec la tactique que vous allez mettre en œuvre. Si l’équipe adverse repose sur son jungler pour dérouler son jeu, le tuer infligera des dégâts immenses à leur équipe. Ils perdront alors leur avantage tactique et seront submergés lors du « late game ».

Sur Overwatch, le principe-clé est la composition de votre équipe et votre stratégie en fonction de la configuration de la carte sur laquelle vous jouez. Jouer une composition qui n’a pas de verticalité, c’est-à-dire qui ne peut pas prendre les hauteurs à volonté, sur une carte qui en est bourrée et vous vous retrouverez sous des tirs nourris sans même pouvoir riposter.

Ces principes-clés qui sont propres à chaque jeu vidéo viendront créer à leur tour des grands principes qui dicteront votre façon de jouer vos personnages et leur rôle. Si vous jouez à des jeux en équipe, il y a de grandes chances que vous retrouviez ces trois questions qui viendront dicter les 3 grands principes de la façon de jouer optimale :

  1. Quel est mon rôle dans l’équipe ?
  2. Comment est-ce que mon rôle permettra à mon équipe de dérouler son jeu ?
  3. Pourquoi le personnage que j’ai choisi est bien plus intéressant pour accomplir ce rôle qu’un autre ?

Ces trois questions de principe viendront dicter votre façon de jouer et chaque microdécision que vous prendrez devra être conforme à ces trois grands principes. Si vos actions sont conformes à ces trois questions, votre niveau de jeu viendra construire les fondations de cet immense édifice qu’est le jeu d’équipe. Vous saisirez alors toutes les richesses qui se cachent dans vos jeux vidéo préférés, plutôt que de seulement voir ce qu’il y a en surface.

Parce que vous avez maintenant le principe-clé en tête, les grands principes que cela implique et que vous avez les réponses pour les trois questions ci-dessus, il sera très simple de détecter vos erreurs et de les corriger. En effet, toutes vos actions qui ne sont pas en accord avec tout ça, sont par définition des erreurs. Il vous suffira alors de cibler ces actions et de les corriger afin qu’elles puissent être conformes aux principes. Pour trouver ces erreurs, posez-vous les questions suivantes : « qu’est-ce que j’ai accompli pour mon équipe en réalisant cette action ? » et « est-ce que cette action permet à mon équipe de dérouler son jeu ? » Si les réponses sont « pas grand-chose », « rien », ou même « je ne sais pas », alors ce sont des erreurs, alors vous savez que vous devez changer votre façon de jouer concernant ces éléments.

Jusqu’ici nous avons vu que d’abord, les joueurs de jeux vidéo se posent très peu de questions. Au point où même après des centaines d’heures de jeu, la plupart ne savent toujours pas répondre à des questions extrêmement basiques.
Le symptôme le plus évident de ce phénomène est qu’aujourd’hui, pratiquement tous les joueurs ne travaillent que sur des éléments mécaniques comme la visée pour progresser et ils passent alors à côté d’un critère qui fait 80 % du travail selon LEUR point de vue : le team play.

Parce qu’ils n’ont fait que de la mécanique jusqu’ici, ils ne savent pas par où commencer afin de créer le socle sur lequel ce team play reposera. Nous avons vu que pour créer ce socle, il faut d’abord identifier clairement le principe-clé de notre jeu vidéo en question. Ce principe-clé viendra à son tour créer des grands principes qui dicteront, j’insiste sur le mot dicter, votre façon de jouer afin d’être le plus efficace possible selon les règles établies.
Pour les jeux en équipe, nous retrouvons 3 questions fondamentales qui permettront aux joueurs de trouver ces grands principes : « quel est mon rôle dans l’équipe ? », « Comment est-ce que mon rôle permettra à mon équipe de dérouler son jeu ? » et « Pourquoi le personnage que j’ai choisi est bien plus intéressant pour accomplir ce rôle qu’un autre ? ». Ces trois questions vous serviront de repères pour trouver vos erreurs. En effet, pour chaque action que vous ferez, vous vous poserez les deux questions suivantes : « qu’est-ce que j’ai accompli pour mon équipe en réalisant cette action ? » et « est-ce que cette action permet à mon équipe de dérouler son jeu ? » Si les réponses à ces questions ne sont pas conformes aux grands principes, votre action sera une erreur par définition et vous devrez la corriger pour que cette dernière respecte pleinement les grands principes et donc aussi le principe-clé de votre jeu.

Je vais vous montrer comment jouer de façon à respecter votre stratégie. Comment faire pour que chaque initiative que vous allez prendre, vous permette de dérouler votre jeu plutôt que de seulement baisser votre frustration. Mais avant de vous montrer ça, nous devons voir d’abord comment élaborer une stratégie qui tient la route, qui a du sens et surtout, qui sera efficace. Je vous préviens tout de suite, cela sera loin d’être facile car vous ne l’avez, pour la grande majorité d’entre vous qui regardez cette vidéo, jamais fait auparavant. Alors nous allons prendre le temps ici de voir exactement comment faire, étape après étape.

Tous les jeux vidéo compétitifs en ligne sont obligatoirement équilibrés, du moins ils font tout leur possible pour l’être. Cette recherche de l’équilibre va créer des héros qui auront à la fois des forces et des faiblesses. Par exemple sur Overwatch, les personnages les plus rapides sont aussi moins résistants par rapport à des personnages qui appartiennent à la même catégorie. Tracer par exemple, a le plus de mobilité dans sa catégorie, mais elle est aussi le personnage avec le moins de points de vie. En ayant une image globale de tous les personnages présents dans votre jeu, vous aurez une idée de la dynamique que les développeurs essayent de construire à travers leur jeu. Il n’appartiendra alors qu’à vous de faire les mélanges de votre choix afin de déterminer les stratégies correspondantes. Du moins, ça c’est les grandes lignes. Voyons plus en détail comment cela se passe réellement.

Les meilleures stratégie se font par itération. C’est-à-dire qu’il faudra peaufiner la stratégie et son exécution au fur et à mesure de son utilisation. Oubliez alors tous vos rêves de trouver une nouvelle stratégie qui sera aussi puissante que celles des professionnels sur un coup de tête. Je vais être honnête avec vous, même les meilleures stratégies ont commencé au fond du trou. Si vous vous lancez dans cette aventure de trouver une nouvelle stratégie, surtout, n’abandonnez pas sous prétexte que ce n’est pas assez solide. Au contraire, renforcez-la et essayez de comprendre pourquoi elle ne marche pas.

Une bonne stratégie est donc à la base une mauvaise stratégie qui montre du potentiel, et qui a été améliorée à plusieurs reprises. Mais comment est-ce que l’on améliore quelque chose ? De quoi a-t-on besoin ? Comment améliore-t-on un système ?

Le tout premier élément indispensable afin de pouvoir améliorer quoi que ce soit est de déterminer l’objectif du système en question. Pour répondre à toutes ces questions, il faut d’abord analyser chaque élément du système, c’est-à-dire les sous-systèmes qui viendront composer le système en entier. En comprenant chaque rouage du système, vous pourrez commencer à faire une liste des améliorations possibles.

Dans le contexte qui nous intéresse, à savoir les jeux vidéo, voici les éléments dont vous aurez besoin pour améliorer quoi que ce soit dans votre niveau de jeu :

  • Quelle est ma stratégie ou quelles sont les stratégies possibles optimales ou au moins viables ? Autrement dit, quel est le but du système ?
  • A partir de cette stratégie, vous allez choisir la composition de votre équipe. Votre composition devra vous permettre au mieux de mettre en place votre stratégie. Votre composition représente les sous-systèmes que nous avons évoqués précédemment.
  • A partir de cette composition et du contexte (la carte, la composition adverse, etc.), quelle est la tactique optimale afin d’exécuter la stratégie (qui a été décidée plus ou moins explicitement) ?
  • Quel est alors le rôle de chacun des sous-systèmes, des personnages dans l’exécution de cette tactique ?

En répondant à ces quatre questions, vous aurez un jeu qui a du sens. Vos actions sur le terrain devront être conformes sur les 4 niveaux d’analyse. Vous pourrez alors voir très facilement si une action de votre part est bonne ou si c’est une erreur. Et cela indépendamment du résultat.

La quatrième question est celle qui vous intéresse le plus pendant la partie, elle vous permet de déterminer votre rôle exact dans la composition que vous êtes en train de jouer. Mais pour y répondre, il est indispensable d’avoir déjà répondu aux trois questions précédentes. Car sans ces réponses, il est tout simplement impossible de jouer son rôle correctement.

Croyez-le ou non, mais ces questions n’ont toujours pas de réponse, même chez une grande majorité de joueurs en ligue Grand-Maître. Quand je pose la question suivante à un joueur en ligue Bronze ou en ligue Maître : « quel est ton rôle quand tu joues Genji ? » J’obtiens exactement la même réponse de la part de ces deux joueurs : « je suis le flanker et je dois tuer la ligne arrière ». Et quand j’essaye de creuser pour voir ce qu’il y a derrière, je me rends compte qu’il n’y a absolument rien. Toutes les réponses que j’obtiens par la suite ne sont que des formes diverses de la première déclaration, des réponses du type « C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus ». Ce qui donne encore une fois « je suis le flanker, je focus les supports en premier parce qu’ils sont à l’arrière », « je dois souvent passer par les flancs pour pouvoir aller derrière », « je dois attendre que mon équipe attire l’attention pour… passer derrière ». Bref, j’obtiens toujours la même réponse, parce que c’est la seule qu’ils connaissent, en ligue Bronze, comme en ligue Maître.

Généralement quand je pose cette question « quel est ton rôle quand tu joues le héros X ? », c’est pendant que l’on regarde un enregistrement de l’une de ses parties. Il a donc parfaitement le contexte et tous les éléments pour me répondre. Malheureusement, sa réponse est assez bateau comme vous avez pu le voir. Pour me donner une véritable réponse, une qui tient la route, vous me donneriez un scénario qui contiendrait la stratégie de votre équipe, la composition de votre équipe, le contexte, la tactique et enfin seulement votre rôle. En clair, le problème ici, c’est que les joueurs voient les héros de jeux vidéo comme dans LoL, Dota, Overwatch par exemple, comme des outils simples, mais c’est beaucoup plus complexe comme vous venez de le voir.

Les outils simples peuvent d’ailleurs servir à beaucoup de choses. Il y a, en effet, une catégorie de personnes dans notre société qui est très créative : les prisonniers. Ces derniers ont beaucoup d’imagination et vous seriez surpris de toutes les « inventions » qui ont été faites dans les prisons ou par des personnes en captivité.

Prenons l’exemple d’un tournevis. A quoi sert un tournevis ? Une personne qui n’a absolument aucune imagination répondra seulement « à visser et dévisser des vis ». A quoi cela pourrait servir d’autres ? Pour trouver des pistes, imaginez différents contextes.

Encore une fois mettez la vidéo en pause et relancez la vidéo quand vous avez 3 utilisations supplémentaires pour un tournevis.

Les utilisations possibles sont :

  1. Une arme ;
  2. Une monnaie d’échange ;
  3. Un instrument de musique ;
  4. Casser une vitre ;
  5. Ouvrir un pot de confiture qui fait de la résistance ;
  6. Faire un effet de levier sur une pièce coincée ;

Quand vous me dites que Genji est un flanker, vous ne me donnez pas son rôle, vous ne me donnez pas ses utilisations possibles. Tout ce que vous faites, c’est me donner une évidence, comme le fait qu’un tournevis tourne des vis. Changez le contexte et découvrez de nouvelles fonctions à des personnages ou à des outils, même très simples.

Qu’avons-nous vu jusque-là ? D’abord que les joueurs de jeux vidéo réfléchissent très peu pendant les parties, peu importe leur niveau. Leur capacité à raisonner est donc proche de 0, il est donc très difficile pour eux de trouver de nouvelles stratégies par exemple. Leur jeu est alors basé uniquement sur les réflexes et la mécanique, alors qu’ils ont conscience qu’il y a des leviers de performance comme le jeu d’équipe qui sont bien plus puissants.

Heureusement pour eux, leur niveau de connaissance dépasse de très loin leur niveau de jeu. Alors, ils connaissent déjà des informations qui sont activement relayés sur Internet, comme par exemple qu’Overwatch mise énormément sur le team play, même s’ils n’ont jamais vu ce qu’était du team play dans leurs parties. Ils ont alors déjà des pistes d’améliorations.
Nous avons vu qu’il fallait se poser des questions essentielles afin de déterminer les règles du jeu d’une part, mais aussi la dynamique de chaque jeu vidéo compétitif. A partir de là, il est infiniment plus simple de trouver pourquoi une action est une erreur ou non et donc de la corriger si nécessaire.

Nous avons ensuite vu que n’importe quelle bonne stratégie commence, elle-aussi, par être une mauvaise stratégie. Elle ne deviendra bonne qu’à force de l’améliorer via de multiples itérations. Nous avons donc vu ensemble les premiers éléments qui permettront d’améliorer un système, une stratégie : l’objectif et le fonctionnement du système. Si nous ne connaissons pas le but, impossible d’améliorer le système dans le bon sens. Et si nous ne connaissons pas les règles, impossible de doser correctement chaque ingrédient pour obtenir un système optimal.
Nous avons donc vu ensemble les 4 éléments fondamentaux qui viendront donner du sens dans vos actions. La stratégie, la composition, la tactique et le rôle de votre personnage.

Bon, avant de vous emballez en pensant découvrir « la nouvelle astuce pour passer master sans effort », sachez que ce qui fait les équipes ce n’est pas la stratégie, ce n’est pas le plan de bataille, mais les initiatives que les joueurs prendront pour parvenir tout de même à dérouler leur stratégie. Encore une fois, je ne vais pas vous mentir comme font beaucoup de vidéos, ce n’est pas parce que vous saurez définir une stratégie que vous monterez dans le classement comme par magie. Il vous manque le plus important, appliquer la stratégie alors que votre adversaire vous en empêche.

Pour vous donner une idée d’à quoi vous attendre, je vous laisse découvrir cette citation d’une personne dont je n’arrive pas à prononcer le nom alors je vais m’abstenir.

« Aucun plan de bataille ne survit au contact de l’ennemi ». Helmuth Karl Bernhard von Moltke.

La première chose que les joueurs que je coach me disent quand nous finissons d’établir nos premières stratégies c’est : « mais alors, je n’ai plus le droit de prendre des initiatives ? ».

Bien au contraire. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce n’est pas parce que vous avez clairement défini une stratégie, une composition, une tactique et enfin votre rôle, que vous ne devez plus prendre des initiatives. C’est justement les initiatives qui font les joueurs encore une fois. De plus, vos adversaires prendront sûrement des initiatives pour contrecarrer vos plans, alors vous devrez, à votre tour, vous adapter.

Mais ici, il ne s’agira pas de prendre n’importe quelle initiative. L’erreur fréquente que je constate chez les joueurs de jeux vidéo qui ne progressent pas ou plus, c’est que leurs initiatives sont purement personnelles : « j’ai décidé de changer de cibles, parce que je ne touchais pas celle d’avant », « j’ai décidé de switch sans rien dire parce que je n’aime pas jouer support », « j’ai décidé de passer à gauche tout seul pour les attaquer sur le flanc et ils m’ont tué tout de suite ». Toutes les initiatives que vous devez prendre doivent respecter une règle d’or : vos initiatives doivent vous permettre de continuer d’assurer votre rôle dans l’équipe et elles doivent être alignées avec votre stratégie.

Par exemple, si vous jouez Genji dans une composition dive classique (D.Va, Winston, Genji, Tracer, Lucio, Zen), l’erreur que je constate très souvent est que le Genji décide soudainement de prendre un McCree ou un Soldat parce que soit disant, il n’arrive à rien. Vous ne pouvez pas faire pire comme erreur parce que votre équipe va continuer de jouer exactement de la même façon, mais sans Genji cette fois.

Vous ne verrez pas forcément pourquoi c’est une erreur alors laissez-moi vous l’expliquer.

Dans cette configuration, le rôle du Genji est le suivant, on va donc suivre le plan en 4 points :

  1. Premier point, la stratégie. Votre stratégie est de frapper vite en sélectionnant la cible la plus vulnérable (moins de 200 PV, le moins de mobilité possible et isolée des autres dans le meilleur des cas) et ensuite vous enchaînerez le combat en 5v6. Pour que cette stratégie fonctionne, il faudra tuer très rapidement. La vitesse sera donc privilégiée par rapport à la solidité, ou la résistance aux dégâts, de l’équipe.
  2. Deuxième point, parce que vous avez besoin d’une mobilité très importante afin d’atteindre cette cible, vous allez prendre des héros ayant une forte mobilité et si possible de la verticalité (possibilité de sauter ou de se propulser). Parce que votre composition ne vise pas les combats longs, vous ne miserez pas spécialement sur la puissance des soins, mais vous maximiserez les dégâts infligés et la rapidité.
  3. Troisième point, la tactique ici est de trouver la cible optimale, c’est-à-dire la plus vulnérable à votre stratégie, avant de foncer. En effet, vous n’aurez pas le temps de réfléchir une fois que la machine sera lancée. Pour détecter au mieux cette cible, vous prendrez les hauteurs ou des personnages capables d’être en hauteur même pendant un temps limité. Une fois que la cible sera trouvée, vous partagerez sa position avec le reste de l’équipe. Votre tactique consistera alors à lancer 3 personnages sur la cible en même temps. Sans cela, vous ne respecterez pas les impératifs de rapidité et de puissance de feu que vous impose votre stratégie.
  4. Et enfin, quel est le rôle de Genji dans cette composition ? Genji fait beaucoup de dégâts en rafale (burst en anglais), puis il produit un DPS constant assez faible. Son combo le plus dévastateur dans une configuration dive est « dash + clique droit + coup de mêlée » qui peut monter jusqu’à 200 points de dégâts et plus, c’est-à-dire les points de vie de la cible. Genji peut aussi utiliser son deflect pour diminuer les dégâts que l’équipe subira, plus précisément, que le Winston subira, car il est un véritable aimant à balles dans cette configuration.

Quelles sont les conséquences quand le joueur qui jouait Genji décide, pour son confort personnel, de basculer sur un soldat ou un McCree, erreur typique de joueurs qui utilisent la dive sans réfléchir. Vous perdrez à la fois le burst damage, la capacité de renvoyer les tirs, et surtout, votre rapidité à atteindre la cible et lui infliger des dégâts. Votre stratégie qui repose donc sur le burst et la rapidité et qui a donc pour coût la résistance de votre équipe, se retrouve avec une composition ne permettant pas de délivrer les dégâts attendus, ni même avec la vitesse attendue et en plus, vous perdez encore plus de résistance. Bref, rien ne fonctionne, le joueur a tout détruit par ce simple geste, purement pour son confort personnel.

Vous pouvez bien sûr changer de héros, mais vous devrez alors au même moment changer de stratégie et de tactique. Or, ce n’est jamais le cas, même à un niveau très élevé, 4000 SR +, on constate énormément d’erreurs de ce genre.

J’espère que vous avez compris à travers cet exemple que malgré le fait que les switchs sont très simples à faire dans Overwatch, il ne faut jamais les faire à la légère. Et devinez quel conseil on vous donne tout le temps dans les vidéos pour devenir meilleur ? Vous l’aurez deviné, « hey si ça ne marche pas, il faut que tu changes de héros ». C’est, en effet, une bonne idée, mais dis-moi au moins comment faire pour ne pas faire n’importe quoi. Evidemment, ce genre de vidéo est copié en boucle et on retrouve donc ce très mauvais conseil partout, si bien qu’aujourd’hui, sur les forums, quand quelqu’un n’arrive pas à progresser, on lui conseille de changer de héros pour « mieux s’adapter à ses adversaires ». Félicitations, ça ne veut absolument rien dire.

Le problème ici, c’est que les joueurs ne saisissent pas bien pourquoi un héros marche plus qu’un autre. La seule façon de le savoir est justement d’avoir une stratégie en tête. Sans cet élément, tout est discutable, tout est correct et donc très concrètement, absolument rien n’est correct.

Je vais donc vous partager un concept fondamental ici qui vous permettra de garder en tête la stratégie de l’équipe : l’intention du commandant.

Qu’est-ce que l’intention du commandant ? Ce concept vient tout droit du champ de bataille. Imaginez un général préparant son plan de bataille (par soucis de simplicité), devant l’organisation gigantesque qu’il doit assurer, il se met alors à étudier tous les détails et donne à chaque unité son ordre de mission. Il se base alors sur le maximum d’informations, la configuration des lieux, l’estimation des forces ennemies, la météo qu’il fera, etc. Tout doit être parfait. Chacun sait alors ce qu’il doit faire. Vient le moment de la mission, les troupes arrivent sur place et découvrent que… pratiquement tout a changé. La météo n’est pas celle qui était annoncée, le terrain est difficile et les forces armées en présence ne sont pas toutes aux positions indiquées lors du plan. Pour mener à bien la mission, il faudrait alors que le général planifie encore tout de son côté, qu’il transmette ses nouveaux ordres à chaque unité et enfin qu’il espère que cela ne changera pas entre-temps. En clair, il n’y a aucune chance qu’une organisation de ce type fonctionne. Devant tant d’éléments incontrôlables, imprévisibles, il est tout simplement impossible de tout prévoir et il est impossible que le plan reste valide ne serait-ce qu’une demi-journée plus tard.

L’intention du commandant a été créée pour prendre en compte la réalité du terrain. La réalité… c’est que c’est le bordel. Votre adversaire ne fera jamais ce que vous voulez qu’il fasse et il serait donc stupide d’attendre cela de lui. Votre adversaire s’adaptera à votre jeu, il est donc stupide de croire qu’un plan millimétré tiendra du début à la fin. L’intention du commandant consiste alors à donner les informations utiles permettant à chaque personne de prendre des initiatives afin d’accomplir sa mission. Les informations qualifiées d’utiles dépendent fortement du travail de chaque personne, les rôles dans les jeux vidéo ne font absolument pas exception.

Prenons un support que tous les joueurs de jeux vidéo connaissent assez bien, l’environnement militaire. Je vais tenter d’illustrer les impacts de vos manques de connaissance sur la stratégie, la composition et la tactique, et je vais essayer de vous montrer à quel point si vous n’avez pas ces trois éléments, vous n’aurez absolument aucune chance de prendre de bonnes initiatives.

Imaginons que je vous mette face à cette carte, laissez-moi un peu vous la décrire de façon que vous ayez le minimum de contexte.
Si on fait l’analogie avec un jeu vidéo en équipe, le contexte est donné aux joueurs à travers la carte et le mode de jeu. Par exemple sur Overwatch, si vous jouez sur Népal – Sanctuaire, vous n’aurez pas le même contexte que sur Route 66 par exemple. Le mode de jeu est totalement différent et votre stratégie devrait l’être aussi.
Donc voyons ce que l’on peut conclure sur l’efficacité des initiatives personnels quand on ne dispose que du minimum sur le contexte. Je le répète encore une fois, ce minimum c’est celui que vous avez actuellement pendant vos entraînements.

Donc cette carte, vous êtes l’équipe Bravo. Votre commandement vous a donné votre mission : attaquez la colline entourée en bleu, la prendre et engager le combat avec la colline de l’autre côté de la route en rouge.
Vous avez bien réussi à vous infiltrer près des lignes ennemis. Vous pouvez facilement attaquer la colline bleue.
Problème, Bravo est en sous-effectif. Une partie des troupes participe à une autre opération de sauvetage. L’autre groupe aurait dû rejoindre la position de Bravo sur la carte, mais ils ont eu un accrochage avec des troupes ennemis et ils ne seront pas disponibles.
En plus, les communications sont brouillées par vos ennemis, donc aucun moyen de demander de l’aide, d’informer le commandement ou qui que ce soit.

Vous êtes Bravo, vous faites quoi ? C’est ici que vous allez devoir prendre des initiatives.

  1. Vous pouvez par exemple décider de continuer la mission, après tout, c’est ce que l’on attend de vous. Vous ne pouvez pas faire mieux que de faire le maximum pas vrai ?
  2. Vous pouvez battre en retraite. De toute façon vous n’avez pas les forces suffisantes pour attaquer la colline de l’autre côté de la route en rouge. Qu’est-ce que vous allez faire après avoir pris la colline bleue ? Cela ne servirait à rien.
  3. Autre option. Finalement, vous vous dites, l’un n’empêche pas l’autre. Je prends la colline bleue et j’adopte une position défensive. C’est la moitié de la mission, c’est mieux que rien, pas vrai ? Ça devait même être super hyper important pour qu’on me le demande, alors je vais faire du mieux que je peux. Difficile de vous en vouloir si vous faites du mieux que vous pouvez, pas vrai ?
  4. Dernière solution. Vous vous creusez un peu la tête et vous vous dites que si on vous a demandé de prendre la colline, ça doit être parce qu’il y a quelque chose d’intéressant dans la ville. Peut-être que vous devriez y jeter un œil ?

Alors quelle est la meilleure initiative selon vous ? La réponse que l’on me donne le plus souvent est « je ne sais pas ». Devinez quoi ? C’est la meilleure réponse.

Ce que je veux vous montrer dans cet exemple, c’est que si vous n’avez pas de vu d’ensemble, toutes les idées sont bonnes ou toutes les idées sont mauvaises. Cela dépend de qui prend la décision. Si c’est vous qui décidez, les idées vous sembleront bonnes. Si c’est quelqu’un d’autre, vous lui direz que son idée est nul. Mais vous lui direz après coup, après avoir lamentablement perdu évidemment.

En réalité, toutes vos idées seront nulles, je veux que ça soit clair.

Maintenant voyons la différence avec un plan où l’équipe Bravo a en tête l’intention du commandant.
Voilà par exemple un plan militaire tout droit sorti de ma tête. Je vais vous relayer le briefing du général et ça donne ça.

Je vous présente le théâtre des opérations, on est aux alentours de la ville de Dorida
Un soldat allié est retenu prisonnier dans la ville et le but est d’aller le secourir.
Pour cela, il y a une escouade qui a été créée et équipée spécialement pour cette mission, l’équipe Alpha. La stratégie c’est de frapper vite et de se barrer avec le prisonnier avant qu’il ne puisse réagir. La stratégie repose donc sur la vitesse et la précision. L’ennemi est beaucoup plus résistant, mais a moins de mobilité. Ça vous rappelle la dive ? Pure coïncidence j’imagine.

Le soucis, c’est qu’il y a des collines autour, et que ces collines, Il y a déjà des gens dessus, nos ennemis pour être plus précis.
Une base avancée de vos ennemis se trouve sur la colline en bas à gauche.
Au centre de la carte, un avant-poste a été construit et ils s’en servent pour observer ce qui arriverait par le nord-est, soit la route que va emprunter l’escouade Alpha.

Heureusement, vous avez un atout. Parce que vous avez beaucoup de mobilité, une escouade supplémentaire a réussi à s’infiltrer très près des lignes ennemis, l’équipe Bravo. L’équipe Bravo est à la fois rapide et extrêmement expérimentée. Ils sont aussi très bien équipés et n’ont pas froid aux yeux. En plus de tout ça, c’est qu’ils ont assez d’hommes pour retenir les ennemis dans leur base avancée au sud-ouest, du moins le temps nécessaire au sauvetage du prisonnier.

Le plan d’après le super général qui a tout prévu est de demander à Bravo de prendre la colline au centre pour couper la visibilité des ennemis au nord-est. L’équipe Alpha pourra alors se mettre en route et s’approcher de la zone.

Après avoir pris la colline, Bravo engagera la base avancée en restant à distance. Leur but ne sera pas vraiment de tuer les ennemis, mais plus de les empêcher d’emprunter la route qui mènerait vers la ville. Ils sont donc suffisamment éloignés de l’adversaire pour ne pas être des cibles faciles, mais aussi suffisamment proches pour empêcher les ennemis d’utiliser la route.

Enfin, quand le combat commencera, Alpha se précipitera dans la ville pour sauver le soldat.

Happy end ? Pas vraiment. En effet, rien ne se passe comme prévu. Il n’y a qu’une fraction de l’effectif de Bravo disponible pour cette mission. Bravo est suffisamment puissant pour éventuellement prendre la colline au centre, mais ils ne seront tout simplement pas assez pour empêcher les renforts adverses d’emprunter la route et de barrer la route à Alpha. De plus, les communications sont coupées. Que doit alors faire Bravo qui ne peut pas prévenir Alpha par radio que beaucoup de choses ont changé ?

Si on adopte la position d’un joueur de jeux vidéo qui souhaite changer de héros, voilà les options dont il dispose :

  1. Bravo peut aller prévenir Alpha en les rejoignant sur la route que tout est annulé ou attaquer la ville ensemble
  2. Bravo peut tout simplement battre en retraite et laissez Alpha se débrouiller.
  3. Bravo peut aller secourir le soldat tout seul.
  4. Bravo peut quand même prendre la colline au centre, c’est déjà la moitié du travail, c’est déjà bien.

Que feriez-vous si vous étiez l’équipe Bravo ?

Ici, vous avez nettement plus de données. Au lieu de savoir ce que l’on va faire tout de suite, voyons ce qu’on NE PEUT PAS faire.

Est-ce que l’on peut rejoindre Alpha sur la route et les prévenir que tout est annulé ou attaquer la ville ensemble ? Evidemment non, on sait que les ennemis observent justement dans cette direction et on se fera tuer bien avant d’atteindre la route.

Est-ce que Bravo peut battre en retraite ?

Non, absolument pas, c’est même la pire idée au monde. Si Bravo n’est pas là pour prendre la colline et retenir les forces ennemis, Alpha se fera massacrer et la mission sera le plus gros échec de votre carrière dans l’équipe Bravo.

Est-ce que Bravo peut aller secourir le soldat tout seul ?

Absolument pas, il se ferait laminer de la même façon que l’équipe Alpha si elle y allait toute seule. Il faut quelqu’un pour retenir le gros des troupes assez de temps pour extraire et sauver le prisonnier.

Est-ce que faire la moitié du travail est acceptable ?

Non, car la mission de Bravo avant tout, est d’arrêter ou de ralentir les forces ennemis qui viendront de la colline en rouge. Sans ça, la mission de sauvetage qui est l’objectif ultime, sera impossible à atteindre.

En ayant l’intention du commandant en tête, en ayant l’idée globale et le rôle de chacun dans l’exécution de la stratégie, nous venons de voir qu’aucune des 4 initiatives proposées n’est acceptable.

Nous ne savons pas ce que Bravo ferait dans une telle situation, mais essayons de trouver une tactique qui respecterait au maximum l’intention du commandant.

Voilà ce qu’est l’intention du commandant pour l’équipe Bravo.

C’est une mission de sauvetage en territoire ennemi. Une mission à grande échelle n’est donc pas envisageable, cette dernière menacerait la sécurité du prisonnier. Alpha est l’équipe qui exécutera concrètement le sauvetage. Le but de Bravo est de retenir suffisamment longtemps les forces ennemis qui viendraient en renfort dans la ville. Afin de donner un maximum de temps à Alpha, il faudra neutraliser les guetteurs avant qu’Alpha n’entre dans leur champ de vision. Enfin, quand les ennemis se rendront compte de la présence de l’équipe Alpha, il faudra retenir les renforts le plus longtemps possible. Notez que j’ai marqué qu’il fallait retenir les renforts le plus longtemps possible, pas qu’il fallait en tuer un maximum.

L’un des scénarios possibles est le suivant :

L’équipe Bravo est pour l’instant dans la forêt et est toujours en sous-effectif.

L’équipe Bravo a décidé de quand même attaquer la colline bleue, mais cela ne sera pas pour s’en emparer ou s’en servir comme position défensive. Non, l’équipe veut tout simplement donner le maximum de temps à Alpha avant d’être repéré. Comme dit dans l’intention du commandant, c’est une condition indispensable pour la réussite de l’opération.

Une fois que la zone sera neutralisée, Alpha aura le champ libre pour s’approcher. Parce qu’ils n’ont plus de communication avec Alpha, ils ne peuvent pas être sûr de leur heure d’arrivée. Mais Bravo n’a pas besoin de connaître l’heure d’arrivée exact. Ce serait nettement plus pratique, mais ce n’est pas indispensable.

C’est pour cela que Bravo doit prendre les devants et se préparer à ralentir le plus possible les renforts ennemis. L’équipe Alpha arrivera quand elle arrivera, ce n’est plus du ressort de Bravo.

Au lieu d’engager la base avancée à distance, Bravo a décidé de se tenir en embuscade près de la route principale que les renforts vont emprunter pour rejoindre la ville le plus rapidement possible. Pour minimiser les chances d’être détectées, ils se faufileront en longeant le flanc de la colline tout en restant cachée dans les arbres. Une fois arrivé à distance raisonnable de la route, ils attendront dans la forêt. Un guetteur isolé sera placé en amont afin de pouvoir voir la route et donner le signal au reste de l’équipe que des renforts sont en route. A ce moment-là, le reste de l’équipe Bravo sortira de la forêt et ils tendront l’embuscade.

Voyez comment le fait d’avoir l’intention du commandant en tête permet d’éliminer très rapidement des initiatives qui seraient totalement contre-productives et de ne garder que certaines initiatives qui respectent tous les éléments de l’intention du commandant.

Certaines des personnes que je coach m’ont rétorqué « mais si Alpha décide de laisser tomber, comment va faire Bravo ? » Parce que l’équipe Alpha a elle-aussi l’intention du commandant en tête, il n’y a aucune chance que l’équipe Alpha ne batte en retraite. En effet, sans Alpha, l’équipe Bravo restera trop longtemps sur place et ils se feront massacrer.

Ce qu’il est important de comprendre ici, c’est que TOUT LE MONDE doit avoir l’intention du commandant en tête. Trop souvent, je suis venu coacher des équipes où seulement le capitaine connaissait le plan. Il ne comprenait alors pas pourquoi ses équipiers ne faisaient jamais ce qu’il attendait d’eux. Il ne comprenait pas pourquoi les autres prenaient toujours de mauvaises initiatives. Si vous n’avez pas la vue d’ensemble, si vous n’avez pas l’intention du commandant en tête, aucune initiative ne sera bonne.

Pour reprendre la stratégie de la dive que l’on a abordée juste avant ça. Tous les membres de votre équipe doivent avoir en tête l’intention du commandant. Cette intention du commandant viendra leur donner les grandes lignes qu’ils doivent respecter s’ils veulent que la stratégie soit exécutée correctement. Les grandes lignes seront en effet différentes pour chaque rôle, ou plutôt chaque personnage. Mais il est capital d’avoir cela en tête quand ça commencera à tirer dans tous les sens. En ayant l’intention du commandant en tête, n’importe qui pourra prendre des initiatives qui ont du sens. Parmi ces initiatives, nous retrouvons le fait de changer de cible, changer de personnage, changer de route d’arrivée et bien d’autres choses.

Qu’est-ce qu’il faut retenir de tout ça. On est parti de très loin, mais je tiens à vraiment reprendre depuis le début. Car comme vous venez de le voir, avoir une vue d’ensemble apporte infiniment plus de bénéfice que d’analyser les choses une par une sans voir le lien qui les unit. De la même façon que vous ne progresserez jamais avec des vidéo du type « deviens master sans forcer grâce à cette astuce à deux balles !»

D’abord nous avons vu que les joueurs n’ont pas l’habitude de réfléchir sur la stratégie. Ils ont tellement l’habitude de jouer sur les réflexes et la mécanique, qu’ils ne parviennent pas à voir l’image d’ensemble. Toutefois, parce qu’ils suivent les chaînes de streaming ou qu’ils regardent des vidéo sur Youtube par exemple, ils savent pertinemment que l’élément le plus important dans Overwatch c’est le team play. Cela donne alors naissance à une situation paradoxale, mais qui se répète à chaque fois. Tout le monde sait que le jeu d’équipe est le plus important, mais le niveau moyen des joueurs de jeux vidéo sur le jeu d’équipe est à 0.

A travers les parties précédentes de cette vidéo, vous avez aussi appris 3 questions qu’il faut se poser impérativement afin de bien saisir les règles du jeu, sa dynamique. Ces règles vont vous permettre de trouver la meilleure façon de jouer vos personnages et elles vous permettront aussi de savoir si ce que vous faites est une bonne chose ou non. Cela sera donc infiniment plus simple pour vous de corriger vos erreurs, car vous aurez non seulement une technique pour détecter les erreurs, mais ensuite la direction vers laquelle rediriger vos efforts.

Puis, nous avons vu que les points importants pour estimer si une stratégie est bonne sont son objectif et les sous-systèmes qui la compose. Dans notre cas, la composition de l’équipe. La composition de l’équipe doit satisfaire au mieux tous les prérequis imposés par la stratégie. Puis, il faudra analyser chaque rôle, chaque personnage afin de déterminer comment ce dernier peut accomplir son rôle au mieux et avec les outils dont le personnage dispose. Pour faire cette analyse au mieux, il faudra déterminer les 4 éléments fondamentaux pour donner du sens à vos actions : la stratégie, la composition, la tactique pour ensuite finir seulement à ce moment sur le rôle des personnages.

Devant toute cette analyse que certains qualifient de rigide, quelle est la place de l’initiative ? Il se trouve que l’initiative est l’élément qui fait la différence entre les joueurs. Toute cette analyse ne doit pas vous décourager à prendre des initiatives, bien au contraire. Mais vous n’avez qu’une seule chose à respecter : que vos initiatives vous permettent de dérouler votre stratégie au mieux. Nous avons donc vu un outil indispensable pour prendre d’excellentes initiatives : l’intention du commandant. L’intention du commandant est une déclaration simplifiée et propre à chaque rôle, chaque personnage de la stratégie de l’équipe. Elle permet d’avoir tous les éléments en tête et permet aux joueurs de savoir exactement ce qui est attendu d’eux afin de délivrer leur meilleur niveau de jeu personnel mais aussi le meilleur niveau de jeu en équipe.

Si vous pensez que ça fait beaucoup, personnellement je le pense aussi, n’hésitez pas à prendre des notes.

Dans un instant, je vais vous présenter une méthode afin de définir exactement comment mettre tout ce que vous avez appris et tout ce que vous venez d’apprendre en pratique sur le terrain. En effet, pour l’instant, on est resté sur une analyse « haut niveau », comme un général qui prévoit son plan de bataille. A son échelle, le général ne voit pas les soldats un par un. Il verra des bataillons, des équipes, des escouades. En clair, il verra le champ de bataille de la même façon que vous quand vous jouez à un jeu de gestion. Maintenant, nous allons analyser ce qui se passe exactement sur le terrain. Faire une liste des armes à notre disposition et donc décider des actions à entreprendre sur le terrain pour dérouler la stratégie convenablement. Dans l’analogie militaire précédente, nous étions le général. Maintenant, nous allons adopter le point de vue du soldat sur le terrain. C’est cette analyse que vous auriez utilisée si vous faisiez partie de l’équipe Bravo. En effet, avant de tendre une embuscade, il fallait d’abord que l’équipe veille à avoir les munitions suffisantes et les outils nécessaires comme par exemple un lance-roquette. C’est ce genre de questions que l’on va se poser tout de suite. Mais juste avant, je dois vous parler d’un problème récurrent que je vois, justement à ce niveau d’analyse « bas niveau » sur le terrain et on doit s’en débarrasser le plus vite possible. Car sinon, rien de ce que vous ferez ne sera applicable.

Cette erreur c’est de dire, c’est de penser que : « c’est la faute de la composition ».

Je pense que vous avez maintenant les éléments pour savoir pourquoi une telle affirmation ne veut rien dire dans la bouche de quelqu’un qui n’a même pas entendu parler de stratégie ou qui ne sait même pas réellement ce que c’est. Mais j’ai aussi conscience que ça fait beaucoup de choses à apprendre d’un seul coup, alors laissez-moi vous guider pour cet obstacle. En effet, je ne vais pas vous envoyer dans la nature tout seul avec votre intention du commandant. L’intention du commandant ne vous sera pas d’un grand secours quand les roquettes et les balles voleront et fuseront dans toutes les directions.

Cet obstacle de dire « c’est la faute de la composition », tous les joueurs qui ont un jour fait partie d’une équipe sérieuse ont un jour entendu cette excuse à deux balles, ou ils l’ont peut-être eux-mêmes prononcée.

Comme vous avez pu le voir dans la partie précédente, pour qu’une composition soit bonne ou mauvaise, cela dépend d’abord de la stratégie que vous allez utiliser. Puis, vous devrez faire des vérifications au niveau de la tactique, est-ce que toutes les actions que vous menez sur le terrain sont conformes à la stratégie ? Et enfin, vous devrez vérifier que chacun connaissait bien son rôle. Car si vous pensez que c’était la faute de la composition, alors vous devrez changer stratégie, composition, tactique et enfin le rôle de chacun.

Or, ce n’est pas du tout le cas dans la tête de la personne qui a tendance à utiliser l’excuse de la composition. Pour lui, c’est simplement un problème de personnages. En gros, si les joueurs avaient changé de personnage, vous auriez remonté la pente comme par magie.

Cette erreur, je la constate typiquement chez les joueurs qui découvrent comment jouer une composition qu’ils ne connaissent pas. Ici, je vais prendre l’exemple de la dive, car c’est la composition la plus jouée et ironiquement celle qui est la moins bien jouée.

Ce réflexe de s’en prendre à la composition plutôt qu’à soi-même montre deux choses : 1) le manque de connaissances flagrant du joueur afin de déterminer une composition qui a du sens et de façon logique et 2) un ego surdimensionné qui traduit un excès de confiance, troisième obstacle dont j’ai parlé dans mes vidéos. Comment en êtes-vous arrivé là ? Pourquoi après toutes ces heures de jeu, n’avez-vous toujours pas ces connaissances sur des éléments du jeu que vous manipulez tous les jours ?

Ce manque de connaissances vient avant tout de votre façon de progresser lorsque vous rencontrez un obstacle dans un jeu vidéo compétitif en ligne. Votre façon de progresser consiste à copier ce que font les autres, mais pas n’importe qui, les meilleurs joueurs. De cette façon, vous allez progresser assez vite, mais vous allez aussi vous arrêtez très très vite dans la progression. En effet, en copiant, vous ne comprenez pas pourquoi ça marche et vous ne vous posez même pas la question pour être honnête. Evidemment, vous voyez que ça marche, vous voyez les résultats, mais vous ne comprendrez jamais le pourquoi.

En copiant, vous faites la pire économie qui soit, vous faites l’économie de la compréhension. Pour atteindre la maturité dans son niveau de jeu, il faut comprendre pourquoi chaque chose marche comme elle marche ou pourquoi elle est comme elle est. Ces éléments vous échapperont totalement si vous ne faites que copier. En copiant, vous ne reproduisez que la couche superficielle en surface sans comprendre ni même voir toutes les couches qu’il y a en dessous. Rien d’étonnant alors qu’une écrasante majorité de joueurs soient convaincus que les jeux vidéo ce n’est que du réflexe et de la mécanique. On ne peut pas être plus loin de la réalité.

Si vous voulez savoir si ce que vous faites n’est qu’une pâle copie, demandez-vous pourquoi vous le faites, demandez-vous pourquoi ça marche. Si vos explications sont vagues ou qu’elles ne reposent sur rien de sophistiquée, alors il yg a de grandes chances que cela ne soit que de la copie.

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Copier n’est pas mauvais en soit, c’est le fait de seulement copier qui est très mauvais, le fait de ne jamais se poser de questions. Au contraire, la copie fait partie du processus d’apprentissage dans les jeux vidéo compétitifs et dans pratiquement tous les domaines pour être honnête. Cette sorte d’imitation permet aux joueurs d’acquérir très rapidement de la technique. Et c’est là le problème, c’est que si vous ne faites que copier, tout ce que vous y gagnerez c’est seulement de la technique. C’est pour ces raisons que je vois des joueurs en ligue Maître avoir la même capacité d’analyse qu’un joueur en ligue Bronze. A part le côté mécanique et technique, rien ne les sépare. Que vous soyez en ligue Bronze ou Maître, si vous voulez vraiment faire la différence et décoller dans le classement, misez aussi sur tous les autres éléments que vous n’avez pas travaillés (et que je vous fais travailler dans cette série de vidéo. Ce n’est pas du hasard). Le constat que je fais ici est évidemment valable pour tous les jeux vidéo en ligne compétitifs. Pas seulement Overwatch, League of Legends, ou Dota.

L’excès de confiance quant à lui, vient d’abord de notre penchant naturel vers la croyance que tout ce que nous faisons est correct. Mais c’est aussi une conséquence directe de la méthode d’apprentissage basée sur la copie. En effet, les gens qui progressent dans le classement sont avant tout des copieurs. Encore une fois, il n’y a rien de mal à ça, mais prenez conscience des limites de la copie dans le processus d’apprentissage. Alors quand ils montent dans le classement en copiant, les joueurs ont la certitude d’avoir découvert le secret pour devenir un excellent joueur : il suffirait de copier et d’aligner les heures. Nous avons déjà vu cette croyance sur le fait d’aligner les heures dans l’obstacle 2 la conviction limitante.

Si vous additionnez le manque de connaissances avec l’excès de confiance, vous obtenez alors un joueur qui est convaincu que son jeu vidéo ne repose que sur de la mécanique. Il est donc naturel pour ce joueur, que si ça ne passe pas, c’est seulement dû à des éléments mécaniques, ici la composition et le talent des joueurs. C’est difficile de trouver des raisons encore plus vagues que ça. Pour être clair, c’est une conclusion totalement erronée qui se base sur une vision du jeu extrêmement superficielle.

Maintenant que nous avons vu comment vous êtes arrivé à cet état de manque de connaissances et comment votre excès de confiance vous a maintenu dans cet état, nous allons étudier justement comment acquérir en pratique cette connaissance qui vous fait défaut afin de réaliser des corrections sur le terrain de manière dynamique et cohérente.

Nous avons vu dans les parties précédentes à quel point il était important de se poser la question « pourquoi » afin de saisir le sens de ce que l’on fait, mais aussi les articulations entre la stratégie, la composition, la tactique et enfin le rôle. Nous avons vu aussi l’intention du commandant, un outil très puissant qui permet de toujours garder en tête les informations indispensables afin de prendre les bonnes initiatives. Ces éléments nous permettent alors d’avoir une vue d’ensemble sur la situation et de garder en tête les grands principes. Le problème des grands principes et de la vue globale, c’est exactement ça, des choses beaucoup trop vagues quand on est sur le terrain et que les balles fusent dans tous les sens. Ces grands principes ne vous seront d’aucun secours à ce moment et c’est justement ce que nous allons étudier tout de suite.

Avant, vous vous demandiez « pourquoi », maintenant, vous allez vous demandez « comment ». Comment mettre en application ma stratégie, comment jouer mon rôle, comment atteindre mes objectifs.

Se poser la question « comment » vous ouvrira de nombreuses portes, de nombreuses possibilités. Pour être honnête, il y aura même trop de possibilités. C’est pour cela qu’il est fondamental d’avoir votre « pourquoi » en tête grâce à l’intention du commandant. Ce dernier va venir fermer toutes les portes qui seront incohérentes avec vos grands principes et votre stratégie.

Reprenons les éléments précédents concernant la dive et le rôle de Genji :

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  1. Votre stratégie est de frapper vite en sélectionnant la cible la plus vulnérable (moins de 200 PV, le moins de mobilité possible et isolée des autres dans le meilleur des cas) et ensuite d’enchaîner le combat en 5v6. Pour que cette stratégie fonctionne, il faudra tuer très rapidement, la vitesse sera donc privilégiée par rapport à la solidité, ou la résistance aux dégâts, de l’équipe.
  2. Parce que vous avez besoin d’une mobilité très importante afin d’atteindre cette cible, vous allez prendre des héros ayant une forte mobilité et si possible de la verticalité (possibilité de sauter ou de se propulser). Parce que votre composition ne vise pas les combats longs, vous ne miserez pas spécialement sur la puissance des soins, mais vous maximiserez les dégâts infligés et la rapidité.
  3. La tactique ici est de trouver la cible optimale, c’est-à-dire la plus vulnérable à votre stratégie, avant de foncer. En effet, vous n’aurez pas le temps de réfléchir une fois que la machine sera lancée. Pour détecter au mieux cette cible, vous prendrez les hauteurs ou des personnages capables d’être en hauteur même pendant un temps limité. Une fois que la cible sera trouvée, vous partagerez sa position avec le reste de l’équipe. Votre tactique consistera alors à lancer 3 personnages sur la cible en même temps. Sans cela, vous ne respecterez pas les impératifs de rapidité et de puissance de feu que vous impose votre stratégie.
  4. Quel est le rôle de Genji dans cette composition ? Genji fait beaucoup de dégâts en rafale (burst en anglais), puis il produit un DPS constant assez faible. Son combo le plus dévastateur dans une configuration dive étant « dash + clique droit + coup de mêlée » qui peut monter jusqu’à 200 points de dégâts et plus, c’est-à-dire les points de vie de la cible. Genji peut aussi utiliser son deflect pour diminuer les dégâts que l’équipe subira, plus précisément, que le Winston subira, car il est un véritable aimant à balles dans cette façon de jouer.

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Le premier point est très abstrait, il appartient à l’analyse « haut niveau » d’un général. Au fur et à mesure que nous avançons à travers les étapes 2, 3 et enfin 4, nous nous rapprochons de plus en plus de la réalité du terrain. Mais voilà, ce n’est toujours pas suffisant pour savoir ce qu’il faut faire. Alors, nous allons continuer à descendre en nous posant la question « comment ». Nous allons faire cela pour tous les éléments qui sont restés vagues à partir de l’étape de la tactique, l’étape 3 donc. En effet, les deux premiers points sont volontairement abstraits et forment en grande partie l’intention du commandant.

Pour répondre au « comment », nous ne nous intéresserons pas seulement à Genji. En effet, quand vous vous intéresserez à ce niveau de détail, vous devrez vous occuper de toute la composition et pas seulement de vous-même. Surtout si la composition est très axée sur la coordination entre les membres. Cette partie sera assez longue et riche, alors accrochez-vous et prenez des notes.

Voici la liste des éléments importants et que vous devez donc soumettre à la question « comment » :

  1. Trouver la cible optimale, c’est-à-dire la plus vulnérable ;
  2. Foncer ;
  3. Prendre les hauteurs (pour détecter la cible) ;
  4. Partager sa position avec le reste de l’équipe ;
  5. Lancer les trois personnages sur la cible en même temps.

Si vous avez d’autres soucis avec la dive, n’hésitez surtout pas à les soumettre au même test du « comment ».

Attaquons le premier point : « trouver la cible optimale, c’est-à-dire la plus vulnérable » : Comment faire ça ? Comment toujours trouver la cible idéale ? Déjà, il faut définir clairement tous les éléments qui font qu’une cible est vulnérable : son manque de mobilité, ses points de vie, son incapacité à bouger rapidement (à l’inverse de Moïra et Mercy par exemple), son incapacité à limiter les dégâts reçus ou à devenir invulnérable, etc. Vous devrez donc choisir la cible la plus vulnérable de l’équipe. Même si cette dernière a la capacité d’être invulnérable. En effet, être invulnérable n’est pas un critère éliminatoire car cette invulnérabilité a généralement aussi un coût élevé pour le personnage : incapacité de tirer, incapacité de bouger, etc. Une fois que tous les critères sont définis, choisissez tout simplement le héros qui présente le plus de faiblesse et ne sélectionnez jamais les tanks pour des raisons évidentes.

Deuxième point, Foncer : Il ne s’agit pas ici de foncer tête baissée sur la cible, vous vous feriez couper en morceaux avant même de l’atteindre. Comme je l’ai dit, la question « comment » ouvre de nombreuses portes et beaucoup ne sont pas des options viables. Vous utiliserez alors vos grands principes que l’on retrouve dans les points 1 et 2 concernant la dive et vous répondrez alors à la question suivante : « comment foncer sur la cible en minimisant les dégâts reçus ? »

Comment suis-je arrivé à formuler cette question ? Voici l’explication.

Le premier point permet de donner les grandes lignes et le deuxième point prend en compte les caractéristiques du jeu auquel vous jouez. Dans les jeux vidéo bien équilibrés, chaque personnage a des spécificités. Une extrême mobilité sera contrebalancée par une résistance moindre par exemple. Selon le jeu auquel vous jouez, évaluez les personnages qui conviendront le mieux pour satisfaire votre stratégie dans le premier point. En choisissant ces personnages, vous connaîtrez tout de suite le prix à payer et donc les contraintes que vous devrez respecter afin d’exécuter votre stratégie au mieux.

Sur Overwatch, les personnages ayant une très bonne mobilité et qui constituent la composition dive classique sont D.Va, Winston, Genji et Tracer. Pour accentuer encore plus cette mobilité, la composition classique intègre Lucio, qui est un personnage support capable de booster la vitesse de déplacement des alliés. Le prix à payer de cette configuration est qu’aucun personnage n’est résistant sur la durée et que les soins sont très faibles. En effet, le deuxième personnage support est Zenyatta, pour sa capacité à booster les dégâts. Ces personnages bénéficient de capacités leur permettant de résister aux tirs, de les absorber ou même de les renvoyer, mais seulement pendant un délai très court. Cela veut dire qu’il faudra limiter à tout prix le temps passé à ne pas combattre avec ce genre de configuration.

Si vous mettez 10 secondes à vous décider sur qui foncer, vous avez déjà perdu parce que vous laisserez vos adversaires s’organiser et vous attendrir de loin avec leurs tirs.

Pour limiter ce temps au maximum, vous devrez vous assurer d’atteindre votre cible en un seul saut ou dash.

Winston peut parcourir la plus grande distance, il devra impérativement atterrir sur sa cible en un seul saut afin de satisfaire au mieux la stratégie.

Genji, peut grimper aux murs et se faufiler pour ensuite « dasher » sur sa cible, il devra lui aussi atteindre sa cible en un seul dash.

Tracer a 3 dashs, mais à une très courte distance et son dash est purement horizontal. Elle devra donc se placer bien avant que son équipe soit prête à partir et de façon à arriver en ligne droite sur la cible. Parce qu’elle arrivera en ligne droite, elle devra s’assurer d’arriver par-derrière ou sur les côtés, sinon ce sera la mort assurée.

D.Va, elle, ne sera pas là pour tuer la cible, mais protéger l’équipe pendant la phase d’approche. Elle dispose en effet d’une capacité permettant d’absorber les tirs adverses. Cette capacité sera utilisée pour protéger Winston pendant son saut et un peu à l’atterrissage. D.Va retournera ensuite auprès des supports afin de les protéger.

Troisième point : prendre les hauteurs (pour détecter la cible) : Comment prendre les hauteurs sans risque ? Vos adversaires ne sont pas débiles, ils ne vont pas laisser leurs équipiers les plus fragiles dans des positions trop facilement atteignables. Votre travail sera donc, dans un premier temps, de trouver cette cible. Le meilleur moyen pour y arriver est d’avoir la meilleure visibilité possible. Cette visibilité, vous l’aurez en prenant les hauteurs.

Vous apprendrez alors par cœur les différentes hauteurs atteignables afin d’avoir un visuel sur les positions adverses. Vous apprendrez à les atteindre rapidement et de manière sécurisée.

Evidemment, il ne s’agira pas non plus de prendre les hauteurs et d’y rester un quart d’heure, un simple coup d’œil pour trouver la cible et vous devrez foncer vous cacher. En effet, vos adversaires ne vont pas vous laisser prendre les hauteurs sans rien faire.

Vous pouvez même prendre des personnages qui peuvent seulement sauter en hauteur puis retomber. Cela suffira largement pour trouver la cible.

Notez juste le fait que parce que votre stratégie repose sur une composition qui n’est pas résistante, vous ne devez en aucun cas, prendre des balles inutiles. Alors prenez l’information sur la position de votre cible et cachez-vous le temps que votre saut se recharge.

Afin de minimiser le temps nécessaire pour trouver les positions des cibles prioritaires, vous vous renseignerez un maximum sur les positions possibles de ces cibles et pourquoi elles sont justement à ces positions. Car n’en doutez pas, vos meilleurs adversaires sauront réagir quand vous vous déciderez à sauter.

Quatrième point : partager sa position avec le reste de l’équipe : Comment donner une position précise à des équipiers qui n’ont pas de visuel ? Votre équipe n’a tout simplement pas la résilience nécessaire pour prendre des dégâts inutiles. Cela prendrait un temps fou à soigner, vu votre composition et il est donc hors de question que les gens jettent un œil si ce n’est pas leur travail. Commencez donc par minimiser les dégâts reçus, car si vous sortez la tête « pour voir » vous pourrez être sûr de prendre des tirs.

Vous allez devoir assigner une personne à la tâche qui consiste à repérer la cible. Cette personne doit être capable d’atteindre des hauteurs, même temporairement, pour obtenir le visuel. Afin d’éviter que les autres ne doivent aussi jeter un œil, tout le monde devra apprendre à donner des positions précises et surtout s’en souvenir dans un moment de stress. Au lieu de dire « je vois Ana, elle est sur un toit », vous direz « Ana est « top hotel » (sur le toit de l’hôtel) ». Vous ne pouvez pas vous permettre de donner des informations imprécises. Car sinon, vous en paierez tout de suite le prix : vos équipiers auront l’envie irrésistible de jeter un œil, car vos informations seront trop vagues. Apprenez à donner des positions précises, donnez des noms aux lieux où vos cibles prioritaires ont tendance à se placer. Puis, entraînez-vous ensemble.

Dernier point : lancer les trois personnages sur la cible en même temps : Comment partir, et surtout, arriver en même temps sur la cible ? Ici, il y a beaucoup de choses à prendre en compte, je vais essayer de les lister pour vous, j’essaierai aussi d’être le plus précis possible.

Tout d’abord, il vous faut un signal de départ, un décompte, n’importe quoi pour donner le signal à vos équipiers. Personnellement, j’utilise le décompte : 1, 2, 3, GO. Ce décompte, dit plus ou moins rapidement, a plusieurs bénéfices. D’abord, il permet aux équipiers de se réveiller au cas où ils n’auraient pas entendu un simple GO. Ensuite, si des personnages arrivent plus vite que d’autres, les personnages qui sont plus lents peuvent foncer sur la cible une seconde en avance par exemple. Enfin, il permet aux personnes qui ne sont pas prêtes ou qui ne peuvent plus assurer leur rôle (un adversaire leur a foncé dessus par exemple) de se manifester avant de lancer un assaut voué à l’échec. Prenez la méthode qui VOUS convient.

Ensuite, vous devez prendre en compte les besoins de chacun.

Winston par exemple, est celui qui a la meilleure mobilité. Il va à la fois loin et rapidement. Mais il y a une particularité le concernant indirectement, c’est qu’il doit être accompagné par D.Va pour limiter les dégâts qu’il va recevoir. D.Va se déplace plus lentement que Winston, alors elle devra partir légèrement avant Winston afin que ce dernier puisse bénéficier pleinement de la matrice.

Genji lui, peut faire un dash qui est beaucoup moins grand que le saut de Winston. Vous devrez alors lui laisser le temps de se placer. Ou plutôt, Genji aura la responsabilité de se placer pendant que Winston cherche une cible à abattre et relaie l’information sur la position de sa cible.

Tracer, elle, a le même problème, mais en pire. Sa responsabilité sera d’être placée avant même que le décompte ne commence. En effet, elle aura besoin de ses dashs pour arriver sur la cible et assurer sa survie.

Une fois que vous avez pris tout cela en compte, il ne vous reste qu’une chose à faire. Vous entraîner encore et encore afin que tout le monde arrive au même endroit, au même moment. Et pour cela, il n’y a pas de secret, lancez des parties personnalisées, entraînez-vous dans toutes les positions possibles et imaginables tout en arrivant au même moment. Sans cela, vous serez condamné à mourir avant même de sauter.

En faisant tout cela, vous respecterez alors vos impératifs de rapidité et de puissance de feu. Pour sans cesse améliorer l’exécution, vous veillerez à raccourcir toujours plus le temps nécessaire à faire chaque action que nous avons définies en se posant les questions « comment ».

Comme vous pouvez le voir, il est beaucoup plus complexe de jouer une composition dive qu’il n’y paraît. Quand je vois des joueurs essayer de jouer la dive pour la première fois, ou même pour la centième fois pour être honnête avec vous, ils ne font que recopier la couche de surface. En effet, aucune analyse n’est menée et vous savez maintenant pourquoi. Concrètement, ils sélectionnent les héros composant la dive et se lancent dans les parties avec pour seule directive d’arriver en même temps sur la cible. Ce n’est clairement pas suffisant.

En faisant une analyse détaillée, mais pas forcément poussée, on arrive déjà à saisir les avantages et les inconvénients de cette composition. Si vous n’avez pas cette image globale mêlée à cette image très concrète de ce qui doit se passer sur le terrain, vous n’aurez aucune chance de la jouer correctement.

On va faire un petit résumé de tout ce qu’on a vu jusqu’ici. Je sais que c’est très long, je sais que c’est dur, je sais qu’il y a votre nouvelle série que vous avez envie de voir, mais au cas où vous n’auriez toujours pas compris, si vous voulez vraiment progresser, vous ne pouvez plus vous permettre de retenir seulement la surface et de copier. Prenez un papier, prenez un crayon ou notez directement sur votre ordinateur :

Pratiquement tous les joueurs se basent uniquement sur leur réflexe et la mécanique qu’ils n’ont cessé de peaufiner. Ils ont alors une vision très superficielle de leur jeu quand ils sont en partie. En effet, quand ils ne sont pas en train de jouer, ils peuvent vous parler de stratégie, de composition, de tactique avancée, mais tout ça se volatilise à la seconde où ils appuient sur le bouton « jouer ». Heureusement, ils sont entourés de joueurs professionnels qui streament, de coachs qui partagent leurs analyses des parties, d’analystes qui partagent leurs notes. Cela leur permet au moins d’avoir une source à peu près fiable leur indiquant qu’il y a bien quelque chose qui se cache sous cette couche de mécanique. Aujourd’hui, tout le monde sait que le paramètre le plus important dans Overwatch est le jeu d’équipe. Mais paradoxalement, presque tous les joueurs ont un niveau égal à 0 concernant ce critère.

Les joueurs d’Overwatch jouent de la même façon qu’ils joueraient à un Call of Duty et c’est là le problème. Chaque jeu a sa propre dynamique, ses propres règles afin de briller. Il est donc impératif de trouver le plus rapidement possible ces règles afin de les exploiter. Pour cela, je vous ai partagé trois questions fondamentales qui vous permettront de bien cerner ces règles et la dynamique propre à votre jeu vidéo. Vous devrez avoir ces règles en tête en permanence pour jouer au mieux vos héros. Ces règles vous permettront de déterminer si une action de votre part était correcte ou non, quel que soit le résultat de votre action. En sachant ce qui ne va pas dans votre niveau de jeu, vous pourrez alors le corriger.

Puis, je vous ai donné 4 critères très importants à identifier le plus rapidement possible si vous voulez avoir une stratégie solide, exécutée par des joueurs solides. En effet, il faudra que vous puissiez déterminer très clairement votre stratégie, votre composition, votre tactique et enfin le rôle de chacun afin de jouer vos personnages au mieux. Cette analyse vous permettra de prendre des initiatives cohérentes avec votre stratégie plutôt que de seulement prendre des initiatives pour flatter votre ego ou pour le préserver. Arrêtez de changer de personnages ou de stratégie sous prétexte que « ça ne passe pas » et trouvez plutôt pourquoi ça ne passe pas.

Je vous ai ensuite partagé un outil très puissant, l’intention du commandant, qui vous permettra de prendre des initiatives cohérentes pour vous, mais aussi par rapport à vos équipiers. En ayant ce concept en tête, vous saurez comment adapter votre jeu afin de dérouler votre stratégie au mieux.

Nous avons ensuite parlé d’une erreur récurrente chez les joueurs qui n’ont pas développé leur esprit d’analyse et qui se reposent uniquement sur leur mécanique, leurs réflexes : l’erreur de dire à chaque fois que si quelque chose va mal : « c’est la faute de la composition ».

Cette erreur a deux sources : le manque flagrant de connaissance chez le joueur, peu importe sa ligue, et un ego surdimensionné qui lui fait croire à chaque fois que tout ce qu’il fait est correct. Ces deux sources ont été créées par une méthode d’apprentissage que tous les joueurs utilisent de manière déraisonnable : la copie. Les joueurs copient tous les gestes, ils ne savent pas pourquoi ça marche, mais ça marche alors on prend. Mais les joueurs ne copient pas que les gestes, ils copient aussi les idées. Qu’est-ce qui est le plus important dans Overwatch ? Le jeu d’équipe, okay, tu peux me montrer ce que c’est ? « Ah ben non, moi on m’a juste dit que c’était le plus important donc je le répète. » En copiant, vous faites l’économie de la compréhension, au point où les joueurs de jeux vidéo ne se demandent même plus pourquoi ce qu’ils font est correct ou non.

Afin d’acquérir cette connaissance, nous nous sommes posé la question « pourquoi ». Cette question nous permet de prendre de la hauteur, du recul par rapport aux actions sur le terrain et d’avoir une vue d’ensemble. Cela nous permet alors de saisir pleinement les actions des meilleurs joueurs, et de voir le fil rouge qui guide chacune de leurs actions.

Mais il y a une faiblesse à cette approche, c’est qu’elle n’est d’aucun secours une fois sur le terrain et que les balles fusent dans tous les sens. Nous nous sommes alors posé la question « comment », afin de mettre en application ce que nous savons. La question, permet au contraire de redescendre sur le terrain, de s’intéresser à quoi faire, où, quand et comment. C’est ce genre de questions qui viendront dicter la tactique, mais aussi les points cruciaux à respecter lors de l’exécution afin de ne pas échouer avant même de s’être lancé dans la bataille.

Enfin, un exemple de la méthode « comment » vous a été présenté à travers une composition très difficile à jouer, mais c’est aussi paradoxalement la composition la plus jouée, la dive.

Passons tout de suite à la méthode qui vous permettra d’analyser efficacement votre jeu en adoptant un point de vue « haut niveau » pour une analyse stratégique. Cette dernière vous permettra de définir clairement l’intention du commandant pour votre rôle et celui de vos équipiers si vous êtes en équipe. Puis, nous redescendrons au fur et à mesure jusqu’à être au niveau le plus bas, le niveau du terrain. Ici, vous définirez très simplement et de manière exhaustive votre rôle et les points forts de vos personnages. La tactique sera donc mise à l’honneur.

Je sais que cette vidéo a été longue, mais j’espère que vous avez compris que je ne pouvais tout simplement pas vous donner la solution tout de suite sans vous expliquer d’où cet obstacle vient.

J’espère vous avoir apporté toutes les informations nécessaires afin que vous ayez une bonne vue sur ce que vous devez faire si vous voulez progresser. Vous l’avez compris, vous ne pouvez plus vous contenter de copier les autres sans réfléchir. Vous ne pouvez même plus vous contenter de faire ce que vous faites déjà sans réfléchir. En effet, si vous n’avez pas le sens de ce que vous faites, il vous sera impossible de vous améliorer. Sans plus attendre la méthode.

C’est en fait une méthode 3 en 1, que je vous propose ici. En effet, la tactique ne sert à rien sans la stratégie et une stratégie sans tactique ne sera jamais mise en place. L’entre deux sera bien sûr, l’intention du commandant. Pour vous rappeler rapidement la différence, la stratégie, c’est le point de vue du général. Ici, rien ne sera précis. Le général manipule des bataillons, des escouades, mais jamais des actions individuels. La tactique, c’est le contraire, vous êtes sur le terrain, vous comptez vos balles et les outils à votre disposition. La tactique déterminera votre façon de dérouler votre stratégie. La tactique est très proche du terrain. Enfin, la dernière méthode visera à vous permettre de répondre à la question « comment utiliser mes outils, mes personnages, dans les meilleures conditions ».

Nous allons utiliser ces méthodes pour comprendre les compositions que vous allez utiliser ou que vous utilisez déjà. En effet, l’une des étapes indispensables est de pouvoir mettre en pratique tout de suite ce que vous venez d’apprendre.

Première méthode pour définir clairement la stratégie : Les 5 « pourquoi »

Sélectionnez une composition de votre choix sur une carte de votre choix. Pour plus de facilité, sélectionnez une composition que vous utilisez fréquemment. Cela vous permettra de déterminer tout de suite ce que vous devrez corriger et surtout dans quelle direction aller.

Acceptez le fait que vous ne savez pas jouer votre composition favorite de manière optimale. Plus vite vous l’accepterez, plus vite vous adopterez cette posture, et plus vite vous pourrez voir vos fautes et les corriger pour progresser.

Vous allez maintenant utiliser la méthode des 5 « pourquoi » afin de déterminer une stratégie viable avec la composition que vous avez sélectionnée.

  1. Pourquoi ces personnages sont puissants ? Parlez ici des points forts de chacun des personnages. Précisez aussi dans quelles conditions ces personnages révèlent tout leur potentiel. Il est très important ici d’adopter un point de vue individuel uniquement, ne parlez pas de stratégie, ne parlez pas d’interaction entre les personnages.
  2. Pourquoi ces personnages vont bien ensemble ? Ici, vous mettrez en valeur les points communs entre les personnages, mais aussi leur complémentarité. Vous mettrez en avant les interactions possibles entre les personnages pour maximiser leurs points forts ou au contraire palier des points faibles. Soyez concret ici, par exemple : D.Va doit « matrice » Winston pendant son saut pour limiter les dégâts.
  3. Sur la base de ces points forts et de ces points faibles, vous allez déterminer la stratégie la plus optimale possible. Pourquoi est-ce que ces points forts peuvent former une stratégie viable ? Par exemple, si vous détectez que l’un des points forts de votre composition est que les capacités ultimes se combinent très bien, votre stratégie pourrait être « on ne va prendre que des personnages qui ont des bons combos d’ulti et des utlis qui se chargent vite ».

Comme vous pouvez le voir ici, même si la méthode s’appelle les 5 « pourquoi », vous pouvez arriver à une stratégie en seulement 3 « pourquoi », mais cela peut être en 6, 7, et bien plus. La question « pourquoi » n’a qu’un seul but, s’éloigner du terrain, afin de petit à petit pouvoir adopter une analyse à grande échelle. C’est donc la première étape de la méthode que nous venons de voir ici.

La deuxième étape est de rédiger l’intention du commandant.

C’est la responsabilité de tous les équipiers de le faire.  Si vous jouez en équipe, vous devez tous faire l’effort de rédiger l’intention du commandant pour chacun des personnages que vous jouez. Si vous êtes seul, rédigez l’intention du commandant en vous demandant « comment servir au mieux mes équipiers ? Même si ce sont de parfaits inconnus. »

Pour vous aider à rédiger l’intention du commandant, cette dernière doit être suffisamment claire pour que vous ayez toujours en tête votre rôle dans l’équipe et que vous saisissiez immédiatement à quel point votre rôle est crucial dans l’exécution de la stratégie. Pour cela, posez-vous les questions suivantes :

  1. Pourquoi le personnage que je joue est-il indispensable dans l’exécution de la stratégie ?
  2. Pourquoi mes équipiers comptent sur moi ? Quels éléments concrets font que si je n’étais pas là, il se passerait un drame ? Dans une composition dive, si Winston est remplacé par Reinhardt (je l’ai déjà vu, malheureusement pour mes yeux), c’est Genji et Tracer qui vont prendre les tirs, soit des personnages très fragiles. La « dive » avec Reinhardt tombe à l’eau.
  3. Qu’est-ce qui fait que le personnage que j’ai choisi pour ce rôle est bien plus intéressant qu’un autre personnage similaire ou de la même catégorie ?

Une fois que vous avez répondu à ces trois questions, rédigez une intention du commandant digne de ce nom. Vous devez avoir la stratégie en tête, la tactique en tête, le rôle de chacun, les points forts, les points faibles. Tous ces éléments doivent être présents plus ou moins explicitement dans votre intention du commandant. Si vous avez besoin d’écrire 15 lignes, écrivez 15 lignes. Une fois que cela sera bien clair, essayez d’être plus général pour que votre intention du commandant tienne sur 3 lignes. Vous serez moins précis bien sûr, mais dans votre tête, tout sera bien là. Ne passez évidemment pas de 15 lignes à 3 lignes d’un seul coup, faites plusieurs itérations. Au début, cela sera assez mécanique, mais au fur et à mesure, vous allez développer votre expertise sur votre jeu et un seul mot, un seul concept, regroupera énormément d’idées.

Une fois que l’intention du commandant a été rédigée et apprise, passons à la dernière étape de cette méthode.

Cette dernière étape n’a qu’un seul objectif : vous donnez tous les moyens d’appliquer ce que vous venez d’apprendre, ce que vous venez de comprendre. Cette étape viendra transformer vos idées en actions. Pour cela évidemment, vous allez suivre une méthode qui a fait ses preuves, la méthode des 5 « comment ».

Vous allez donc prendre tous les éléments liés à la tactique et vous posez sans cesse la question « comment ». Encore une fois, il peut y en avoir 3, 5, 12, le plus important est de continuer jusqu’à être en train de décrire ce qui se passe très concrètement pendant la partie. Parce que vous allez rentrer ici dans un niveau de détail très poussé, vous commencerez par vous analysez de manière individuel. Mais il faudra aussi faire une analyse commune afin d’établir exactement comment vous allez interagir entre vous. Evidemment, si vous jouez uniquement en SoloQ, seule l’analyse individuelle sera très poussée. Mais faites quand même une analyse en prenant en compte les autres. Cela vous permettra de savoir ce que vos équipiers attendent de vous une fois sur le terrain.

A chaque fois que vous vous poserez la question « comment » vous ne devez pas devenir plus abstrait, plus vague. C’est le contraire que vous voulez accomplir. Car vous voulez savoir quoi faire exactement une fois sur le terrain. Il faudra être extrêmement précis, concret, ne pas laisser place à l’ambiguïté ici.

Par exemple, si vous jouez D.Va, dans une composition dive, le premier élément à concrétiser (Protéger ses équipiers) commencera de cette façon :

  1. Je dois protéger mes équipiers. Comment ?
  2. En protégeant Winston qui va sauter et en revenant avec les supports pour les protéger. Comment ?
  3. Pour Winston, je garderai ma matrice pour lui et je l’utiliserai jusqu’à son atterrissage. Je dois ensuite pouvoir retourner vers mes supports et les protéger d’éventuels flankers. Comment ?
  4. Il faudra agir très vite, car mes propulseurs ont une durée très courte. En une utilisation de propulseur, je dois pouvoir accompagner Winston afin qu’il bénéficie de ma matrice jusqu’à l’atterrissage, puis retourner sur mes supports et pas 5 m devant eux. En effet, je vais devoir servir de bouclier humain si je dois protéger mes supports face à un flanker qui arrivera soit sur les côtés, soit à l’arrière. Comment les protéger ?
  5. Pour protéger mes supports, je dois garder mes missiles. En effet, les flankers n’ont pas beaucoup de points de vie et quelques touches avec mes missiles les forceront à battre en retraite s’ils ne veulent pas mourir. Comment les toucher avec les missiles ?
  6. Il faut que je sois presque collé à eux. Comment ?
  7. Parce que leur cible est notre support, je m’interposerai entre eux et mon support qui est ciblé. Il devra alors se rapprocher ou me contourner, voire me passer à travers, mais il sera largement assez proche pour prendre des missiles.

Si après 6 « comment », vous sentez que vous avez assez d’éléments pour remplir votre rôle de protection, vous pouvez vous arrêtez. Si vous voulez aller plus loin, n’hésitez surtout pas. Cette méthode des 5 « comment », vous l’appliquerez pour chaque élément à concrétiser. Dans cet exemple, nous n’avons vu qu’un seul élément. A vous d’appliquer la méthode pour le reste. Puis, de le faire aussi avec vos équipiers afin que chacun puisse faciliter le travail des autres. Par exemple, nous aurions pu continuer avec un « comment » supplémentaire et dire : Les supports avanceront lorsque Winston et les autres sauteront, cela me permettra d’accompagner Winston encore plus loin et de faire moins de distance pour protéger mes supports lors du retour.

Avec ces trois éléments, vous pourrez commencer à construire votre esprit d’analyse de manière pertinente. En effet, vous aurez d’abord la vue d’ensemble, chose qui vous manque cruellement afin de trouver les erreurs dans votre jeu. Puis, vous aurez un point de vue très proche du terrain. Bien sûr, pour faire le lien entre ces deux mondes, vous utiliserez l’intention du commandant pour vous guider.

Pour finir, sachez que ces analyses seront à faire au fur et à mesure de votre progression, mais aussi de votre expérience. En effet, vous remarquerez que vos adversaires s’adapteront, alors vous devrez vous-aussi adapter votre stratégie et votre tactique au mieux. Mais en ayant déjà appliqué cette méthode au moins une fois, vous aurez des bases solides sur lesquelles vous reposer.

La première différence concrète que vous allez tout de suite constater est que vos initiatives auront bien plus de sens et bien plus d’impacts sur la partie. Ensuite, vous verrez que votre capacité à trouver des erreurs dans votre jeu sera décuplée. Parce que vous saurez exactement ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas, il sera infiniment simple de corriger vos erreurs.

Mais je préfère vous prévenir tout de suite. Parce que vous n’avez pas, ou seulement très peu travaillé cette facette du jeu, l’application de la méthode vous paraîtra très mécanique au départ. Ne vous inquiétez pas, cela fait le même effet à tous les joueurs que je coach. Ne vous découragez pas, utilisez encore et encore la méthode et cela viendra beaucoup plus rapidement et plus naturellement. Suivez scrupuleusement la méthode et tout devrait bien se passer.

Autre avertissement, cela sera très difficile à utiliser au départ. Cela pour une raison très simple, les seules réponses qui vous viendront au début seront « je ne sais pas » et « je ne suis pas sûr ». Sachez que ce sont les meilleures réponses que vous puissiez donner au début. Cela veut dire que vous avez pris concrètement conscience qu’il y a une faiblesse dans votre niveau de jeu, dans votre façon de jouer, dans votre façon de penser. Ca tombe bien, c’est exactement ça qu’on essaye de construire, renforcer, à travers cette méthode.

Si vraiment ça vous bloque, je vous conseille même de passer à l’obstacle suivant et de revenir sur celui-ci de temps en temps. Cette analyse « haut niveau » et « bas niveau », vous allez en faire tout au long de votre carrière. Alors, ne soyez pas impatient, posez-vous seulement les bonnes questions. N’hésitez pas à demander des conseils à moi ou à d’autres personnes plus expérimentées que vous, voire même à chercher tout simplement sur Internet, ou Youtube. Si vous trouvez quelque chose, ne sautez pas l’étape d’explication pour aller directement à la mécanique, faites attention à ce que dit l’auteur de la vidéo.

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